Le bilan 2011 de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites -CIMR- offre, en surface, tous les ingrédients qui rassurent sur la pérennité du régime et l'avenir des retraités. Les produits techniques enregistrent une amélioration de 11% à 5.452 millions DH, alors que les charges techniques ont connu une progression limitée de 5,2% à 3.764 millions DH. Au final, la Caisse dégage un excédent de l'ordre de 1.688 millions DH; un résultat en expansion de 27%, en comparaison avec l'exercice précédent. Pourtant, 2010 fut une année exceptionnelle, marquée particulièrement par l'encaissement des plus-values tirées de la cession des titres de participation dans le capital d'ONA-SNI, suite à l'opération historique de fusion du premier conglomérat du pays, et la sortie de ses deux holdings de la cote de la Bourse de Casablanca. C'est ainsi que les produits de patrimoine nets s'affichent en baisse de 46,7% à 1.508 millions DH versus 2.827 millions DH en 2010. De même, l'excédent d'exploitation a connu un repli de 22,6% à 3.142 millions DH, contre 4.061 millions DH en 2010. Mis à part le caractère exceptionnel de l'année 2010, la CIMR continue à enregistrer des indicateurs d'activité de bonne facture à même d'assurer l'équilibre économique et financier de son régime. Sa réserve de prévoyance, une des plus solides du secteur, titille le seuil des 25 milliards, s'établissant plus exactement à 24.849 millions DH contre 21,7 milliards DH un an auparavant. Cette expansion de 14,5% du fonds de prévoyance résulte de l'affectation de la totalité de l'excédent d'exploitation réalisé cette année. Rapportée au montant des charges d'allocations supportées par la CIMR au cours de l'exercice 2011, la réserve totale représente 7,5 années de prestations servies (hors allocations retraites part capitalisation), niveau supérieur à celui de l'année précédente qui était de 6,7 années. Autre point fort de la CIMR, ces placements en bourse ont rapporté quelque 1.559 millions DH, en dépit de la morosité du marché boursier. Il faut rappeler que la CIMR dispose d'un portefeuille d'une valeur estimée (actions, obligations, OPCVMs, valeurs non cotées, placements immobiliers, devises et or) à 31 milliards DH en valeur marché, contre 24,1 milliards, soit une plus-value latente de 6,7 milliards DH, en dehors des placements immobiliers et des titres non cotés. Les placements de la CIMR vont essentiellement vers les actions cotées (55%), suivies des obligations (20%) et l'immobilier (15%). Le rendement des capitaux investis s'est inscrit à 6,7% contre 14,9% en 2010. Au volet des cotisations, la situation de la CIMR s'inscrit en nette amélioration. Les chiffres présentés par Khalid Cheddadi, DG de la Caisse, lors du point de presse mercredi soir à Casablanca, font état d'une hausse significative des sociétés adhérentes et des effectifs des salariés cotisants. Malgré la radiation de 260 sociétés (pour raisons de fusion ou de liquidation), la Caisse enregistre, pour la première de son histoire, une progression de 10% des sociétés nouvellement recrutées. Ainsi, la CIMR affiche un total de 5.120 sociétés adhérentes contre 4 .666 l'année d'avant. En 2007, ce chiffre n'atteignait pas les 4.000 sociétés. Du côté des actifs cotisants, 2011 a enregistré 43.314 nouvelles affiliations. Compte tenu des sorties en ayant droit (-22.198) et des dossiers liquidés (-7.535), la CIMR a connu 13.581 affiliations supplémentaires, portant ainsi le nombre total des actifs cotisants à 283.567. Pérennité du régime confirmée Sur le bilan actuariel 2011, M. Cheddadi reste serein : Même si le ratio Actifs/Retraités est fort limité à 2,45, le DG de la Caisse explique la solidité du régime par sa réserve de prévoyance. Le nombre d'actifs cotisants a quant à lui progressé de 5% par rapport à 2010, dépassant largement l'hypothèse retenue pour l'élaboration du bilan actuariel annuel, qui fixe l'évolution minimale annuelle du nombre d'actifs à 0,5% pour assurer le maintien de l'équilibre du régime. Les tests réalisés sur le bilan actuariel 2011 conduisent à confirmer la grande sensibilité du régime à certaines hypothèses, du fait notamment de la faible couverture des engagements par des actifs représentatifs. Les auteurs du rapport financier de la CIMR notent que « les projections à l'an 2066 montrent que «le régime reste pérenne, mais cette pérennité ne s'affirmera dans le temps qu'au prix d'une augmentation régulière du nombre des actifs cotisants et d'un rendement adéquat du portefeuille financier. De même, l'évolution constatée dans l'espérance de vie incite à une grande vigilance dans le suivi du régime et au renforcement de ses réserves ». Il faut dire que les diverses variantes, qui ont servi de base aux projections, du point de vue démographique et économique, sont généralement optimistes. Reste à savoir si cette « bonne fortune » va profiter aux retraités. Ces derniers qui bne sont pas représentés au Conseil d'administration restent, bien entendu, éloignés de toute décision concernant la réforme annoncée pour la CIMR. Il faut noter que la CIMR, verra son statut –d'association- changer pour bénéficier d'un nouveau statut de « Mutuelle des retraites ». Selon M. Cheddadi, un projet de loi, déjà mis dans le circuit, prévoit la création d'un Autorité de régulation des Assurances et des Caisses de retraites au Maroc. Quant à l'avenir des Retraites au Maroc, la Réforme, qui a fait couler beaucoup d'encre, fait encore l'objet de négociations avec les centrales syndicales. Ira-t-on vers une solution de consensus ou en restera-t-on à une stratégie imposée? Sur le fond, la question reste posée : comment améliorer le niveau des retraites futures? Comment assurer le financement du système?