La mauvaise gouvernance est considérée comme l'une des sources des maux qui portent atteinte à l'image de marque de certains établissements sanitaires hospitaliers. Ce constat ou ce diagnostic a été fait depuis fort bien longtemps, mais le grand paradoxe c'est que rien de bien concret n'a été entrepris pour remédier en son temps à une situation pourtant fortement décriée. Aujourd'hui, avec l'avènement de la nouvelle constitution, cette situation ne peut plus durer, la bonne gouvernance est une obligation dans toute démarche, au sein de tous les établissements, les hôpitaux ne peuvent échapper à cette règle surtout avec la nouvelle politique du ministre de la Santé Houcine Louardi. Améliorer l'accès des populations à des soins de qualité et renforcer les capacités de gestion des établissements de santé, sont deux éléments essentiels de la bonne gouvernance. La bonne gouvernance des structures sanitaires aussi bien celles des soins de santé de base (SSB) que les établissements hospitaliers est inscrite en tant que priorité dans l'agenda du ministre de la Santé. Pour s'en rendre compte, il suffit de repasser en revue les dernières déclarations, interventions, présentations faites par le professeur Houcine Louardi, tout au long de ces cinq derniers mois et plus précisément de Janvier à Mai 2012. Le terme bonne gouvernance a été prononcé la première fois le 20 Janvier lors de la réunion que le ministre de la santé a eu avec l'ensemble des délégués de son département au niveau de la Wilaya du grand Casablanca, après avoir été honoré par ses pairs à la faculté de médecine et de pharmacie. Présidant le Conseil d'Administration du Centre Hospitalier universitaire Ibn Rochd de Casablanca le vendredi 10 Février 2012, le Professeur Louardi a, là aussi, rappelé avec insistance la place et l'importance qu'il porte personnellement à la bonne gouvernance. Dans le même ordre d'idée, invité du club entreprendre le 21 Avril 2012 à Casablanca pour présenter la politique de santé de son département, le ministre de la Santé Houcine Louardi, a mis en exergue la place de la bonne gouvernance dans le plan de développement du secteur de la santé et plus particulièrement dans la partie réservée aux axes d'intervention prioritaires qu'il met progressivement en place, à savoir l'amélioration de l'accès aux soins, le renforcement de la santé de la mère et de l'enfant, la promotion de la santé des populations à besoins spécifiques, le renforcement des vigilances sanitaires et du contrôle des maladies, la maîtrise des ressources stratégiques du secteur et bien entendu l'amélioration de la gouvernance du secteur de la santé. Dans le même sillage et à l'invitation du secteur santé du P.P.S, le professeur Hocine Louardi, ministre de la Santé, avait animé une conférence le jeudi 26 avril à Casablanca, le thème retenu pour cette rencontre : «Quelle politique de santé pour le Maroc d'aujourd'hui ?». Là aussi, la bonne gouvernance a été mise au devant de la scène et ce en présence de prés de 500 personnes dont la grande majorité sont des professionnels de santé, des professeurs enseignants, les responsables des directions du ministère de la Santé, des délégués, des directeurs d'hôpitaux, des médecins du secteur public et du secteur privé, des infirmiers, des infirmières, des représentants des syndicats … La question de la bonne gouvernance a été aussi soulevée lors d'une conférence de presse sur le don d'organes, le mercredi 02 Mai 2012 à Casablanca. Ce ne sont là que quelques dates repères que j'ai personnellement notées afin de démontrer, si besoin est, la place centrale qu'occupe aujourd'hui la bonne gouvernance dans la politique de santé de l'actuel ministre de la Santé. Qu'est-ce que la bonne gouvernance ? C'est vrai que ce n'est pas évident de parler comme ça de la bonne gouvernance, c'est à croire que tout le monde connaisse ce concept et que tout va bien, ce qui bien entendu n'est pas vrai. C'est la raison pour laquelle il est utile de rappeler ici quelques éléments qui ont leur importance. En premier lieu, il y a la gouvernance qui désigne l'ensemble des processus politiques, lois et institutions affectant la manière dont un pays, une institution, une société, etc., sont dirigés, administrés ou contrôlés. Une gouvernance est considérée comme bonne ou équitable lorsque le fonctionnement des mécanismes respecte les droits et les intérêts des parties prenantes, dans un espri t démocratique. En second lieu, il y a la bonne gouvernance où l'autorité et ses institutions sont tenues de rendre compte, d'être efficaces et efficientes, participatives, transparentes, réceptives et équitables. Il est essentiel, dans la promotion de la bonne gouvernance, de lutter contre les abus de pouvoir, le clientélisme, le népotisme, la médiocrité et toutes les formes de corruption… La bonne gouvernance : une approche citoyenne Il est clair que le ministre de la Santé, le professeur Houcine Louardi, un professionnel de santé chevronné, qui a toujours été présent aux côtés des malades, de ses étudiants de jour comme de nuit, apportant aux uns des soins, soutien, confort et réconfort et aux autres le savoir, le savoir être, l'expérience, les qualités humaines et l'écoute est resté fortement imprégné des différents problèmes que ce secteur connaît dont naturellement la bonne gouvernance. Au lendemain de sa nomination, le ministre de la Santé s'est très vite attelé à la tâche pour répondre au plus urgent conformément à la vision qu'il s'est assignée avec ses proches collaborateurs et qui a ciblé les prestations, le personnel, le système d'information, l'accès aux médicaments et aux technologies de soins, la gestion financière et la gouvernance. L'objectif final reste bien entendu la performance, la qualité, la transparence, l'équité, le respect, la dignité. En d'autres termes, le professeur Louardi veut que tous les professionnels de santé soient à la hauteur de la confiance placée en eux. Que ces mêmes personnels, toutes catégories et profils confondus, soient plus proches des citoyens, que les responsables : délégués, directeurs des hôpitaux, surveillants généraux, infirmiers, chefs des services, administratifs des différents établissements sanitaires (dispensaires, centre de santé, centre de diagnostic, centre de référence, hôpitaux préfectoraux, hôpitaux des spécialités, centre hospitaliers universitaires….), soient à l'écoute des malades et de leurs familles, qu'ils puissent s'investir pleinement dans les missions qui sont les leurs et qu'ils veillent tous à travailler dans la clarté, la transparence, qu'ils soient justes et équitables, efficaces dans tout ce qu'ils entreprennent, qu'ils soient toujours à l'écoute des malades et de leurs familles, soutenir et aider les plus vulnérables, éviter toutes les formes d'exclusion et naturellement la bonne gouvernance consiste aussi à rendre des comptes à qui de droit. Et pour asseoir sur des bases démocratiques la bonne gouvernance, il faut veiller à assurer le consensus le plus large possible lors des prises de décisions. Règlement intérieur des hôpitaux et bonne gouvernance Vu sous cet angle, la bonne gouvernance, vous conviendrez avec moi que nous sommes un peu loin de la réalité qui existe sur le terrain, je vous la concède. Mais il faut dire que la bonne gouvernance nous concerne tous et, de ce fait, nous devons tous apporter notre contribution pour atteindre cet idéal qui n'est pas difficile à atteindre pour peu que chacun y mette un peu du sien. Des actions doivent être entreprises au niveau de l'ensemble de nos établissements sanitaires pour tendre vers cet idéal dans l'objectif d'en faire une réalité. Ce challenge, les professionnels de la santé peuvent le gagner, c'est un défi qui est à leur portée mais à condition de mettre les femmes et les hommes qu'il faut à la place qu'il faut. Il est important de souligner que le nouveau règlement intérieur des hôpitaux incite à l'instauration de la bonne gouvernance fondée essentiellement sur la gestion rationnelle des ressources, la simplification et la clarté des procédures en réponse aux nombreuses questions auxquelles l'hôpital public est confronté au quotidien. La nouvelle gouvernance se traduit ainsi par la responsabilisation des acteurs hospitaliers, à savoir le directeur, les chefs de pôles ainsi que les chefs de départements, et ce, dans la perspectives d'une meilleure collaboration et participation à la prise de déc sion. De même, le nouveau règlement intérieur a accordé une place importante aux droits des patients à l'information et au consentement aux soins. La question de la vigilance, la sécurité et l'hygiène hospitalière n'est pas en reste puisque le nouveau règlement prévoit une batterie de mesures afin de garantir aux patients un meilleur accès aux soins de qualité. La bonne gouvernance occupe donc une place de choix dans le système de santé, elle est sans cesse mise au devant de scène par le ministre de la santé qui en fait une de ses priorités, qu'il convient de respecter et de mettre en application conformément au plan de restructuration de la nouvelle politique de santé Il ne fait aucun doute que le nouveau ministre est habité par le souci de promouvoir et d'offrir à l'ensemble des composantes de notre société (hommes-femmes –enfants) qui s'adressent aux différentes structures de la Santé, des prises en charge efficaces, adaptées, humaines qui seront, à ne pas en douter, un ciment qui permettra de consolider les rapports et la confiance des citoyens envers le service public. Fort de ce sentiment de respect, de considération et d'estime, notre système de santé retrouvera une grande crédibilité, comme il pourra, bien entendu, jouer pleinement son rôle qui consiste à assurer et à garantir la santé pour tous les citoyens conformément au contenu de la nouvelle constitution qui place la bonne gouvernance au centre de toutes les actions. Bonne gouvernance : les hommes qu'il faut à la place qu'il faut Diriger un hôpital est une entreprise difficile, les problèmes humains techniques, logistiques et financiers sont d'une grande complexité et demandent, de ce fait, un savoir et un savoir faire indispensables pour mener à bien leur mission. Sur le terrain, les gestionnaires hospitaliers qui peuvent se targuer d'avoir suivi une formation adaptée pour occuper le poste de directeur d'hôpital ne sont pas très nombreux. Il y a ceux qui sont là grâce à un concours de circonstances, ce sont des choses que tout le monde connaît, il ne s'agit pas pour nous de faire ici un procès mais de chercher l'intérêt des citoyens, car qui dit manque de compétences managériales hospitalières fait aussi référence à la non qualité qui va se répercuter sur les soins, la gestion des ressources humaines, matérielles… C'est l'une des raisons qui porte atteinte à l'image de nos hôpitaux. Nous avons des atouts considérables en moyens humains et matériels. Si seulement les responsables pouvaient faire appel aux cadres administratifs et médicaux compétents et expérimentés, intègres, exemplaires, des leaders et des managers capables de mobiliser les professionnels autour de projets novateurs pour que tous les partenaires puissent travailler ensemble pour le plus grand bien de nos concitoyens, il sera possible de réaliser les réformes nécessaires et salutaires. C'est ainsi que nous pourrons réconcilier nos citoyens avec leur système de santé. La tâche n'est pas facile, c'est un combat ardu, long et pénible qui attend le responsable du département de la santé. Mais il en a vu d'autres. Nous lui souhaitons bon courage.