Le modèle marocain en matière de tolérance et de dialogue interreligieux a été mis en avant, mardi à Strasbourg, lors d'un entretien du Consul général du Maroc, Driss El Kaissi, avec le Représentant Spécial de la Secrétaire Générale du Conseil de l'Europe sur la haine et les crimes de haine antisémites et antimusulmans, Daniel Höltgen. Lors de cette rencontre, M. Höltgen a exprimé son admiration de l'approche singulière du modèle religieux marocain sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine. Il a fait part de son intérêt pour un échange sur l'expérience accumulée par le Royaume dans les domaines de la lutte contre les discours de haine et contre la radicalisation, marquant son accord pour effectuer une visite au Maroc afin de s'arrêter de près sur les réalisations accomplies et les chantiers ouverts en matière de protection des cultes. Tout en insistant sur l'importance de la consécration des vertus de l'ouverture, du dialogue et de la cohabitation pour éradiquer certains stéréotypes, le responsable européen a affirmé que la prévention de l'antisémitisme et du sentiment antimusulman ainsi que des autres formes d'intolérance religieuse est aujourd'hui une priorité essentielle du Conseil de l'Europe , comme en témoigne la récente création du mandat du « Représentant Spécial de la Secrétaire Générale du Conseil de l'Europe sur la haine et les crimes de haine antisémites et antimusulmans». L'Islam, aux côtés des autres religions et croyances, fait partie de l'Europe d'aujourd'hui, et il est fondamental que les amalgames entre terrorisme et croyances soient dissipés, a-t-il souligné. Cette rencontre a été l'occasion pour le Consul général de mettre en avant les réformes et réalisations accomplies par le Maroc dans la gestion du champ religieux pour le rayonnement de l'islam authentique tolérant et qui prône le vivre-ensemble. Chantre d'un Islam tolérant et modéré tout au long de son histoire jusqu'à nos jours, le Maroc a toujours été une terre de coexistence, de cohabitation, de tolérance et d'interaction entre les Musulmans et les adeptes d'autres religions, notamment les Chrétiens et les Juifs, a affirmé le diplomate marocain. Dans le même sillage, M. El Kaissi a tenu à souligner la singularité du modèle religieux marocain, fondée sur la Commanderie des Croyants, qui se veut un facteur d'unité et garante du respect des principes de l'islam au Maroc, y compris dans sa projection africaine et basée sur le rite sunnite, comme socle de croyance, le dogme achaarite et le rite Malékite qui se veut une jonction entre texte et contexte, a-t-il ajouté. Il a également souligné que sous le leadership éclairé de SM le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, protecteur de la religion et de la foi, le Maroc ne cesse de multiplier les initiatives en vue de maintenir et de promouvoir cette singularité. En effet, a-t-il poursuivi, à la faveur d'une Vision Royale éclairée, le Maroc s'est engagé dans une stratégie multidimensionnelle et proactive dont l'objectif est de sauvegarder l'identité religieuse des Marocains et d'immuniser le Royaume contre les idées extrémistes et contre toute instrumentalisation politique ou idéologique de la religion. Dans le cadre de cette vision avant-gardiste, le Maroc, a accordé une place de choix à la mise en place d'un encadrement efficient de l'enseignement théologique qui vise à protéger le référentiel religieux du Royaume, a-t-il souligné. Le diplomate marocain a cité, à titre d'exemple, l'Institut Mohammed VI de la formation des Imams Morchidines et Morchidates qui accueille, depuis sa création en 2015, des prédicateurs originaires d'Europe et d'Afrique, relevant que ces derniers ont bénéficié d'une formation solide sur les concepts de l'Islam tolérant. Pour M. El Kaissi, ces efforts ont pris un nouvel élan avec la création de la Fondation Mohammed VI des Oulémas Africains, un établissement qui consacre la spécificité des liens géographiques, des attaches de l'Histoire, des substrats scientifiques et des sensibilités spirituelles adossées au partage entre le Maroc et nombre de pays africains, des constantes religieuses et doctrinales. Et de poursuivre, que depuis 2010, le Souverain a enclenché une dynamique en faveur de la réhabilitation du patrimoine juif marocain, appelant à la restauration des synagogues, sanctuaires ainsi que des cimetières juifs à travers le Royaume. Ce processus a permis de faire de ces sites des archives à ciel ouvert, ainsi qu'une fenêtre sur la culture et la civilisation marocaines à travers leur composante hébraïque, a-t-il expliqué. En outre, le Maroc a joué un rôle majeur dans la promotion du dialogue interculturel et interreligieux dans les enceintes multilatérales, a tenu à souligner M. El Kaissi, rappelant que c'est à l'initiative du Royaume que l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté, en juillet 2019, une résolution sur la promotion du dialogue interreligieux et de la tolérance dans le cadre de la lutte contre les discours de haine. Il y a eu également l'organisation du « Forum du Dialogue Interreligieux » de l'Union Africaine en novembre 2018 et la Conférence Internationale sur le Dialogue des cultures et des religions à Fès dans la même année. Cette série d'initiatives s'inscrit en droite ligne de l'esprit du Discours fondateur que SM le Roi Mohammed VI avait prononcé en avril 2004 sur la restructuration du champ religieux au Maroc. Outre ces initiatives multilatérales en faveur du dialogue interreligieux, le Maroc tient également à tenir un dialogue avec les leaders des autres religions, comme en témoigne la visite effectuée par Sa Sainteté le Pape François au Maroc, les 30 et 31 mars 2019, a-t-il rappelé. Il a également souligné que s'il faut citer les succès du Maroc en termes de singularité du modèle religieux, la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme ne saurait être mise de côté, notant que la stratégie adoptée par le Royaume dans ce domaine s'appuie sur une vision globale et intégrée associant différents volets (législatif, social, religieux et sécuritaire). Dans ce sens, il est revenu sur le rôle de la Rabita Mohammadia des Oulémas dans la lutte contre le discours de haine, en expliquant les différents « output » qu'elle met en place afin d'offrir des alternatives aux discours véhiculés sur internet et qui risquent d'altérer la perception et la compréhension des jeunes. Le diplomate marocain a enfin mis en exergue le programme Musalaha (réconciliation) mis en place en 2017 dans les prisons et qui vise la déradicalisation des détenus impliqués dans des affaires d'extrémisme et de terrorisme.