L'émission « Kadaya wa arae » (Questions et avis) diffusée sur la chaîne Al Aoula, mardi dernier, a focalisé les projecteurs sur le bilan des 100 jours du gouvernement Benkirane. Y ont pris part, Rachida Benmessaoud (USFP), Abdellatif Ouahbi (PAM), Talbi Alami (RNI), pour le compte de l'opposition, et les ministres Amine Sbihi (PPS), Mohamed El Ouafa (PI) et Idriss Azami (PJD). Les invités, comme les citoyens interviewés lors d'un micro-trottoir, ont été quasi-unanimes sur l'impossibilité de faire une évaluation objective de l'action gouvernementale, l'espace de cent jours, marqués par des retards de transition et une conjoncture économique défavorable, en interne comme en externe. Le débat, mal cadré en gros, a permis à chacun de présenter ses arguments et ses motivations. Manque de cohésion gouvernementale, absence de mesures quotidiennes concrètes, retard de l'adoption de la loi de finances… sont les principales critiques faites par l'opposition à l'actuel Exécutif… Amine Sbihi, ministre de la Culture, a estimé, au contraire, que « le gouvernement Benkirane, avec sa légitimité populaire, a géré l'étape particulière et complexe avec clairvoyance, en optant pour des réformes, en faisant de la stabilité du pays son axe primordial». Toujours selon le ministre PPS, l'objectif fixé par le nouveau gouvernement est celui de la «régulation des politiques sectorielles», ajoutant que l'actuel Exécutif «constitue une rupture avec le passé et s'engage à concrétiser la Constitution». Et de souligner que «tout processus de réforme et de développement ne peut tenir la route sans la réforme du secteur de la justice», chantier de grande envergure lancé par SM le Roi. Il a aussi indiqué que la mission de l'équipe Benkirane est «le renforcement de la démocratie et l'élargissement des libertés publiques». Amine Sbihi a également mis l'accent sur le fait qu'il existe une forte volonté de la part de certains milieux pour créer la zizanie et «faire éclater le gouvernement actuel». «Le PPS est fier de sa présence dans le gouvernement, et conscient de sa mission, celle de s'inscrire dans un processus de réformes du pays, ne compte pas le quitter», a-t-il asséné. S'agissant des orientations du projet de la loi des finances, Idriss Azami, ministre délégué après du ministre des Finances chargé du budget, a précisé qu'en dépit des contraintes économiques, le projet gouvernemental a «une forte connotation sociale» et donné des signaux forts du changement et de la concrétisation des contenus avancés de la Constitution. La mobilisation d'une enveloppe budgétaire estimée à 188MMDH, destinée aux investissements publics, contre 167 MMDH lors de l'exercice précédent en est la preuve. Le même projet prévoit la création d'un fonds de cohésion sociale doté de 2MMDDH, l'augmentation de la bourse au profit des étudiants, la généralisation du Ramed… sont autant de mesures qui témoignent de la volonté du gouvernement de donner à son action «une empreinte purement sociale». Azami a également mis l'accent sur la politique adoptée par le gouvernement en matière de lutte contre l'économie de rente, donnant comme exemple l'expropriation par l'Etat de cinq grandes fermes distribuées dans le cadre de l'opération Sodea-Sogeta, pour ne pas avoir respecté les cahiers de charges. Actuellement, 13 fermes sont visées par l'Etat, a-t-il indiqué. De son côté, Mohamed El Ouafa, ministre de l'Education Nationale, a mis en garde contre les propos et déclarations populistes relevant de la pure surenchère politique. Faisant allusion à la loi organique N 02-12, pour l'application des dispositions des articles 49 et 92 de la Constitution, El Ouafa a affirmé que l'adoption de cette loi a respecté le processus le plus normal et il relève d'un nouveau pas en avant pour parachever la construction de l'Etat démocratique.