Israël a été largement condamné après la mort dimanche d'au moins 52 civils dont 30 enfants, dans le bombardement du village de Cana, dans le sud du Liban, qui a entraîné l'annulation d'une visite de Condoleezza Rice à Beyrouth et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'Onu. Les appels se sont multipliés en faveur d'une cessation des hostilités qui ont fait 750 morts au Liban depuis le 12 juillet selon Beyrouth. Le Haut représentant pour la politique étrangère de l'UE, Javier Solana, a exprimé sa «consternation», soulignant que «rien ne peut justifier» de telles pertes civiles. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a dénoncé une «agression barbare» et l'Organisation de la conférence islamique un «crime de guerre». Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a demandé aux 15 membres du Conseil de sécurité réunis d'urgence à New York de «condamner cet acte dans les termes les plus fermes», estimant qu'Israël exerçait son droit à l'autodéfense à «une échelle inacceptable». Il a «supplié» les États membres de surmonter leurs divergences pour mettre fin au conflit. Le bombardement de Cana a contraint Washington, principal allié d'Israël, à admettre la nécessité d'une cessation rapide des hostilités. «Je pense que ce qu'il est temps de faire, c'est de parvenir à un cessez-le-feu», a déclaré, en visite à Jérusalem, la secrétaire d'État Condoleezza Rice, se disant «profondément attristée». Un porte-parole de la Maison Blanche, Blaine Rethmeier, a cependant souligné que la position des États-Unis n'avait pas changé et s'est borné à observer que Washington «continue de demander à Israël de faire preuve de retenue». Israël a exprimé ses «regrets», ordonné une enquête et a promis de permettre l'acheminement d'une aide humanitaire à Cana, mais a fait montre d'une détermination inchangée. «En dépit de cet incident pénible, je ne demanderai pas aux forces de défense de stopper le feu ou de modifier leurs opérations. Nous continuerons à agir sans hésitation contre le Hezbollah. Nous ne cesserons pas cette opération», a averti le Premier ministre israélien, Ehud Olmert. Des responsables militaires israéliens ont en outre émis des doutes sur l'origine de l'explosion qui a causé la mort des civils à Cana. Le carnage a entraîné l'annulation d'une visite au Liban de Mme Rice, qui devait rentrer lundi à Washington. «Il n'y a pas de place pour des discussions en cette triste journée», a déclaré le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, exigeant «un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel avant toute chose» et accusant Israël de «terrorisme d'État» et de «crimes contre l'Humanité». La France, dont le président, Jacques Chirac, a condamné une «action injustifiable», a indiqué avoir diffusé au Conseil de sécurité un projet de résolution demandant la cessation immédiate des hostilités et détaillant les modalités d'une force internationale. Les États-Unis et leur allié britannique ont pour leur part souligné rechercher un «cessez-le-feu durable». Washington «voudrait éviter une répétition de cette situation où l'on se contente de mettre un sparadrap sur quelque chose», car «des jours, des semaines ou quelques mois plus tard la violence recommence», a déclaré le secrétaire d'État adjoint Nicholas Burns, plaidant pour la constitution d'une force de paix capable de neutraliser le Hezbollah. La situation est «absolument tragique», a déclaré le Premier ministre britannique Tony Blair, «mais nous devons nous assurer que (...) les négociations que nous conduisons vont mener à une réelle cessation des hostilités d'une manière qui assure qu'elles ne se reproduisent pas». À Beyrouth, où des milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer le massacre de Cana, le siège local de l'ONU a été saccagé. Le Hezbollah a promis que «cet horrible massacre, comme d'autres, ne restera pas impuni», promettant «des réactions contre le monde, muet et complice, qui doit assumer ses responsabilités». À Gaza, le Hamas a déclaré que «toutes les options étaient ouvertes pour les résistances palestiniennes et libanaises» après Cana. La branche militaire du mouvement palestinien Jihad islamique a promis des «attentats suicides» contre Israël, et les Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, groupe armé issu du Fatah, ont annoncé considérer désormais comme cible «les États-Unis et certains pays occidentaux». Le président palestinien Mahmoud Abbas a accusé Israël d'avoir perpétré un «crime» et a appelé l'Onu à instaurer un cessez-le-feu immédiat. La Chine a «fermement condamné», et a demandé un «cessez-le-feu immédiat». La Finlande, qui préside l'UE, s'est dite «choquée» et a appelé à «une cessation immédiate des hostilités». Madrid a exprimé «sa plus profonde consternation» et appelé à un cessez-le-feu, tout comme Berlin. L'Italie est «profondément troublée», a déclaré le chef du gouvernement italien Romano Prodi. Le premier ministre irlandais Berthie Ahern s'est dit «choqué et consterné», et le ministre suédois des Affaires étrangères, Jan Eliasson, a estimé qu'il était «temps de mettre un terme à cette folie». La Suisse a appelé à un cessez-le-feu et la Grèce s'est dite «atterrée» par cette «tuerie massive». L'Égypte a condamné une «attaque irresponsable» et exigé un «effort international (...) pour arrêter les attaques militaires immédiatement». Le roi Abdallah II de Jordanie a dénoncé «l'agression criminelle» d'Israël et les Emirat arabes unis un «horrible massacre». Des protestations auxquelles se sont joints le Brésil, l'Inde, le Pakistan, l'Afghanistan, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie, qui a décrété un deuil national de trois jours. La Turquie a condamné un usage «disproportionné et aveugle» de la force au Liban, et l'Arabie saoudite a dénoncé une «action sauvage». Le président Syrien Bachar al-Assad a dénoncé un «horrible carnage» relevant d'un «terrorisme d'État». Le chef de la diplomatie iranienne Manouchehr Mottakia déclaré que son pays qu'il tenait pour «responsables» les États-Unis «et les pays qui soutiennent le régime sioniste».