Le Brésil n'a pas eu à forcer son talent pour se qualifier pour les quarts de finale de la Coupe du monde en battant 3-0 le Ghana, la dernière équipe africaine encore en compétition, en huitièmes de finale mardi après-midi à Dortmund. En quart de finale, le Brésil rencontrera le vainqueur du dernier huitième de finale qui opposera l'Espagne à la France ce mardi (21h) à Hanovre. Face aux Ghanéens, parfois surnommés "les Brésiliens d'Afrique", les artistes brésiliens ont mis la pédale douce, semblant se contenter d'attendre l'adversaire après avoir pris la tête dès la 5e minute grâce à un but de Ronaldo. Si l'écart est le plus large enregistré jusque-là lors des huitièmes de finale du Mondial allemand, le quintuple champion du monde continue d'avancer tranquillement dans le tournoi sans qu'il soit possible de situer son niveau et sans avoir totalement répondu aux nombreuses attentes que suscite la qualité de son effectif. Les Ghanéens avaient le tort de respecter trop l'adversaire et de le regarder jouer. Un mauvais alignement en défense leur était vite fatal. Kaka pouvait servir Ronaldo à la limite du hors-jeu. Personne ne pouvait rattraper le Madrilène qui se présentait seul devant Richard Kingston. Un passement plus tard, il dribblait le portier par la gauche et s'ouvrait le chemin du but. En même que les filets tremblaient, un frisson secouait le stade et, avec lui, toute la planète foot: Ronaldo venait d'inscrire son 15e but en Coupe du monde depuis 1998 et de battre le record détenu jusque-là par l'Allemand Gerd Muller (1970 et 1974). Le record de buts en une seule phase finale appartient toujours au Français Just Fontaine avec 13 réalisations en 1958. Le coup était dur pour le Ghana qui, pour sa première participation en phase finale, avait été la seule des cinq nations africaines à se hisser au deuxième tour. Privés de leur guide habituel Michael Essien, suspendu, les "Black Stars" tardaient un peu à se reprendre et surtout se mettaient à la faute, récoltant deux avertissement en dix minutes. Un tir d'Haminu Dramani, auteur d'un but dans le match décisif du premier tour contre les Etats-Unis, sonnait la révolte ghanéenne. Une frappe lointaine de Dida préférait claquer en corner (19e). Plus tard, Dida était tout chanceux quand une reprise de la tête de John Mensah rebondissait sur son tibia alors que la cage était grande ouverte devant l'arrière rennais (42e). Là-dessus, Lucio amorçait un contre à la vitesse du TGV qui, après un relais de Kaka, aboutissait à Cafu. Le vétéran brésilien (36 ans depuis le 7 juin), qui disputait son 19e match en phase finale et devenait le joueur brésilien le plus capé en Coupe du monde, effectuait un centre tendu qu'Adriano coupait de la cuisse au deuxième poteau. L'attaquant de l'Inter Milan était hors-jeu, ce qui n'empêchait pas l'arbitre slovaque Lubos Michel de valider le but (45e). En seconde période, les Brésiliens acceptaient curieusement de laisser l'initiative du jeu à leurs rivaux. Ces derniers avaient cependant du mal à profiter de cette semi-liberté d'action. S'ils construisaient bien, ils péchaient souvent par excès de précipitation. Il fallait attendre la 69e minute pour voir le Ghana menacer sérieusement Dida. Sur une passe de Stephen Appiah dans l'axe, Asamoah Gyan, déjà auteur d'un but dans la compétition, pénétrait au coeur de la défense brésilienne mais sa frappe était stoppée en deux temps par Dida. Le Ghana terminait à dix après l'expulsion de Gyan pour un deuxième avertissement (81e) et dans son désir de sauver l'honneur, s'exposait. Sa défense se faisait une fois de plus piéger sur une balle en profondeur pour Zé Roberto parti à la limite du hors-jeu. Le reste était un jeu d'enfant pour le joueur du Bayern Munich qui gagnait son duel avec Kingston et n'avait plus qu'à pousser le ballon dans la cage désertée (84e). En fin de match, le portier ghanéen sauvait son équipe d'une humiliation imméritée en repoussant trois tentatives de Ronaldo, Cafu et Juan. AP