Les préparatifs pour l'envoi par l'ONU d'une force internationale au Liban-sud ont dominé lundi la dernière journée du G8 de Saint-Pétersbourg, également marquée par une rencontre du forum avec les pays émergents sur les questions commerciales. Alors que le conflit entre Israël et le Hezbollah ne donne aucun signe d'apaisement, le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan les a appelés à conclure une trêve pour permettre la mise en place d'une force internationale à la frontière israélo-libanaise. "Les combats pourraient se poursuivre un temps (mais) nous devons obtenir des parties concernées qu'elles se mettent d'accord, aussi vite que possible, sur une cessation des hostilités pour nous donner le temps de travailler" à l'envoi de ces soldats, a dit M. Annan, arrivé à Saint-Pétersbourg pour la dernière journée du sommet. Il a ajouté que la force qu'il envisageait serait "une force de stabilisation". "La seule manière de voir une fin de la violence est d'avoir une force internationale déployée dans la zone", a dit lundi le Premier ministre britannique Tony Blair, qui a ajouté que cette force de "stabilisation" serait un "contingent plus important et doté d'une mission bien plus précise et claire" que les 2.000 hommes de l'actuelle mission d'observateurs, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul). L'idée de cette mission avait été avancée la veille par les chefs d'Etat et de gouvernement du G8, parvenus difficilement à surmonter leurs divisions pour publier une déclaration commune sur le Proche-Orient. Le texte précise les conditions pour mettre fin à l'escalade de la violence au Liban, en demandant qu'Israël et le Hezbollah mettent fin à leurs bombardements. Le président français Jacques Chirac a pour sa part déclaré qu'il fallait également mettre en place "une sorte de cordon sanitaire". "L'idée c'est à la fois d'avoir une force internationale et d'avoir également un cordon de surveillance" au sud Liban, a-t-il dit. Interrogé sur l'application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui prévoit le désarmement des milices libanaises, il a répondu que "cela demandera probablement quelques moyens de coercition". Par ailleurs, le G8 s'est réuni dans la journée pour un ultime effort visant à sauver les négociations de Doha à l'OMC sur la libéralisation du commerce mondial, aujourd'hui bloquées. Les dirigeants des grandes puissances ont tenu une réunion avec leurs homologues brésilien, chinois, indien, mexicain et sud-africain. Le chef d'Etat brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont le pays joue un rôle-clé à l'OMC, s'est dit prêt à faire preuve de "flexibilité", à condition que les autres pays bougent aussi. La veille, les Huit avaient tenté de relancer les tractations commerciales en fixant à la mi-août une date-butoir pour les négociateurs afin qu'ils brossent les grandes lignes d'un accord. Le cycle de Doha doit en principe bénéficier en priorité aux pays pauvres, en leur ouvrant les marchés européens et américain. Les négociations achoppent principalement sur les subventions agricoles qui mettent les producteurs des pays pauvres en position de faiblesse. Les pays de l'OMC doivent trouver un consensus sur l'ampleur des coupes à faire dans les tarifs douaniers et les subventions, dans le cadre des pourparlers appelés "cycle de Doha", du nom de la capitale du Qatar où ils avaient été lancés en 2001. Quel que soit le résultat de la rencontre avec les pays émergents, la Russie, hôte du sommet, peut d'ores et déjà se réjouir d'un succès relatif qui consacre son retour dans la cour des grands. Le tournant décisif a été le consensus réalisé sur le Proche-Orient dimanche - grâce, semble-t-il, a une séance de travail à deux entre Vladimir Poutine et le Premier ministre britannique Tony Blair - sur l'effort demandé tant à Israël qu'au Hezbollah pour enrayer l'escalade de violence au Liban. Le texte, qui se veut équilibré, demande la libération des soldats israéliens enlevés, l'arrêt des bombardements du territoire israélien et de l'offensive israélienne au Liban et à Gaza et la libération des ministres et parlementaires palestiniens arrêtés par Israël. Et M. Poutine a eu la satisfaction, qu'il a rendue publique - d'éviter que la Syrie, alliée de la Russie, soit nommément désignée parmi les soutiens des "extrémistes" du Proche-Orient. Bémol de taille toutefois pour les Russes au sommet: leur adhésion à l'OMC a été refusée par les Américains dans l'immédiat.