Un fervent défenseur du droit à la communication vient d'être nommé Directeur Général de la communication audiovisuelle. Le communiqué du cabinet royal a argumenté ce choix, en évoquant le professionnalisme, l'impartialité, l'intégrité, le large savoir-faire et le concours efficient à la réalisation de nombreux projets et chantiers nationaux… Il faut dire que Jamaleddine Naji, puisque c'est de lui qu'il s'agit, incarne parfaitement ces qualités. Et la nomination intervient à point nommé. Le débat public sur les cahiers de charge proposé par le ministre « islamiste » de la communication n'a pas laissé indifférents les composantes de l'espace public marocain. Un changement s'est avéré incontournable. La HACA semble avoir donné un aval « précipité » à la proposition de Mustapha Khalfi. La HACA est chargée de « veiller au respect de l'expression plurielle des courants de pensée et d'opinion », et les cahiers de charge comme présentées dans la version Khalfi reste, selon plusieurs observateurs, loin de réaliser cet objectif. Pendant trois décennies, et alors que le monde politique, notamment dans le camp de l'opposition de gauche de l'époque, appelait de tous ses vœux à un droit à l'information, Jamaleddine Naji, se battait, parfois en cavalier seul, pour un droit à la Communication. Une manière pour le médialogue marocain de lier la démocratie informative à la réception de l'information certes, mais aussi à la possibilité de l'émettre en toute liberté. Une grande littérature médiatique que le titulaire de la chaire de l'Unesco au Maroc avait publiée démontre de ce souci permanent de faire avancer le monde de la communication, et partant les règles démocratiques générales. Là, ce n'est pas seulement le journaliste, le médialogue et le professeur de journalisme qui parle, mais également l'un des fondateurs de l'Organisation Marocaine des Droits de l'Homme (OMDH). Il faisait ainsi part d'une vision claire qui lie intrinsèquement le jeu médiatique au jeu démocratique. Déjà en 2005, l'un des experts académiques et scientifique du monde de l'information avait souligné qu'“Il faut d'abord poser le jeu démocratique et il se fait à travers la profession et la justice. Dans une démocratie, le citoyen est vigilant, jaloux de ses droits face à tous les pouvoirs, y compris ceux des médias. En démocratie, le journaliste sert le citoyen en même temps qu'il le craint. En fait, l'environnement de démocratie se résume à travers le slogan Etat de droit. Maintenant, le recours à la justice peut devenir démesuré. D'une part, parce que le citoyen et la citoyenneté n'ont pas aidé à l'aiguisement de la capacité professionnelle et déontologique du journaliste et d'autre part quand le recours à la justice est l'unique source plus ou moins riche et indemne de la règle de droit. Autrement dit, l'exercice de la liberté d'expression dans une démocratie dépend de deux acteurs, source de l'exercice des droits, libertés et devoirs, le citoyen et la justice”. Beaucoup de choses ont changé, depuis. Mais la donne essentielle constante reste l'attachement de Jamaleddine Naji aux principaux textes fondateurs, à l'échelle internationale. Il s'agit d'un bel et bien enrichissement du champ médiatique institutionnel. Le coordinateur général du débat national sur “Médias et Société” est, en effet, conscient et au fait de tous les défis auxquels doit faire face la média-sphère marocaine. C‘est pourquoi, ce fondateur/titulaire de la Chaire en Communication publique et communautaire, ne cesse de défendre le droit à la création des radios communautaires et associatives, par le biais d'une loi qui autorise ce genre de communication populaire. Un autre combat qu'il continuera certainement, à partir de ce nouveau poste. Jamaleddine Naji et Mme Amina Lamrini El Ouahabi nommée Présidente du Conseil supérieur de la communication audiovisuelle, feront le tandem requis pour toutes ces tâches. Ces deux membres de la Fondation Driss Benzekri ne tarderont pas à prévaloir l'approche droit, mais aussi l'approche participative. L'écoute de toutes les parties reste un atout primordial à même de consolider pour mettre sur les rails un nouveau train, destiné à la consolidation du processus démocratique.