Les recettes du tourisme dépassent celles du pétrole. Mais cette manne financière quitte le plus souvent le pays d'accueil, au profit de grandes chaînes hôtelières transnationales et des agences de voyages. Selon la Banque mondiale, le pourcentage de ces « fuites » est estimé à environ 55 % pour un pays en développement type. Ce phénomène existe notamment dans la région de Souss-Massa-Drâa, pôle touristique au cœur des débats du Forum sur le tourisme durable, organisé du 29 mars au 1er avril, à Zagora. Renforcement des capacités Les populations locales se retrouvent confrontées à l'impact du passage des touristes, sans pour autant forcément bénéficier des retombées économiques. Et les impacts sont multiples, notamment sur l'environnement, avec la dégradation des écosystèmes, les déchets solides laissés et les ressources en eau sur-exploitées. Pour une grande majorité des intervenants du Forum, le développement local passe par la mise en place d'un tourisme durable, respectueux des ressources, tant naturelles qu'humaines. « Par opposition au tourisme de masse qui règne, une nouvelle tendance de tourisme solidaire et responsable émerge depuis 10 ans. Organisés pour les petits groupes, ce sont principalement les autochtones qui ont investi dans ce genre : maison d'hôtes ou tourisme caravanier par exemple », nous déclare Ahmed Chamid, président du Conseil provincial du tourisme de Zagora. Mais le développement de cette culture touristique suppose un renforcement des capacités. Najib Abdelwahab, président de l'Association des guides touristiques de Zagora, souligne notamment le besoin de formation. Mis en avant lors des débats, l'important tissu associatif de la région - environ 3 000 associations dans la province de Zagora - travaille activement dans ce domaine, assurant notamment des programmes d'alphabétisation, de soutien scolaire ou encore des formations. Valorisation du patrimoine En parallèle du renforcement des capacités, c'est la valorisation du patrimoine qu'il est urgent d'activer. Tous les intervenants du Forum se sont accordés sur l'existence de potentialités énormes dans la région, encore non-exploitées, telles que le tourisme oasien, l'art rupestre ou encore le tourisme maraboutique avec les zaouaya. Des richesses qui, si elles étaient valorisées, placeraient les habitants de la région au cœur de l'activité touristique. Mais Ahmed Chahid met en garde contre une exploitation folklorique de ces richesses. « Certains réhabilitent les kasbahs pour les utiliser comme des ghettos, et les gens autour n'ont aucun impact positif » dénonce-t-il. La valorisation du patrimoine doit se faire dans une démarche participative avec les habitants. Mais, « pour le moment, l'émergence du tourisme durable reste encore timide », estime Halim Sbai, de l'association Zaila. Et pourtant, la demande est là. A titre d'indicateur, alors que le taux d'occupation des hôtels classés était autour de 12 % en 2011, le taux d'occupation des maisons d'hôtes était autour de 65 %. Une tendance qui met en évidence la possibilité d'envisager un autre développement touristique. Par de tel forum, l'ouverture d'une réflexion avec tous les acteurs du secteur constitue un premier pas, essentiel au développement de la région et au bien-être des populations locales. Sans oublier ensuite de passer des discours à l'action.