Que vaut un diplôme du baccalauréat aujourd'hui ? Le moment est peut-être venu pour repenser le système des examens tant décrié par les parents d'élèves et les professeurs. Mohamed Aknouch, président de la fédération nationale des associations des parents d'élèves, dresse un tableau qui choque en ce qui concerne la réalité de notre système d'enseignement. « Certes, les mesures prises, cette année, par le ministre de l'éducation nationale visant à lutter contre les pratiques frauduleuses sont positives. Mais, elles demeurent, plus ou mois, partielles et n'atteignent nullement l'objectif escompté », déclare-t-il. Crédibiliser le bac requiert l'abrogation du système actuel avec ses trois composantes : contrôle continue, examens régional et national. Mohamed Aknouch, estime que par une telle configuration, l'Etat a inscrit son action dans une approche comptable, dont le souci ultime était juste d'augmenter le taux de la réussite. Et les effets pervers d'un tel choix ne sont plus à démontrer. En fait, le système régissant les examens du baccalauréat ne favorise guère l'égalité des chances entre les candidats. Ainsi, « on a assisté à une inflation des moyens surtout dans les écoles privées, avec des 17 et 18 en moyenne générale, ce qui réduit les chances des lauréats du public pour accéder à des écoles supérieures de renommée », juge-t-il. De telles mesures ont également favorisé « l'immigration » des centaines d'élèves du public vers le privé, sachant bien qu'une fois inscrits, ils auront des notes gonflées sur les bulletins scolaires, ce qui renforcent plus leurs chances lors de l'étape de pré-sélection des dossiers pour les concours. Autre point souligné par notre interlocuteur, concernent la répartition et modalités des examens. A titre d'exemple, les élèves de la deuxième année du baccalauréat scientifique qui sont tenus de passer leurs examens dans les matières littéraires en première année. Ce qui les oblige à se désintéresser catégoriquement des matières principales. Quant au tronc commun, la plupart des professeurs ont confirmé qu'il est devenu juste une année de passage, où les examens n'ont aucune valeur et les élèves ne sont pas du tout motivés. « Cela est devenu presque une année ballade », ironise un professeur de lycée requérant l'anonymat. Autrement dit, l'heure est venue pour que l'Etat se penche sérieusement sur la réforme du système d'examens du baccalauréat. Le retour à l'ancien modèle serait une chose préférable. Au moins, il mettra un terme aux pratiques frauduleuses dans nos établissements scolaires et plus particulièrement dans certains lycées privés. Khalid Darfaf Evitez la tricherie, le risque est grand Ils sont 451.953 à passer les examens du baccalauréat cette année dans les lycées du royaume. Dans ces lycées, les préparatifs s'accélèrent pour accueillir les élèves Au lycée Malik à Belvedere à Casablanca, les préparatifs sont en cours. Mohammed Zougar, professeur d'espagnole nous a confié que cette année la surveillance sera encore plus serrée qu'avant. « Pendant une réunion en début de semaine, monsieur le directeur de l'école a insisté sur le fait qu'il faut faire preuve davantage de rigueur pour empêcher toute fraude. » raconte-t-il. Cependant, sur la question de savoir si les élèves sont prêts à passer l'examen, Zougar nous répond : « On a réussi, non sans difficulté, à finir le programme. Cette année, comme ses précédentes d'ailleurs, était un peu surchargée en grèves, de jours fériés, et de vacances, ce qui rend la tâche de finir le programme à temps et commencer les révisions et les préparation difficile. Mais malgré cela, la plupart des enseignants ont réussi à finir les cours. C'est déjà pas mal si vous voulez mon avis. » Un peu plus loin mais toujours à Casablanca, le lycée Ibn Al Aouam à Ain Sbaâ se prépare aussi aux examens. « On est toujours en train de préparer les feuilles d'examen et de brouillons. On a fini de nettoyer les salles et de les numéroter. » Nous confie Bodac Mohammed, surveillant général au lycée. Ce dernier a la particularité de recevoir un grand nombre de candidats au Bac libre. C'est-à-dire des élèves qui ne vont pas à l'école publique, ou qui ne vont pas à l'école tout court et se préparent à l'examen chez eux. « Ils sont à peu prés 510 candidats cette année. Une grande partie d'entre eux sont scolarisés », c'est-à-dire ont le droit de suivre les cours dans des lycées, mais sans y être obligés, et sans passer des contrôles continus, nous a-t-il expliqué. « Gérer ce genre de candidats est une tâche pénible. Généralement, ils ne sont pas assidus. Un candidat de bac libre peut passer un examen et s'arrêter au deuxième jour. Ce qui nous donne souvent en deuxième journée de l'examen, des salles avec 3, 4 élèves accompagnés de 3 surveillants. ». Au sujet de surveillance, Bodac nous confie que cette année, il a du faire appel à d'autres surveillants généraux d'autres collèges voisins pour avoir un nombre suffisant. « Il vaut mieux en avoir en plus que de tomber dans des situations de manque. Cette année aussi, comme il est de coutume depuis 2 ans, on mettra 3 surveillants par salle. Cela pour deux objectifs, en cas d'absence d'un enseignant, la salle sera suffisamment gardée par les deux autres. La deuxième, c'est permettre un certain équilibre dans le choix des professeurs, on met un professeur beaucoup plus strict avec un qui pourrait l'être moins.». Et cela semble marcher, juge ce surveillant général. L'année dernière, 3 cas de fraudes ont été détectés et rapportés à l'académie qui a privé les tricheurs de l'examen pour 2 et 3 ans. En fait, que court un élève qui a été surpris en train de tricher ? « Cela dépend des moyens qu'il utilise, répond Bodac, un téléphone portable, ou un antisèche caché de façon « créative », il court de 1 à 5 ans. S'il s'agit une antisèche « normale » échangé entre un élève et un autre, les deux risquent 1 à 2 ans de privation de passer l'examen de baccalauréat. ». « Cette année la surveillance sera encore plus serrée que les années précédentes, on ne pourra plus tolérer aucun comportement douteux de la part des élèves. Il vaut mieux éviter la triche et être très prudent. », A insisté le surveillant général. Bon courage. Mehdi Lahdidi Avoir le bac et après... Légitime et lancinante cette question: que faire après le bac ? A trois jours des examens, les 451.953 candidats, sous le stress, paniquent, frissonnent à l'idée de se mesurer à l'obstacle. D'abord réussir cet examen et disposer de ce sésame, ce visa qui ouvre la porte à l'enseignement supérieur et aux grandes écoles. Après, on verra... En fait, ce n'est qu'après avoir obtenu le bac que la question se corse, les difficultés s'enchaînent et le parcours incertain. La moitié des chanceux, ceux qui ont décroché le sésame, auront un choix limité : le raccourci de la fac, option de facilité en raison de la gratuité du système mais peu rassurant sur l'insertion dans la vie active ; ou le parcours du combattant, celui des grandes écoles publiques ou privées, mais qui reste fortement sélectif, en raison du prix fort à payer -en pièces sonnantes et trébuchantes- et en termes de compétences réelles -scientifique et technique- du candidat. De fait, les choix sont limités et l'enseignement supérieur au Maroc demeure encore problématique, de par son organisation, ses structures et sa finalité. L'arrivée de la LMD, il y a six ou sept ans, et l'inflation des filières de formation dans le public comme dans le privé, n'ont pu venir à bout des contreperformances de notre système d'enseignement supérieur. D'une année à l'autre, on assiste à une expansion dynamique des cohortes qui se présentent aux portes, sans que l'Université marocaine ne parvienne à s'adapter en termes d'accueil (infrastructures et encadrement) et en termes de qualité des formations (certification des contenus et reprofilage des filières en adéquation avec les besoins du marché du travail). De même, la recherche scientifique, cette voie longue et incertaine, reste le parent pauvre du système universitaire marocain. Du côté des grandes écoles publiques, la sélection est la règle et le « happy few » qui y accède (ingénierie, médecine...) a de fortes chances de prendre l'ascenseur social. En face, dans l'enseignement supérieur privé, où l'offre se fait pléthorique, avec des formations variées et diversifiées (management, gestion et finances, ingénierie et informatique...) l'accès est aussi très limité. Seuls les « mieux lotis », les gens à fort pouvoir d'achat y ont droit. Les formations, qui durent trois à cinq ans, coûtent en moyenne 40 à 50.000 DH par année de scolarité. Sans que cela rassure sur les perspectives et encore moins sur la qualité -très relative d'ailleurs- des formations. Avant le « Plan d'urgence », concocté dans la précipitation, l'ancien gouvernement Jettou voulait corriger les imperfections du système : ce mammouth qui bouffe la grosse part du budget de l'Etat sans que le pays en tirer profit. Depuis l'indépendance, les réformes du système se sont succédées et aucune n'a réussi la grande chambardée. A valeur d'aujourd'hui, le système reste fortement déficitaire, si l'on raisonne en termes des sacrifices budgétaires et des résultats obtenus. Le Maroc compte toujours très peu d'ingénieurs, très peu de médecins...La grande majorité des jeunes évincés du système viennent renforcer les rangs des galériens, forcés à souquer les rangs des chômeurs ou celui des adultes vivants chez leurs parents. Ceux qui ont rejoint la formation professionnelle, -et ce n'est pas la moitié des flux annuels qui passent leurs examens du bac- pour intérêt ou par vocation, font du struggle pour s'insérer dans la vie active. Alors que faire après le bac ? Tout dépend de ce qu'on est et d'où l'on vient. Le système se limite encore à reproduire les mêmes rapports de production. A.Kidiss Examen du baccalauréat Haro sur les tricheurs Quelque 451.953 lycéens marocains dont 47 pour cent de sexe féminin vont affronter les épreuves de la première session du baccalauréat, prévue les 12, 13 et 14 juin. Selon le ministère, toutes les mesures ont été prises en vue de garantir le bon déroulement de l'examen. Parmi les mesures pour lutter contre la fraude, il y a l'interdiction d'introduire les téléphones cellulaires dans les salles d'examen sous peine d'exclusion. Les 451.953 candidats du Bac qui plancheront Mardi 12 Juin sur les premières épreuves sont prévenus, le ministère de l'éducation nationale ne badine pas, les tricheurs seront sévèrement sanctionnés. Les examinateurs seront particulièrement vigilants concernant la fraude. Car l'heure est grave. Avec la massification des smartphones et des baladeurs MP3, les candidats fraudeurs disposent de moyens très sophistiqués pour déjouer la surveillance et qui ont souvent permis aux tricheurs de passer entre les mailles du filet, les examinateurs n'y voient que du feu Le phénomène de la triche lors des examens du Bac est commun à tous les pays avec bien entendu des spécificités concernant l'accès à la haute technologie. Les étudiants reconnaissent que celles et ceux qui s'adonnent à la triche, utilisent souvent leur portable pour retrouver des formules, des corrections d'annales ou récupérer des fiches récapitulatives. Avec les téléphones tactiles, les recherches sont tellement rapides. Plus futées, certaines jeunes filles qui portent habituellement des Jean's, viennent le jour des épreuves avec des jupes fondues, ces demoiselles écrivent des antisèches sur leurs jambes pour les consulter, sachant qu'il ne viendrait pas à l'esprit d'un surveillant d'aller voir dans ces parties intimes de ces jeunes filles Cette année les choses croit-on savoir, vont totalement changer, tant mieux Bien décidé à ne pas laisser prospérer le phénomène de la triche, le ministère de l'Education nationale a été catégorique, il a donné ses instructions à toutes les académies, les délégations de ce département où il est bien spécifié que les téléphones portables et appareils permettant l'écoute de fichiers audio , les tablettes et autres gadgets ne soient pas admis dans l'enceinte des lycées même au niveau des cours de récréation. La question qui reste posée, c'est que fera-t-on aux tricheurs pris en flagrant délit ? Souvent les surveillants ferment les yeux par peur des représailles. Les candidats qui font amende honorable, s'excusent et invoquent la panique du dernier moment ont en effet plus de chances d'être entendus par la commission disciplinaire. En outre, toutes les fraudes repérées ne sont pas notifiées, certains examinateurs font preuve de laxisme. La plupart du temps, on ne fait pas de rapport. On règle ça en interne, en demandant à l'élève de remettre son portable est l'incident est clos. Est – ce insuffisant ? là est la question car s'il fallait exclure toutes celles et ceux qui trichent, il ne restera que très peu de candidats dans les classes. Ouardirhi Abdelaziz