Le Hezbollah libanais a capturé mercredi deux soldats israéliens et tué trois autres à la frontière israélo-libanaise, dans une opération spectaculaire qui a entraîné une offensive militaire israélienne d'envergure au Liban. Cette opération a conduit à l'ouverture d'un nouveau front dans la région après l'enlèvement d'un autre soldat israélien par des groupes palestiniens le 25 juin à la frontière de la bande de Gaza qui a déclenché une grave crise. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a blâmé le gouvernement libanais pour la capture des deux soldats et rejeté toute négociation pour la libération des soldats, alors que l'aviation, la marine et l'artillerie israéliennes bombardaient des objectifs au Liban sud. "Les événements de ce matin ne sont pas une attaque terroriste mais une action lancée par un Etat souverain contre Israël sans aucune justification", a dit M. Olmert qui devait réunir son cabinet vers 17H00 GMT alors que son armée a mobilisé 6.000 réservistes prêts à être déployés à la frontière. "Le gouvernement libanais est responsable. Le Liban en payera le prix", a-t-il menacé. Le chef du gouvernement libanais Fouad Siniora est de son côté entré en contact avec le patron de l'Onu Kofi Annan qui a "condamné sans réserve" l'offensive israélienne et demandé la "libération immédiate" des deux soldats. Le Hezbollah a annoncé dans un communiqué avoir capturé le matin les deux soldats à la frontière avec Israël et vouloir les échanger contre des détenus arabes en Israël. "Conformément à son engagement d'obtenir la libération des prisonniers et détenus, la Résistance islamique (bras armé du Hezbollah) a capturé à 09H05 (06H05 GMT) deux soldats israéliens à la frontière avec la Palestine occupée, et les deux prisonniers ont été transférés dans un lieu sûr", a-t-il indiqué. Selon la police libanaise, les deux soldats ont été capturés en territoire libanais, dans la région de Aïta al-Chaab près de la frontière israélienne où une unité israélienne avait pénétré. Mais la télévision publique israélienne a indiqué qu'ils avaient été capturés près du moshav (ferme collective) Zarit en territoire israélien. Selon l'armée israélienne, trois soldats israéliens ont été tués dans cette même attaque du Hezbollah. La formation chiite n'a pas mentionné ces morts. L'annonce de la capture a été accueillie par des tirs de joie dans des régions du Liban, dont la banlieue chiite de Beyrouth contrôlée par le Hezbollah et des camps de réfugiés palestiniens. Le mouvement islamiste palestinien Hamas, dont la branche armée fait partie des groupes ayant enlevé le soldat israélien le 25 juin, a félicité le Hezbollah, de même que le guide spirituel des Frères musulmans en Egypte, Mohammad Mehdi Akef. Les Etats-Unis, de même que la France et l'Union européenne ont appelé à la libération des deux soldats. L'opération du Hezbollah constitue un nouveau coup dur pour Israël, déjà empêtré dans une offensive majeure dans la bande de Gaza à la recherche du soldat enlevé. L'offensive a coûté la vie à au moins 70 Palestiniens depuis une semaine dont 18 mercredi. Après l'annonce de la capture des soldats par le Hezbollah, l'armée israélienne a lancé son aviation, sa marine et son artillerie sur le sud du Liban dans une opération sans précédent depuis le retrait israélien de cette région en 2000. "Nos avions, nos chars et notre artillerie opèrent à l'intérieur du territoire libanais", a déclaré un porte-parole militaire israélien. Mais selon l'agence nationale d'information libanaise (ANI), citant des responsables militaires au Liban sud, aucun soldat israélien n'a franchi la Ligne bleue qui sert de frontière entre le Liban et Israël. Deux civils libanais ont été tués et onze personnes blessées, dont quatre journalistes et un militaire, dans les opérations de l'armée israélienne qui a mené une douzaine de raids aériens sur des ponts reliant les différents secteurs du Liban sud, ainsi que sur une centrale électrique et sur des positions du Hezbollah, selon la police. La marine israélienne, dont les vedettes étaient visibles de la côte face à la ville de Tyr (80 km au sud de Beyrouth), a bombardé une route secondaire reliant le Liban sud au reste du pays. L'embrasement à la frontière a commencé le matin avec la chute sur la haute-Galilée (nord d'Israël) de dizaines de roquettes de type katioucha et d'obus de mortier tirés à partir du Liban, faisant trois blessés, selon l'armée. Celle-ci a riposté en bombardant à l'artillerie Aïta al-Chaab et des localités libanaises frontalières. Le Hezbollah a ensuite bombardé des positions israéliennes dans le secteur occupé des fermes de Chebaa, aux confins du Liban, de la Syrie et d'Israël. En octobre 2000, le Hezbollah avait capturé trois soldats israéliens dans les Fermes de Chebaa. Leurs corps ont été échangés en janvier 2004 contre des détenus libanais et arabes en Israël.