Les Italiens se sont massivement prononcés dimanche et hier par référendum contre la réforme constitutionnelle voulue par Silvio Berlusconi avant sa défaite aux élections législatives. En rejetant ce texte, qui devait accorder plus de pouvoirs au chef du gouvernement et renforcer l'autonomie des régions, les électeurs ont asséné un nouveau revers à l'ancien président du Conseil. Après dépouillement dans tous les bureaux de vote du pays, le «non» recueille 61,7 % des voix, a précisé le ministère de l'Intérieur. Une défaite aussi nette pourrait remettre en cause le leadership au sein de l'opposition de Berlusconi, promoteur du projet. L'un de ses partenaires, la Ligue du Nord, n'a pas exclu de quitter la coalition de centre droit en cas de victoire du «non». «Il Cavaliere» est sorti de son silence en début de soirée, se disant «attristé» par le résultat. Il a par ailleurs convoqué une réunion de crise avec les autres partis de son alliance, la Maison des libertés (CDL). L'issue du référendum conforte à l'inverse l'autorité politique de son successeur, Romano Prodi, parvenu au pouvoir à la tête d'une coalition de gauche grâce à une courte victoire aux législatives d'avril dernier, et qui a fait campagne pour le «non». «Cela renforce la coalition», a estimé le ministre de la Défense Arturo Parisi. Au nom des communistes italiens, Oliviero Diliberto a évoqué «une claire défaite pour Berlusconi». La victoire des «nonistes» est d'autant plus légitime que la participation, pour ce type de scrutin, s'est situé à un haut niveau. Le nord du pays, qui aurait pourtant bénéficié avec ce texte d'une régionalisation accrue, l'a lui aussi rejeté. Pour ses défenseurs, Silvio Berlusconi en tête, le projet de réforme devait permettre à l'Italie de mettre fin à des décennies d'instabilité politique et de faire des économies en réduisant le nombre des parlementaires. Mais pour Romano Prodi, les réformes envisagées n'auraient fait que détruire l'unité nationale, affaiblir le chef de l'État et auraient coûté au pays plus de 250 milliards d'euros. Ouverts dimanche matin, les bureaux de vote ont fermé hier à 15h. C'était la troisième fois de l'année, après les législatives d'avril et les municipales de mai, que les Italiens étaient appelés aux urnes. Présentée en novembre dernier au Parlement, alors dominé par le centre droit, la réforme n'avait été adoptée qu'à la majorité simple, alors qu'une majorité des deux tiers était nécessaire pour éviter un référendum. «Les réformes constitutionnels doivent bénéficier du soutien le plus large possible et pas seulement du soutien de la majorité qui gouverne», a souligné Romano Prodi, annonçant que sa coalition allait à présent s'efforcer de négocier avec l'opposition un accord sur des réformes constitutionnelles et électorales. Les changements proposés étaient les plus ambitieux jamais envisagés depuis l'adoption de la Constitution de 1948. Le projet soumis à référendum prévoyait d'accorder aux vingt régions une autonomie dans les domaines de l'éducation, de la santé et des administrations locales. Il s'agissait également de renforcer les pouvoirs du président du Conseil en lui permettant de dissoudre le Parlement, de démettre des ministres, ce qui, actuellement, ne peut être fait sans un vote du parlement. Le projet réduisait d'autre part les pouvoirs du chef de l'État en le privant du droit de veto sur la nomination ou le renvoi de ministres. Il abaissait de 50 à 40 ans l'âge minimum requis pour briguer la présidence. Il prévoyait de transformer le Sénat en organisme fédéral qui se consacrerait aux questions régionales et de faire passer le nombre des sénateurs de 315 à 252, celui des députés de 630 à un maximum de 521.