Parti de l'Istiqlal : Un nouveau Comité Exécutif, fort et cohérent    Sommet de la Francophonie : L'innovation et l'entrepreneuriat au cœur des débats    Inédit : La France mobilise un sous-marin nucléaire dans un exercice naval avec le Maroc    Maroc : Forte participation à la marche de soutien avec la Palestine, un an après le 7 octobre    CDM Futsal Ouzbékistan 24 : Le Brésil Champion du Monde !    Salon du Cheval d'El Jadida : Une exposition collective en l'honneur du cheval    Semaine Eco-EP 33 : Séisme et inondations, Salon du cheval, Tourisme, Industries de la culture, ...    Salon du cheval d'El Jadida: Le Suisse Adrian Schmid remporte le Grand Prix du Roi Mohammed VI de saut d'obstacles    Taekwondo: Amina Dehhaoui, championne du monde junior    CJEU ruling : Portugal reaffirms EU-Morocco partnership    Ouverture de la saison de chasse 2024-2025 dans la région de l'Oriental    L'Iran n'est pas notre ennemi, c'est son régime théocratique qui l'est !    « Des errements juridiques évidents et des erreurs de fait suspectes « , souligne un communiqué du MAEC    La remontada !    Manche : Près de 1.000 traversées illégales vers l'Angleterre en une seule journée, un record    SM le Roi adresse un message de condoléances et de compassion à la famille de l'actrice feue Naima Lamcharki    Présidentielle en Tunisie : Ouverture des bureaux de vote    Grève chez Boeing: Nouvelles négociations avec les syndicats    Un an de bombardements à Gaza: Grande mobilisation à Rabat pour dénoncer l'agression israélienne    Arrêt de la Cour de Justice de l'UE : l'ASMEX appelle à diversifier les débouchés des exportations marocaines    La Capacité bénéficiaire des sociétés cotées estimée à 16,9 MMDH en 2024    Real : Carvajal ''out'' pour une longue période !    « La Kéchoise » : La Tangéroise Fatima Zahra Erragui remporte la 4ème édition    Les Forces Auxiliaires mettent à l'honneur le cheval Arabe-Barbe    Lahlimi : la digitalisation, un facteur clé de réussite de l'opération de collecte des données    Faits marquants de la semaine à la Bourse de Casablanca    Les étudiants en médecine envahissent les rues de la capitale    Les manifestants appellent Miraoui à jeter l'éponge    Le temps qu'il fera ce dimanche 6 octobre 2024    Benabdallah reçoit une délégation chinoise au siège national du parti à Rabat    Le Roi Mohammed VI adresse un message de condoléances suite au décès de l'actrice Naima Lamcharki    Une grande dame du cinéma, du théâtre et de la télévision s'en est allée    Diplomate brillant, militant de la première heure et poète singulier...    Moussem Belgica: Rencontre avec les écrivains maroco-belges à Tanger    Casablanca-Settat. Création d'un fonds régional d'investissement et d'un « Campus Tech »    Noureddine Naybet se prépare pour affronter le Danemark    Le 36e Med Avenir du COC continue sur sa lancée    Al Hoceinia holding (Groupe Laghrari). Plus de 3,5 milliards de DH d'investissements en cours    L'Université Mohammed VI des Sciences et de la Santé ouvre son troisième campus à Dakhla    Températures prévues pour le lundi 07 octobre 2024    Le dirham stable face à l'euro du 26 septembre au 02 octobre (BAM)    Décision de la CJUE : L'Autriche réaffirme son attachement à ses «excellentes relations» avec le Royaume du Maroc    Libye: Aziz Hattab remporte le Prix du meilleur acteur au Festival international du court métrage    Algérie : Tebboune justifie les visas pour les Marocains par «la légitime défense»    Soyez à l'écoute des appels d'aide de votre rein : Symptômes et examens biologiques    MAGAZINE : Meriam Benkirane, longévité de la beauté éphémère    Moussem culturel : Politique, littérature, arts et médias à Assilah    Compétitivité : le Royaume-Uni part à la conquête des investisseurs    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La raison émergente, un concept défendu bec et ongles par feu Mohamed Arkoun pour asseoir une pensée libre
Publié dans MAP le 17 - 09 - 2010

Le grand philosophe et historien de l'Islam, Mohamed Arkoun, qui s'est éteint mardi à Paris, à l'âge de 82 ans, a défendu bec et ongles tout au long de son parcours de chercheur, le concept de la raison émergente pour asseoir une pensée libre afin que "l'islam des lumières", retrouve pleinement sa place dans le monde contemporain.
Par Roukane EL GHISSASSI
Ce météore lumineux, dont les travaux font autorité dans les milieux universitaires et sont traduits en plusieurs langues, plaidait pour ce concept qu'il a forgé lui-même, dont il estimait que "nous devons construire ensemble à travers le monde, quelle que soit la région d'où nous venons, pour pouvoir établir une dialectique de l'esprit".
Pour lui, c'est cette raison émergente qui va prendre en charge les "impensées dans la pensée islamique depuis la disparition du logos, de la raison, dans des sociétés où les Etats refusent la liberté de pensée", avait-il affirmé lors de son intervention à la 1-ère séance de la XVII-ème Conférence de l'Académie de la Latinité initiée sous le thème "la dialectique du dialogue : la quête de l'interculturalité" tenue en avril 2008 à Rabat.
Revenant sur les raisons de ces impensées dans le corpus de la pensée islamique, M. Arkoun a estimé qu'elles "font défaut non pas en raison des carences qui seraient inhérentes à cette pensée mais à la fermeture de la porte à l'historicité".
Il a consacré à cette question plusieurs ouvrages dont "La Pensée arabe" (Paris, 1975), "Lectures du Coran" (Paris, 1982), "Penser l'islam aujourd'hui" (Alger, 1993), ou encore "The Unthought in Contemporary Islamic Thought" (Londres, 2002).
Ce spécialiste de l'islamologie appliquée s'inscrivait résolument dans le mouvement critique du réformisme musulman et défendait ardemment le modernisme et l'humanisme islamique, en développant une réflexion sur la critique de la modernité dans la pensée islamique.
L'érudit Feu Arkoun a su tisser directement un dialogue étroit impliquant les trois religions monothéistes. La preuve en sont les ouvrages qu'il a co-écrits avec des intellectuels des deux autres confessions. Le thème de la laïcité lui tenait à cÂœur et il l'inscrivait dans un cadre de la nécessité, en ce sens qu'il insistait sur la prise en compte des spécificités de la culture dans son contexte historique.
Son approche de la laïcité ne l'empêchait pas pour autant de porter sur elle une critique, en raison notamment des contradictions qu'elle a aussi engendrées et qu'il voudrait voir dépassées, et qui se résument selon lui, à une incompréhension de l'autre culture: "Je m'efforce depuis des années, à partir de l'exemple si décrié, si mal compris et si mal interprété de l'islam, d'ouvrir les voies d'une pensée fondée sur le comparatisme pour dépasser tous les systèmes de production du sens - qu'ils soient religieux ou laïcs - qui tentent d'ériger le local, l'historique contingent, l'expérience particulière en universel".
Cela implique, soulignait-il, dans une revue +Ouvertures sur l'islam+, "une égale distance critique à l'égard de toutes les valeurs héritées dans toutes les traditions de pensée".
Feu Arkoun souhaitait que les musulmans puissent réfléchir et prendre au sérieux l'histoire de l'Islam, pour avoir une vision d'envergure qui englobe aussi bien le passé très lointain et permette d'avoir de la distance pour éclairer les esprits et les consciences endormis.
Il invoquait avec nostalgie l'âge d'or des musulmans et notamment le 10-ème siècle, qui était marqué par une vie intellectuelle bouillonnante, féconde et très riche. Ce fut une période de l'histoire pour les musulmans où la philosophie était l'activité intellectuelle prisée par les esprits savants de l'époque et où le logos, la raison, régnaient en maître à penser.
La philosophie islamique est née et s'est enrichie au contact des philosophes grecs comme Platon et Aristote qui furent lus et traduits dans un échange avec les "Anciens", et interprétés également dans un échange avec les philosophes européens, chrétiens et juifs.
La perspective qu'a tracée le regretté Mohamed Arkoun, consiste en une écriture de l'histoire et une vision portée sur le passé dans son lien avec la religion, en rapport avec la question de l'identité nationale.
Mohamed Arkoun a vu le jour en 1928 dans un village kabyle du nord de l'Algérie, Taourirt-Mimoun (Ath Yenni), dans l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou. Il suit ses études primaires dans son village natal, puis secondaire à Oran, pour se consacrer ensuite à l'étude de la philosophie à la Faculté de littérature de l'université d'Alger puis à la Sorbonne à Paris.
Il y est agrégé en langue et en littérature arabes en 1956 et docteur en philosophie en 1968. Le défunt Arkoun était très connu dans les milieux universitaires, à travers ses importants travaux sur l'Âœuvre de l'historien et philosophe perse, du premier millénaire, Ibn Miskawayh, du courant humaniste musulman, notamment en traduisant son "Tahdhib al-Akhlaq wa Tathir al-Aâraq" en Traité d'éthique.
Il n'a pas tardé pour être récompensé sur l'ensemble de son Âœuvre par plusieurs académies prestigieuses européennes. En juillet 1996, il est fait officier de la Légion d'honneur, puis officier des Palmes académiques. Ensuite, l'université d'Exeter (Royaume-Uni) lui attribue le titre de docteur honoris causa.
En 2001, le grand orateur Arkoun est invité à donner les "conférences de Gifford" (Gifford Lectures) à l'université d'Edimbourg (Ecosse), qu'il avait intitule "Inauguration d'une critique de la raison islamique" (Inaugurating a Critique of Islamic Reason), une reconnaissance des plus méritée dans le milieu universitaire, permettant à un chercheur de grande renommée de contribuer à l'"avancement de la pensée théologique et philosophique".
Le regretté disparu Mohamed Arkoun reçoit en 2002 le 17e "Giorgio Levi Della Vida Award" pour l'ensemble de ses contributions dans le domaine de l'étude islamique, et en 2003 il se voit attribuer le Prix Ibn-Rochd (Averroès) pour la liberté de pensée.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.