Les participants à la journée d'étude sur le thème: "la réforme du code de la presse et la relation entre justice et presse" ont adopté 11 recommandations qui concernent la relation presse - justice. Il s'agit, essentiellement, de l'élargissement des domaines de dialogue et de communication entre les deux secteurs, la formation des juges en matière de presse, la création d'un poste de « chargé de relation avec la presse au sein des tribunaux, la révision du Code de la presse, en harmonie avec la Constitution, Consacrer le droit à l'obtention de l'information et la loi de la protection des sources d'information. Les recommandations portent également sur la création du Conseil national de la presse, la compilation et le suivi de l'action juridique dans des affaires de la presse, la révision du statut des journalistes, la règlementation de la presse électronique, la possibilité pour le parquet d'informer l'opinion publique sur certaines affaires, la généralisation de la spécialisation juridique dans les questions de la presse. Auparavant, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi a annoncé, jeudi à Rabat, la création d'un comité national pour la réforme des codes de la presse et de l'édition, projet devant être soumis au Parlement lors de la session d'octobre prochain. Ce comité, a précisé le ministre lors de la même journée journée d'étude pour tâches de mener des consultations sur la réforme des codes de la presse et de l'édition et de recueillir les propositions qu'il doit examiner pour élaborer des projets devant être remis au gouvernement dans les trois mois à venir. Selon M. El Khalfi, cette instance sera présidée par l'ancien ministre de la communication, Mohamed Larbi Messari, alors que sa composition sera annoncée ultérieurement. L'ouverture de ce chantier intervient dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution et en particulier de ses articles 27 et 28, a-t-il noté. Dans le cadre de ce chantier, un processus de dialogue national institutionnel sur la réforme des codes de la presse et de l'édition sera initié dans le but d'élaborer un code moderne de la presse, qui garantit le libre exercice de la profession, a fait savoir le ministre, qui a avancé que le Maroc est en mesure de se doter actuellement et conformément à l'esprit de la nouvelle Constitution d'un code de la presse débarrassé de toutes les peines privatives de liberté et des lourdes amendes, qui condamnent parfois des entreprises de presse à disparaître. Pour sa part, le ministre de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid a indiqué que cette rencontre s'inscrit dans la perspective d'élaboration d'une approche commune et de rapprochement des vues des acteurs concernés sur la liberté et la responsabilité dans le secteur de la presse et de l'édition et la déontologie de la profession. Le libre exercice de la profession est le souci majeur du journaliste qui n'admet pas de surenchère, a-t-il dit, rappelant que la liberté d'expression, d'opinion et de diffusion de l'information ne doit souffrir d'aucune atteinte, selon l'article 28 de la Constitution. Pour éviter tout dérapage, la Constitution a toutefois précisé que l'exercice de ce droit doit s'effectuer de manière « responsable » et conformément à des règles juridiques et déontologiques pour empêcher toute atteinte à la vie privée des personnes et des groupes. Cette liberté ne doit pas non plus aller au-delà du cadre juridique défini ou constituer une menace à la sécurité de l'Etat, a-t-il dit, déplorant que l'on est « confronté tous les jours à des dérapages médiatiques" découlant notamment du non-respect des règles de loi par des journalistes qui rejettent toute limite à leur liberté d'agir. Selon le ministre, les secteurs de la justice et de la presse doivent établir de nouvelles relations, invitant les juges à s'ouvrir sur le monde des médias et vis versa. Le manque de communication qui a marqué jusqu'ici cette relation entre les deux parties a eu parfois des effets négatifs sur l'évolution de leurs relations. De son côte, le président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), Younès Moujahid, a estimé que le principal enjeu pour le moment est de se mettre à jour en tenant compte de l'évolution que connaît le pays sous l'impulsion de la nouvelle Constitution et d'avoir la volonté politique requise pour procéder aux réformes nécessaires et de traduire de manière saine dans le réalité le contenu de la Constitution. Il a insisté à cette occasion sur la nécessité d'associer les professionnelles à cette entreprise d'envergure qui porte aussi sur la mise sur pied du Conseil national de la presse. Il s'est arrêté à cette occasion sur le genre de relation que les juges et les journalistes doivent entretenir, appelant par la même à la création d'une justice spécialisée en matière médiatique. Le président de la fédération des éditeurs, Nour-eddine Miftah, a recommandé pour sa part de faire du respect des droits de l'homme tels qu'ils sont universellement reconnus la pierre angulaire de ce travail de réforme. Il a indiqué aussi qu'il est temps de mettre un terme à la tension qui a de tout temps caractérisé les rapports entre la presse et la justice, dont il faut défendre l'indépendance dans l'intérêt des justiciables.