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Entretien avec Ahmed Chahid, Président du Conseil Provincial du Tourisme de Zagora : Le tourisme durable est un choix responsable et un mode de développement durable
Publié dans Albayane le 12 - 04 - 2012

Choisir le tourisme durable est une prise de conscience majeure dans les modèles de développement, notamment dans des régions vulnérables sur le plan écologique. Le forum international du tourisme durable et de développement local a été une occasion pour interpeller les professionnels sur les impératifs et les exigences d'un tel créneau.
Président du CPT – Zagora, Ahmed Chahid est bien placé pour répondre aux questions d'Al Bayane, dans ce sens :
Al Bayane : Pouvez-vous nous parler de l'intérêt de la zone du Drâa Moyen, dont Zagora fait partie ?
Ahmed Chahid : L'on doit d'abord souligner la position géographique des oasis du bassin de Drâa moyen et Maïder au bord du désert. Car, elle offre à cette zone un atout séculaire indéniable en matière écologique, culturelle et architecturale. La région, selon la déclaration de l'UNESCO en 2001 et une étude de la direction de l'aménagement du territoire, a connu une nette dégradation de son potentiel phoenicicole et d'une grande avancée des sables, signe d'une vulnérabilité structurale et d'un déficit hydrique. La région est donc disposée à s'ériger en tant que facteur essentiel dans la dynamisation de la charte nationale de l'aménagement de l'espace, ainsi que ses principaux thèmes.
Mais, l'on craint que tout cela soit menacé d'un déficit hydrique ?
C'est effectivement l'une des contraintes de l'espace et à retombées sociologiques patentes. L'eau a toujours constitué la problématique centrale dans le bassin de Drâa et Maïder, en raison de cette position en pleine désert. Les anciens modes et pratiques de gestion d'eau ne sont plus au diapason des mutations écologiques et démographiques du bassin précité. Les autres contraintes de l'espace ont impacté négativement le volet démographique, dans la mesure où une grande partie de la population souffre d'un grand déficit social, à tel point que certaines communautés se trouvent en tête des statistiques de pauvreté et d'analphabétisme à l'échelle nationale, en dépit des efforts déployés en la matière. Je pense donc, qu'il est temps de penser la question d'eau sur un plan stratégique. La mise en place de barrages collinaires, importante recommandation des participants au forum (Forum international du tourisme durable à Zagora du 29 mars au 1er avril) reste une solution de rechange importante.
Comment contourner ces contraintes pour un développement durable et intégré ?
Aux carences en eau, s'ajoutent, en effet, l'activité économique très faible du reste, étant limitée à la seule activité agricole et phoenicicole, menacée par la maladie du bayoud. Du coup, l'activité touristique s'érige en activité complémentaire, sinon parfois alternative, visant à instaurer le développement durable dans cette région. Mais, là aussi nous devons s'interroger sur quel tourisme devrait-on instaurer dans zone vulnérable du point de vue environnemental et écologique.
Il y a aussi lieu de revoir quelques mesures, telle que celles prises par la RAM relatives à la cession unilatérale des fréquences aériennes liant Zagora à Agadir. L'aéroport de Zagora reste maintenant non opérationnel et cela semble être comme un grand fouet au tourisme dans la région. Nous espérons aussi que le tunnel de Tizi N'Tichka voie le jour, en tant qu'œuvre à même de réduire les heures de trajet, reliant Marrakech à Ouarzazate et Zagora d'une par, mais aussi à faciliter l'accès à une région riche de potentialités.
Que doit-on faire aujourd'hui en concret ?
Il est impératif aujourd'hui de favoriser les opportunités de développement spatial qui visent à encourager une agriculture à même de drainer des investissements, un tourisme qui valorise les potentialités locales et impacte positivement les bourses des petites gens de la région. Ceci passe par la voie d'une approche intégrée et complémentaire du développement, où tous les intervenants s'engagent à œuvrer de concert et de manière participative. Le point de départ reste la capitalisation des opérations et expériences et la précision des priorités de l'espace oasien et ses acteurs, et en finissant par soutenir la gouvernance spatiale et les mécanismes qui la régissent. C'est ainsi que nous pouvons déboucher sur une agriculture durable et innovante, promouvant le développement de l'agriculture biologique et semi-industrialisée. L'objectif demeure également de tomber sur des agriculteurs professionnels régis par le souci de la qualité et de la concurrence, appuyés en cela sur des structures professionnelles valorisant ce qui est local, pour en faire un fondement de développement.
Le tourisme devrait ainsi constituer une alternative à travers la capitalisation de la biodiversité de l'oasis et de son patrimoine culturel et de son architecture riche et variété.
Pour atteindre ces objectifs ne faut-il pas instaurer préalablement des piliers et fondements ?
Tous ces objectifs ne peuvent être atteints que par la voie du dialogue, du débat et d'échange, en tant que levier des compétences et des techniques des acteurs de développement. Il serait également indispensable d'encourager les initiatives locales en matière d'investissement touristique, notamment à caractère écologique, présentant une offre diversifiée : gîtes, auberges, oasis, désert et enfin une multitude de circuits. Ce dont on a besoin reste l'élaboration d'une vision stratégique pour le développement d'une activité touristique qui prend en considération la stratégie des différents intervenants en parfaite coordination avec tous les parties concernées.
Un canevas précis pour vous en tant que conseil provincial de tourisme ?
L'on dispose d'idées claires, mais l'on demande une mise en synergie du tourisme étant donné que cette activité reste l'apanage de tous les intervenants et le carrefour de toutes les actions menées dans la région. Il y a lieu de souligner la nécessité d'un diagnostic de l'état actuel des lieux en matière touristique et évaluation de sa rentabilité, la collecte des opportunités que permet la biodiversité du bassin Draa Maidar et inventaire des sites à développer, l'établissement d'une stratégie spatiale et intégrée pour valoriser davantage le patrimoine matériel et immatériel dans le bassin Draa et Maidar, l'inventaire des opportunités financières et mobilisation des banques pour encourager les investissements en la matière et l'intégration des composantes environnementale et sociale dans l'élaboration de toute politique du secteur, l'élaboration et mise en œuvre de chartes locales pour préserver l'espace écologique, afin de rééquilibrer les dysfonctionnements socio-spatiaux et environnementaux, la diversification de l'offre touristique et des potentialités que permet le secteur et capitaliser les possibilités pour drainer les investissements.


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