Le Liban a été frappé lundi par de nouveaux raids israéliens meurtriers et dévastateurs après les menaces d'Israël d'une riposte dure aux tirs de roquettes du Hezbollah en profondeur sur son territoire, sans aucun signe d'une pause dans le conflit. Au sixième jour de l'offensive israélienne, l'armée a intensifié ses raids contre de nombreux objectifs au Liban dont le port de Beyrouth, tuant au moins 19 personnes, alors que le Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes sur le nord de l'Etat juif, en dépit des multiples appels au cessez-le-feu. Les opérations d'évacuation à grande échelle des étrangers ont commencé au Liban de crainte d'un embrasement général. L'opération israélienne, la pire depuis l'invasion du Liban en 1982, a fait au moins 167 morts et 400 blessés depuis son lancement le 12 juillet en riposte à la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah et la mort de huit autres à la frontière. Les opérations militaires de part et d'autre de la frontière israélo-libanaise se poursuivent sans relâche, alors qu'une délégation de l'ONU se trouve à Beyrouth, où elle a appuyé un appel au cessez-le-feu lancé samedi par le Premier ministre libanais Fouad Siniora qui a déclaré le Liban "pays sinistré" et appelé à l'aide la communauté internationale. Le Conseil de sécurité devait reprendre lundi ses consultations au lendemain de l'appel des dirigeants du G8 réunis à Saint-Pétersbourg à tous les protagonistes à cesser les hostilités pour enrayer la spirale de la violence au Proche-Orient, dans le premier message de la communauté internationale. Mais le conflit continue. L'aviation israélienne a mené aux premières heures 60 raids au Liban, tuant dix-neuf personnes. Les raids ont visé des positions et institutions du Hezbollah, des dépôts d'essence, des stations radars et des bases de l'armée libanaise, des ponts et des routes dans l'est, le sud et le nord du Liban, ainsi qu'une nouvelle fois le port de Beyrouth, selon des sources policières. Les bombardements ont continué à viser la banlieue sud de Beyrouth, où se trouve le commandement du Hezbollah qui a été complètement détruit. En Israël, trois personnes ont été blessées dans le village de Talel après par le tirs d'une quinzaine de roquettes à partir du Liban sur le nord du territoire israélien, a indiqué l'armée. Des roquettes se sont abattues à Saint Jean d'Acre et pour la première fois près des villes d'Afoula et de Nazareth. Au total, 12 personnes ont péri en Israël dans les tirs de roquettes par le Hezbollah, dont huit dans un dépôt ferroviaire à Haïfa, troisième ville du pays située à une quarantaine de km de la frontière. "C'est la pire attaque jamais lancée depuis le Liban", a indiqué Israël en commentant les tirs sur Haïfa. La reprise du bombardement du port de Beyrouth fait craindre un retard des opérations d'évacuation par mer organisées par plusieurs ambassades occidentales de leurs ressortissants, après la fermeture de l'aéroport international de Beyrouth, bombardé à maintes reprises. Une évacuation des ressortissants britanniques et français pourrait commencer dès lundi. Des navires de guerre britanniques sont arrivés devant les côtes libanaises, tandis que le porte-avions HMS Illustrious et le navire d'attaque amphibie Bulwark y sont attendus mercredi ou jeudi. Il y a environ 3.500 familles britanniques au Liban, soit quelque 10.000 personnes, auxquelles s'ajoutent 10.000 autres bénéficiant de la double nationalité. Le ferry grec Iera Petra, affrété par la France pour rapatrier ses 20.000 ressortissants, résidents ou touristes, a appareillé à 01H00 GMT de Limassol (sud de Chypre) vers Beyrouth et devait embarquer ses premiers passagers plus tard dans la journée. Premiers Américains à être évacués du Liban, une vingtaine de personnes sont arrivés dimanche à Chypre tandis qu'un premier groupe de 350 Européens est arrivé à Rome. Cette situation explosive ne semble pas prête à s'apaiser, alors que les positions d'Israël et du Hezbollah se sont davantage radicalisées. Israël a lancé le 12 juillet une offensive militaire contre le Liban, qui a fait au moins 165 morts et près de 400 blessés, en riposte à la capture de deux de ses soldats par le Hezbollah et la mort de huit autres à la frontière israélo-libanaise. "Nous allons utiliser tous les moyens" dans la confrontation avec Israël, a lancé sur un ton de défi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. "Puisque l'ennemi n'observe plus de ligne rouge, nous n'avons plus de ligne rouge non plus", a-t-il averti, après avoir déclaré samedi "une guerre ouverte" à Israël. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a, lui, assuré que "rien" n'empêcherait Israël de "parvenir à ses objectifs" et de chasser le Hezbollah de sa frontière nord pour l'empêcher de tirer sur les villes du nord d'Israël. Depuis le retrait israélien du Liban sud en 2000, les combattants du Hezbollah sont déployés au Liban sud, à la frontière avec Israël. Une résolution de l'ONU adoptée en 2004 appelle au désarmement du Hezbollah qui a des ministres au gouvernement. L'armée israélienne mène par ailleurs une offensive militaire dans la bande de Gaza où deux Palestiniens ont encore été tués lundi portant à au moins 85 morts le bilan de cette opération destinée à retrouver un soldat israélien capturé par des groupes armés palestiniens le 25 juin. Le sud d'Israël a été en outre la cible de roquettes tirées à partir de la bande de Gaza.