Les ministres des Affaires étrangères des pays arabes se réunissent ce lundi à Beyrouth pour soutenir le Liban, opposé à un projet de résolution franco-américain à l'ONU visant à mettre fin à un conflit sanglant qui a fait plus de mille morts dans le pays en moins d'un mois. 27e jour Au 27e jour du conflit, 14 civils libanais, dont sept membres de deux familles mortes sous les décombres de leur maison, ont été tués ce lundi dans des raids israéliens, selon la police libanaise. Un soldat israélien a été tué lors de combats avec le Hezbollah dans le village de Bint Jbeil, dans le sud du Liban, selon des sources militaires israéliennes. De son côté, la Résistance islamique, branche armée du Hezbollah, a affirmé dans un communiqué avoir tué quatre militaires israéliens, dont un officier, dans une attaque près de Houla, au Liban sud. Raids violents Cette information a été démentie par une porte-parole militaire israélienne, qui a toutefois reconnu que cinq soldats avaient été blessés aux abords de ce village. Au lendemain de la journée la plus meurtrière pour Israël depuis le début du conflit avec 15 tués, dont 12 militaires, par des salves de roquettes du Hezbollah, l'armée israélienne a mené une vague de bombardements du sud à l'est du Liban. Des raids particulièrement violents ont été également menés à l'aube dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du parti chiite Hezbollah. Projet de résolution A Beyrouth, les chefs de la diplomatie des 22 pays membres de la Ligue arabe devaient se réunir ce lundi pour soutenir la position du Liban, qui a demandé que soit amendé le projet de résolution franco-américain au Conseil de sécurité de l'ONU. Le projet de résolution, conclu samedi après plusieurs jours d'âpres négociations, demande un "arrêt complet des hostilités", mais ne fait mention ni de cessez-le-feu ni de retrait immédiats des troupes israéliennes déployées en force dans le sud du Liban. Retrait Les cinq "Grands" du Conseil de sécurité devaient poursuivre leurs discussions lundi sur les objections de Beyrouth, après avoir échoué dimanche à trouver une solution. Le Liban exige notamment le retrait des soldats israéliens immédiatement après la cessation des hostilités, et le déploiement dans le sud du pays des forces armées libanaises, appuyées par une force internationale. Le Hezbollah a prévenu qu'il poursuivrait ses attaques de roquettes sur Israël aussi longtemps que des soldats israéliens se trouveraient sur le sol libanais. En suspens L'exigence d'un retrait israélien rencontre l'opposition de l'Etat hébreu qui ne souhaite retirer ses soldats qu'une fois qu'une force multinationale serait déployée dans le sud du Liban. Ces divergences mettent encore une fois en suspens l'annonce tant attendue d'une trêve à ce conflit qui a fait, depuis le 12 juillet, 1.021 morts, 3.369 blessés et plus de 900.000 déplacés au Liban, selon les chiffres officiels. Objectifs La cessation de ces tirs est "l'objectif numéro un", a souligné ce lundi le ministre israélien de la Sécurité intérieure, Avi Dichter. "Dans ce but, aucune limite de temps n'a été fixée à l'armée", a-t-il dit à la radio publique. L'Iran, considéré avec la Syrie comme le principal soutien du Hezbollah, a jugé ce lundi que le projet de résolution de l'ONU revenait à "une opération politique contre le Liban". Le texte "a été transformé, sous l'influence américaine, en texte partial et revient en l'état à une autre opération contre le Liban", a affirmé le ministre des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki. Pas de retrait La Syrie avait réagi dimanche au projet franco-américain en brandissant la menace d'une "guerre régionale", et a assuré qu'elle répondrait "immédiatement à toute agression" venant d'Israël. Israël a lui accueilli positivement le projet, mais a prévenu qu'il allait poursuivre ses opérations et ne se retirerait du Liban sud "que lorsqu'il sera remplacé" sur le terrain par une force multinationale. Échange Les chefs de la diplomatie des pays de la Ligue arabe, réunis à l'initiative de l'Arabie saoudite, doivent apporter leur soutien au plan de paix présenté le 26 juillet à la communauté internationale par le Premier ministre libanais Fouad Siniora. Ce plan prévoit notamment un cessez-le-feu et l'échange de prisonniers entre le Hezbollah et Israël, mais aussi l'envoi de l'armée libanaise dans le sud du Liban, ce qui implique le désarmement de facto du Hezbollah, ainsi qu'un renforcement de l'actuelle force des Nations unies au Liban. Sommet extraordinaire Selon le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, les ministres arabes vont aussi discuter de la tenue d'un sommet extraordinaire, qui pourrait être organisé à La Mecque (Arabie saoudite) dans les prochains jours, selon le quotidien libanais As-Safir. (belga)