Forte de la bonne tenue de son bilan, la CIMR (Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites) confirme la pérennité de son régime sur un horizon de 60 ans. Khalid Cheddadi, son P-DG, affiche un air serein quant à l'évolution de l'activité de la Caisse et l'avenir de son régime de retraites. Lors d'un point de presse, lundi après midi à Casablanca, M. Cheddadi a livré quelques repères chiffrés qui confirment la pérennité du régime: un excédent d'exploitation affecté à la réserve de prévoyance de l'ordre de 4.061 millions DH; des produits nets du patrimoine d'un montant de 2.827 millions DH et, au final, une réserve de prévoyance qui se monte à plus 21 milliards DH, à fin 2010. Autant pour son bilan actuariel que pour l'évolution de l'activité, M. Cheddadi rassure sur la solidité des fondamentaux de la CIMR. La caisse a terminé l'exercice 2010 avec un excédent d'exploitation au-dessus de la barre des 4 milliards DH, soit une croissance remarquable de 54,1%. Cette performance résulte, selon M. Cheddadi, d'un solde technique de 1.329 millions DH, d'un solde financier de 2.827 millions DH et des frais de gestion limités à 103 millions DH. Dans le détail, le P-DG précise que les produits techniques, hors reprises d'exploitation, ont enregistré une augmentation de 8 %, à 4.642 millions DH, dont 4.359 millions DH au titre des contributions collectées, réparties entre contributions patronales, à hauteur de 2.451 millions DH et contributions salariales, à hauteur de 1.908 millions DH. Ces contributions, augmentées des produits du patrimoine hors charges financières, (2.827 millions DH), et des produits exceptionnels, totalisent 7.777 millions DH. Quant aux charges, elles ont totalisé 3.716 millions DH, dont 3.148 millions DH au titre des prestations servies et 77 millions DH au titre des frais généraux et pertes et profits. Au final, les réserves de la CIMR ont atteint 21.706 millions DH, en augmentation de 23,01% par rapport à 2009 et de 97% sur la période 2006–2010. La Caisse est parvenue, selon son patron, à améliorer ses rendement et a réussi, par la même, à limiter ses frais de gestion dont le total représente à peine 1% du total des produits. Sur le front des adhésions, la CIMR a pu recruter 586 nouvelles entreprises pour un effectif de 4 635 salariés affiliés. Ainsi, le nombre d'actifs cotisants a quant à lui progressé de 4,4%. Sur ce point, M. Cheddadi devait rappeler que le taux de progression des effectifs des actifs cotisants retenu dans les hypothèses du «Bilan Actuariel» et qui assure la pérennité du régime de la CIMR est de 0,5%. Ces adhésions portent le nombre total des entreprises adhérentes à la CIMR à 4.666 et celui des salariés affiliés à 509.859 dont 269.986 actifs cotisants et 239.873 ayants droit (salariés qui ne cotisent plus au régime mais qui y ont gardé leurs droits). En 2010, 129.832 personnes ont bénéficié d'une pension de retraite CIMR parmi lesquels 8.313 nouveaux allocataires directs. Côté profitabilité, les produits du patrimoine, nets des charges, des dotations et reprises sur provision pour dépréciation de titres, se sont élevés à 2.827 millions DH, contre 1 477 millions de DH en 2009, enregistrant ainsi une progression de 91,4%. La caisse a donc terminé l'année 2010 avec un portefeuille estimé à 29,8 milliards DH, en valeur de marché. Tous ces chiffres témoignent de la solidité des fondamentaux de la Caisse, fait remarquer M. Cheddadi, précisant qu'à l'instar des précédents bilans actuariels annuels, celui réalisé en 2010 confirme la pérennité du régime de la CIMR au-delà de l'horizon de projection à 60 ans. Ceci étant, toutes ces performances de la CIMR ne semblent, à première vue, profiter aux premiers concernés, à savoir les retraités. La Fédération des Associations Nationales des Retraités du Maroc (FANAREM), dit dans un communiqué parvenu à notre rédaction, qu'elle s'insurge contre la très faible revalorisation de la pension CIMR, et dénonce les déconvenues de la carte Rahati, tout en déplorant la non représentativité des salariés et retraités au sein des instances dirigeantes de la Caisse. La FANAREM note qu' «au moment où l'on tente de faire avancer le dialogue social pour assurer la cohésion sociale, notamment par une amélioration substantielle des conditions de vie des salariés et des retraités, la CIMR, à l'occasion de son Assemblée générale ordinaire, annonce une revalorisation plutôt inconsistante des pensions : elle passera de 0,7 % à 1 %. Cette revalorisation de 0,7 %, rappelle la Fédération dans un long communiqué adressé à la presse nationale, est « proche du taux de revalorisation constaté depuis la réforme de 1998 », et a été « arbitrairement retenue par la réforme de 2003. Elle a été à l'origine d'une perte vertigineuse du pouvoir d'achat des retraités CIMR. La plus faible pension annuelle servie par la CIMR équivaut à 14,55 % de la pension minimale fixée récemment par les Pouvoirs publics. Elle est de 1.746 DH. Et elle connaîtra une augmentation annuelle de 17,46 DH ! Aux yeux de la fédération, «seule une indexation sur les prix (inflation) permet aux retraités de conserver le pouvoir d'achat de leur pension atteint au moment de la liquidation. Le taux de 1% s'écarte assurément des taux d'inflation observés ces dernières années (3,28 % en 2006, 3,71 % en 2008 et 1,9 % pour la moyenne observée sur la période 1997-2008) ». La Fédération estime, par ailleurs que « le pilotage du régime, vanté tous azimuts, est clairement un leurre : les retraités ne bénéficient d'aucune « faveur » même quand la situation financière de la Caisse s'améliore » !