Comme chaque année à l'approche de l'Aïd, une seule question taraude les esprits des Marocains : y aura-t-il un renchérissement des prix des moutons ? Faut-il en acheter tout de suite ou attendre la veille de l'Aïd, dans l'espoir que les prix baissent ? Cette année, une chose est sûre, tous les facteurs ont fait que nos moutons se vendront chers et cette fête sacrée supposerait un douloureux sacrifice budgétaire. La fête du mouton sera célébré cette année certainement le 8 novembre. Cette date approche, et les pluies se font toujours rares. Quel sera le lien entre les deux ? Abbas Tanji, agronome, nous explique que la rareté des précipitations a fait que le prix des aliments de bétail ont carrément doublé, chose qui ne reste pas sans effet sur le prix des béliers». La période de sécheresse que traverse le Maroc est certes passagère et les quelques gouttes de pluies de la veille en attestent. Cependant, cette petite sécheresse a un fort impact sur les pâturages, généralement gratuits, dont s'alimentent le bétail et qui ne suffisent plus à eux seuls. Une insuffisance qui pousse les éleveurs à se diriger vers d'autres aliments qui, contrairement aux pâturages, voient leurs prix flamber. Le bonheur des sociétés de crédit Les petites pluies annoncées par la direction de la météorologie, et qui sont prévues encore pour les deux jours a venir, pourraient-elles changer la donne ? À l'heure actuelle, on ne peut rien prévoir, les prix sont en hausse depuis quelques temps mais d'ici l'Aïd, tout peut chambouler. En effet, tout sera à la merci des aléas climatiques. Le retour su soleil pourrait faire baisser les prix sans pour autant les faire fléchir à un niveau plus bas que celui de l'année passée. «Cette année est en contraste avec la dernière, si les prix sont restés stables pendant les trois années dernières, la rareté des pluies fera que cette année, le marché des moutons connaîtra une inflation» affirme, par contre, un observateur du marché. Les sociétés de crédit voient juste et se veulent rassurante cette année en offrant une panoplie de «package» dans l'«objectif» d'atténuer le «choc» budgétaire sur les consommateurs de moutons. En effet et à quelques jours de l'Aïd El Adha, des moutons fleurissent sur nos panneaux publicitaires. Des crédits qui peuvent être remboursés sur une période de trois ans ! «J'achèterai mon mouton, je le mangerai en une semaine, et je paierai les frais trois bonnes années de ma vie. L'année prochaine je ferai pareil, pour me voir endetté jusqu'à la fin de mes jours » nous déclare, non sans ironie, un jeune cadre, Amine, qui, comme tout autre Marocain, cherche des solutions pour apaiser la tension de cette période sur son budget. Ces crédits «gratuits» attirent les foudres des associations de protection du consommateur. Ces derniers mènent depuis quelque temps des campagnes de sensibilisation afin de démontrer au consommateur que ces crédits n'ont rien de gratuit, et que «La société de financement ou la banque ne sont pas une association de bienfaisance » car bien évidemment, il y a des frais de dossier, et d'assurance à débourser. Ces dernières années, et avec le changement des habitudes de la société marocaine, l'on assiste à une nouvelle «tendance». Les Marocains boudent de plus en plus Aïd Al Adha, les raisons diffèrent de l'un à l'autre. Certains préfèrent profiter de ces quelques jours de vacances pour s'offrir une petite évasion. Pour d'autres, les prix y sont certainement pour quelque chose. «Pendant que certaines personnes s'endettent jusqu'au cou pour pouvoir acheter un mouton à l'occasion de l'Aïd Al- Adha, j'ai décidé, tout bonnement, de ne plus fêter ça !», nous confie toujours Amine. Ce dernier conclut : «la fête du sacrifice a bel et bien une valeur religieuse que tout bon musulman aura la joie de fêter. Je croise les doigts pour que les prix de cette année soient abordables. Une chose est sûre je ne me laisserai pas aller dans ce courant de consommation abusive !».