La presse espagnole d'audience nationale a souligné, dimanche, à la Une le ferme soutien des marocains à travers le scrutin du vendredi aux réformes introduites au Maroc à la suite de l'adoption de la nouvelle Constitution. La victoire à ces élections du Parti de la Justice et du Développement (PJD), une formation d'obédience islamiste, témoigne de la liberté de participation et de choix de la population à des élections transparentes, observent les quotidiens espagnols. Dans des correspondances datées de Rabat, la presse espagnole qualifie la proclamation des premiers résultats de ces élections par le ministre de l'Intérieur, une heure seulement après la fermeture des bureaux de vote, de grand succès de la réforme constitutionnelle et de haut degré de transparence du scrutin pour la réussite du processus démocratique. Compte tenu de la nouvelle carte politique, commentent les quotidiens, aucun parti politique ne pourrait gouverner en solitaire. Dans ce contexte, le PJD est appelé à recourir à une alliance avec des partis qui partagent les mêmes principes. “Le Maroc adhère à la vague islamique”, titre ABC qui note que la première victoire électorale des islamistes au Maroc suppose un véritable revirement du «printemps arabe». Le Maroc emboîte ainsi le pas à la Tunisie où le parti Ennahda, «formation jumelle du PJD», s'était imposé il y a un mois aux élections législatives. En dépit de la victoire “des islamistes du PJD, modérés et défenseurs de la monarchie, la réalité politique au Maroc demeure fragmentée puisque aucune des formations en lice ne pourrait obtenir la majorité absolue des 198 sièges à la chambre basse». Toutefois, remarque ABC, le PJD pourra compter sur l'appui de la coalition d'Al Koutla. Même appréciation a été faite par El Mundo qui titre à la Une: “le parti des islamistes modérés remporte les élections au Maroc». Le leader du PJD est disposé à faire des pactes de gouvernement avec tous les partis «à l'exception avec le PAM», signale le journal notant que le futur président de l'exécutif sera, pour la première fois depuis l'indépendance en 1956, «doté de plus de pouvoir». Cependant, remarque El Mundo, si le PJD serait incapable de bénéficier d'appuis d'autres formations, l'Alliance pour la Démocratie, pourrait aspirer à former le futur gouvernement. La Razon titre, de son côté, en première page que “le Maroc opte pour les islamistes”. Le PJD a obtenu un résultat spectaculaire à l'issue des élections du vendredi grâce surtout au concours de nombreux facteurs, dont l'avènement du «printemps arabe» et «l'organisation disciplinée de ses bases aux quartiers populaires». Il est désormais amené à recourir à une alliance avec la Koutla en prévision de la formation du futur gouvernement, note le journal. Publico écrit pour sa part «Les islamistes s'imposent aux élections législatives marocaines» notant qu'eu égard à «l'atomisation parlementaire», les alliés favorables des islamistes sont les trois partis de la Koutla (PPS, Istiqlal et USFP). Citant le leader du PJD, Abdallah Benkirane, Publico retient que “le peuple marocain aspire à des réformes mais aussi à la stabilité dans le cadre du système monarchique». D'ailleurs, Francine John Calame, membre de la délégation de la Assemblée Parlementaire du Conseil d'Europe (APCE), a déclaré, retient l'envoyée spéciale du journal, que «les élections se sont déroulées dans une atmosphère tranquille où les électeurs pouvaient élire librement». Dans un éditorial, intitulé «Triomphe islamiste», El Pais soutient que la victoire du PJD démontre que les élections du vendredi dernier ont été «probablement les plus libres du Maroc depuis son indépendance. Cette exceptionnelle transparence est, en partie le résultat du printemps arabe et de la pression dans la rue». La formation d'un gouvernement «dont le président pourrait être islamiste corrobore le fait que l'alternance politique est possible» au Maroc, estime l'éditorialiste signalant que «le roi demeure, en outre, la figure centrale du système institutionnel». Le PJD est appelé à gouverner en coalition avec d'autres partis “ce qui réduira sa marge de manœuvre”, observe le journal qui soutient en conclusion que cette «expérience qui vaut la peine» est «pas un petit mais réel vers la monarchie parlementaire qui doit être applaudi et appuyé».