Les mesures d'austérité appliquées par certains gouvernements régionaux en Espagne touchent des secteurs publics vitaux, tel l'enseignement qui risque de connaître des débrayages à la rentrée scolaire. La réduction du nombre des enseignants et l'élargissement de deux heures des horaires de travail des instituteurs et professeurs du secondaire sont des motifs suffisants pour que les centrales syndicales appellent à des mouvements de grève et mettent les autorités régionales devant le fait accompli. L'Espagne risque de vivre un automne atypique avec pour toile de fond la menace de paralysie de secteurs qui ont été jusqu'à présent à l'abri du spectre de la crise économique. A cause de la mise en garde du gouvernement et de l'Union Européenne contre la progression de la dette et des dépenses des administrations publiques, les gouvernements des communautés autonomes se trouvent au pied du mur. Pour éviter des sanctions, certains gouvernements régionaux, qui sont dirigés par le Parti Populaire, tels ceux de Madrid, Castille-La Manche (centre), Galice (nord-ouest), et Navarre (Nord) ont décidé d'augmenter de deux heures l'horaire des professeurs ce qui a eu pour conséquence immédiate la disparition de postes d'enseignants suppléants. Cette catégorie de professeurs assume particulièrement une mission de soutien aux élèves confrontés aux difficultés d'apprentissage, de révision assistée de matières scientifiques et d'animation pédagogique. C'est la raison pour laquelle les centrales syndicales ont annoncé, lundi, un calendrier de mobilisations pour protester contre la réduction de 13.000 postes de professeurs suppléants qui aura des incidences négatives sur la « qualité de l'enseignement » en Espagne. Le 22 octobre est le jour retenu pour une marche à Madrid pour «une école publique et contre les mesures d'austérité dans l'éducation». Les responsables de la Fédération de l'Enseignement des centrales syndicales ont, lors d'une conférence de presse lundi à Madrid, communiqué les démarches à suivre dont le calendrier des manifestations pour protester contre les réductions budgétaires dans l'enseignement qu'ils ont qualifiées de «brutale attaque contre l'école publique et les professeurs». Outre un sit in en face du siège du ministère de l'éducation, mercredi prochain, les centrales syndicales ont annoncé l'organisation d'une «journée de lutte» appuyée par des manifestations et la remise aux responsables de l'éducation d'un manifeste appelant à l'analyse de la situation de tous les centres de l'enseignement et de la communauté des professeurs. Selon les syndicats, les mesures d'austérité se traduisent par la réduction de deux milliards d'euros de la rubrique destinée au système public éducatif. Cette mesure, soutiennent-ils, ne contribuera nullement à la réduction du taux d'échec scolaire, qui «dépasse 32%». Les réductions budgétaires représentent, pour cette raison, “une attaque contre les programmes éducatifs qui sont la garantie de la qualité et de l'équité, dont l'intérêt réservé à la diversité de la composition des élèves de la même classe et l'aide à apporter à ceux qui ont des difficultés de suivre le niveau de leurs collègues », ont mis en garde les syndicalistes. L'augmentation des horaires représente une dégradation des conditions de travail pour les professeurs qui va avoir une incidente sur les tâches d'organisation, de préparation et de soutien individualisé des élèves. Les syndicalistes ont enfin appelé la classe politique à revenir sur les mesures d'austérité affectant l'éducation et adopter une politique éducative «responsable». Ils ont dans ce sens mis en garde contre la possibilité d'appeler à une grève générale dans l'enseignement au niveau national au cas où «les réductions budgétaires s'étendent au reste des communautés autonomes». La centrale Commissions Ouvrières (CC.OO) a ainsi annoncé un agenda de mobilisations dont des grèves les 21 et 27 septembre en Galice, une autre le 14 courant à Madrid, qui va coïncider avec la rentrée scolaire. La capitale espagnole abritera, enfin, le 22 octobre une grande marche sous le thème «en faveur de l'école publique».