La pensée islamique critique et humaniste de l'Algérien Mohamed Arkoun (1928-2010) a fait l'objet d'une présentation sans détours dans le dernier numéro du magazine italien Reset. “L'érudit algérien Mohamed Arkoun a été l'une des personnalités les plus influentes dans le monde musulman parmi celles qui se sont consacrées à une critique de l'extrémisme, la mystification et la dogmatisation du texte sacré dans le but de manipuler et d'asservir la religion pour des objectifs de pouvoir”, écrit le magazine, dans une analyse en arabe, anglais et italien. Afin de désamorcer et de démystifier “cette tromperie”, Arkoun “fait appel à la richesse de la tradition islamique de ressources humanistes”, ajoute le journal. Le penseur algérien a proposé la nécessité d'une “histoire critique du texte transmis dans le Coran, mais contrairement à l'érudit égyptien, Abou Zayd”, écrit-il, il a exprimé “un point de vue plus sûr de soi et critique”. Arkoun a également examiné, selon le journal, le texte sacré “comme quelque chose de perdu et d'irrécupérable (qui) n'est plus le résultat de la transcendance”, arguant que “la source divine est devenue méconnaissable à cause de la pression de l'idéologie politique”. Son essai “Critique de la raison islamique” incorpore l'héritage des Lumières françaises, bien que ce soit une erreur de dire, comme certains de ses ennemis ont fait, qu'il a adopté un point de vue occidental ou s'est éloigné de ses origines, selon le critique. Arkoun “a réussi avec ingéniosité, avec des ressources internes, à évoquer la tradition à laquelle il n'a jamais cessé d'appartenir”, plaide l'analyste. L'analyste estime que “l'humanisme musulman ou arabe de l'âge d'or de l'islam au 12e siècle aurait pu être prospère et produit ses propres lumières dans les sciences, les arts et la pensée critique, s'il n'avait pas été détruit à la naissance par les circonstances politiques”. “Il a conservé cette vision critique, dans son travail en tant que rédacteur en chef de la revue « Arabica », essayant de faire émerger le débat sur « l'impensé » dans la tradition musulmane, ce qui pourrait enrichir la conscience laïque et religieuse moderne”, poursuit le texte. Les études islamiques, pensait-il, “devrait donc, se consacrer à l'identification des ‘erreurs historiques' qui ont conduit à la décadence et la stagnation dont les pays musulmans ont été incapables de se libérer pendant des siècles”, ajoute le magazine. Il a produit de nombreux essais sur ce thème, notamment “Contribution à l'étude de l'humanisme arabe” (1970) et “Ecrits sur la pensée islamique” (1973), rappelle-t-il. “Quant à sa critique approfondie du texte sacré, elle apparaît dans son livre « Lectures du Cora » (1982), un ouvrage qui l'avait exposé à des accusations d'hérésie, comme cela est arrivé à Abu Zayd, en dépit de sa grande préoccupation de rester dans le contexte religieux, celui suivi par le croyant, dans sa relation avec le Coran”, relève le magazine. Jusqu'à la fin, Arkoun a contribué “activement” au dialogue entre les cultures et entre les religions et a publié de nombreux livres en arabe, français, italien et dans de nombreuses autres langues, rappelle le magazine. Source : http://www.algerie-focus.com/