Riche et variée, la mémoire du théâtre marocain garde retentissants beaucoup de noms retentissants. Mais, celui de Ahmed Tayeb Laâlaj restera des plus gravés dans l'histoire des planches marocaines. A la faveur d'un répertoire impressionnant, l'homme auquel le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a rendu lundi dernier un vibrant hommage, caracole en tête des précurseurs qui ont su donner de la couleur à un théâtre parfois théorique et expérimental … Le doyen des hommes de théâtre marocains s'est démarqué surtout par cette empreinte populaire, cette dimension locale et cette facilité du verbe. La darija (dialecte marocain) a retrouvé, d'ailleurs, avec lui tout ses moments de gloire. Grâce à lui, les Marocains ont pu renouer avec les représentations sur scène. Les férus de cet art sublime ne pourrons oublier les pièces où il s'est illustré personnellement, telles «Wali Allah», «Al Haj Adama», «Aâmail Joha». Avec lui, la troupe de la «Maâmora» vivra un bonheur artistique certain. Que ce soit dans son prestigieux de dramaturge, dans sa passion infinie d'adaptateur, ou encore dans ses techniques de bon interprète, Tayeb Laâlaj s'est toujours avéré convainquant. Au fil des ans, la caste des artistes voyait en lui un sage qui gardait intact son penchant et son enthousiasme pour l'ironie, la satire et l'humour. Autant de qualité qui ont maintenu une jeunesse d'esprit immortelle. Les chanteurs et chanteuses marocains ne peuvent oublie également un parolier au verbe limpide et sans ambages. Mais l'on saura après qu'il a un don pareil au niveau de la poésie populaire. En tant que parolier, l'homme aux multiples talents avait émerveillé son public de vers inoubliables, dont les plus célèbres sont « Khouyi khouyi », interprétée par Latifa raâfat, et Mana Illa Bachar du doyen de la chanson marocaine Abdelouahab Doukkali. Et pour atteindre à ce stade de reconnaissance, le parcours de cet autodidacte n'était nullement balisé. Obstacles, entraves, os et empêchements ont aussi façonné la personnalité, la créativité, le savoir-faire et le savoir-vivre de cet ancien apprenti menuisier. Il se bat, combat et s'évertua à se surpasser et à se parfaire. Il améliora ses techniques professionnelles. Quand des années après, cet autodidacte, arrivera à adapter des chefs-d'œuvre internationaux de la trempe des pièces de Molière, Brecht… «Tartuffe», « Les fourberie de Scarpin», «Le bourgeois gentilhomme …», l'on est en droit de s'interroger sur l'effort déployé, mais aussi et surtout sur la détermination et la volonté dont il avait fait preuve et qui l'habitaient. Le théâtre, surtout au niveau de sa partie savante (écriture, scénographie, dialogue, décor…), était un champ dédié aux lettrés. L'enfant de neuf ans avait décidé autrement. Après avoir pris part en compagnie de son frère à une pièce donnée en représentation, il voulait coûte que coûte monter ces belles planches. Il décida donc de devenir comédien. Son premier voyage vers Casablanca, ne durera pas longtemps, une tuberculose le poussera à revenir chez lui à Fès. Là, Tayeb Laâlaj fera non seulement la connaissance de l'homme de sa vie : Tahar Smires chef de la troupe «?Chabab El Fann?» (jeunesse de l'art), mais aussi le théâtre dans sa dimension artistique pure. Depuis, un long chemin à parcourir. Un talent à confirmer et une énergie à déployer. Vers le point d'arrivée, l'on a trouvé un homme exceptionnel, un artiste passionnant et passionné et être amoureux de la vie… jusqu'à la lie. Les hommages que lui ont rendu à Bruxelles, Paris, Ouarzazate, Agadir, Casablanca… et d'autres villes marocaine sont requis… mais surtout mérités.