C'est à la faculté des lettres et des sciences humaines, Dhar El Mahraz, qu'a eu lieu, mercredi 19 octobre, à 15h, la présentation d'un ouvrage collectif intitulé « Thami Benkirane, Photographe ». Ce livre collectif est issu du colloque organisé par le Groupe de Recherche Art et Littérature de l'Université Moulay Ismail, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Meknès en juin 2009. Les articles figurant dans cet ouvrage, signés par des professeurs-chercheurs, approchent la production photographique de Thami Benkirane Professeur de l'enseignement- supérieur, et montrent sa particularité qui n'emprunte pas les sentiers battus, qui cherche son originalité par l'intégration d'un ensemble d'éléments conjuguant esthétique et technicité. L'article de Bernoussi Saltani, «La plume à l'œil ou la myopie déchaînée» revient sur quelques souvenirs se rapportant aux rencontres qu'il a eues avec Thami Benkirane. Il décrit également la passion que ce dernier nourrit pour la photographie depuis son retour de l'étranger et son installation dans sa ville natale, Fès. Cette passion, Thami l'a transmise à ses amis qui avaient fini par succomber sous le charme de ses photos.M. Saltani, résume cette passion comme suit : «Une seule envie : manger des yeux le monde, les diapositives, l'écran». Par ailleurs, il insiste dans son article sur le rapport privilégié de Thami Benkirane, le capteur des signes éphémères, avec la cité de Fès. En effet, ce dernier, place le récepteur et le «met très rapidement dans la matérialité, toute esthétique, de la rencontre immédiate avec Fès». Thami semble écrire et décrire la cité à travers l'objectif de son appareil, selon une vision hautement esthétique où le passé et le présent interagissent non sans dialogisme conséquent. Kamal Abderrahim donne, dans une lecture éclairée de l'art photographique de Thami Benkiran, intitulée «Imaginer, penser l'invisible» une présentation générale de la production de T.B, avant de mettre en exergue les aspects relatifs à l'esthétique et à la poétique du photographe. D'abord, Kamal Abderrahim considère que le recours du photographe au blog comme moyen de communication instantanée « introduit une dimension nouvelle à sa pratique(…) Le spectateur-lecteur devient une composante à part entière de l'œuvre présentée et de ce nouvel espace-temps qu'est devenu le blog» (p.16). Puis, les modalités de la nouvelle esthétique du photographe sont exposées et analysées de plus près. Il s'agit, entre autres, de l'inscription de la photographie contre la doxa en ce sens qu'elle récupère et réhabilite l'invisible, le hors-champ. Pareil travail est on ne peut plus postmoderne dans la mesure où il met à contribution le fragment, l'éphémère faisant écho à l'émiettement du sens. Thami Benkirane est en quête incessante de l'invisible via le rapprochement du détail infiniment petit, la surimpression, l'hybridation des images etc…Bref, selon Kamal Abderrahim, «la multiplicité, l'hétérogénéité, le recyclage et l'hybridité(…) inscrivent (l'artiste) dans un postmodernisme qui fait fi des spécificités» (p.28). L'article d'Abdelkrim Chiguer, Rigol'art rigoureux. Eclats : Murs, Mots et Images passe en revue et mène une analyse profonde d'un ensemble de photographies mises en ligne par le photographe à travers ses blogs. Tout, selon l'auteur, participe d'une stratégie délibérée visant à générer un effet de déroute et de trouble, à malmener l'horizon d'attente d'un récepteur habitué aux grilles d'analyse classiques. Selon A. Chiguer, «avec humilité, discrétion et persévérance, le photo-fauto-graphe rigol'art et rigoureux, littéral et littéraire, agit en membre à part entière de la communauté des artistes procéduraux con-fondant Chose, Objet, Image et Mot ou, encore Artifice, Nature, Vérité et Vertige» (p.45). Mohamed Lahdahda intitule son article «L'œil et le vivant». Il constate d'emblée que «l'acte photographique de TB s'ordonne en séries dont chacune vous murmure l'histoire d'un regard». Chaque photographie est révélatrice d'un regard esthétique producteur d'une harmonie au niveau des rapports photographe/ objet photographié. L'auteur analyse quelques images appartenant à la série «Globe du silence» et met en exergue le sens que l'objet pourrait acquérir grâce à la syntaxe du sensible que pratique le photographe. Thami BenKirane réflechit sur sa praxis artistique dans son article «Abécédaire». Ce dernier est formé d'entrées permettant d'éclairer le récepteur sur quelques notions liées au travail du photographe TB. Il s'agit, entre autres, de «Alibi», «Banal», «Couleur», «Diaphragme», «Expérimentation», «Graffiti», «hybride, ««ruine»…. Enfin, Benyounes Amirouch, peintre et critique d'art, revient dans un article concis et riche sur quelques caractéristiques de la photographie de Benkirane. N'étant pas mimétique et reproductrice du réel, la photographie de BK se situe dans la marge et renferme dans ses plis des problématiques propres à l'esthétique de l'abstrait. Graffiti, Sgraffit, surimpression, troisième image sont autant d'éléments que Benyouness considère, à juste titre, comme la valeur ajoutée de Benkirane.