Silvio Berlusconi apparaissait mardi comme le grand perdant des élections régionales italiennes, sa coalition de droite ayant perdu six des huit régions qu'elle contrôlait, notamment celle de Rome, le très convoité Latium, à un an des prochaines législatives. Selon les résultats pratiquement définitifs concernant les 13 régions où l'on a voté dimanche et lundi, la coalition au pouvoir ne conservait que la Vénétie (Venise) et la Lombardie (Milan), deux bastions conservateurs du nord de la péninsule. En revanche, l'opposition de centre-gauche sortait victorieuse dans neuf régions, dont six ravies à la droite, et était en tête dans les deux dernières où se poursuivait le dépouillement. Le ministre des Affaires étrangères Gianfranco Fini, également numéro deux du gouvernement et chef de l'Alliance nationale, deuxième parti de la coalition après Forza Italia de M. Berlusconi, a reconnu la défaite de son camp dès lundi soir. "Il ne fait aucun doute que le centre-gauche a gagné", a-t-il déclaré à la RAI. "Pour (la coalition, NDLR) et les électeurs, ce n'est pas un bon jour", a-t-il ajouté, estimant toutefois que ces résultats "ne signifient pas que le gouvernement doive démissionner". Ces régionales, pour lesquelles la participation a atteint le niveau très honorable de 71% (contre 73% en 2000) en dépit du décès samedi soir du pape Jean Paul II, ne concernaient que 13 sur 20 régions. Avant le scrutin, la coalition de Silvio Berlusconi en contrôlait huit, contre cinq à l'opposition de centre-gauche sur les treize en jeu. La lutte s'est révélée très serrée dans trois régions considérées comme cruciales, le Latium (Rome), le Piémont (Turin) et les Pouilles (Bari), dans le Mezzogiorno. Mais l'opposition a enlevé les trois, s'offrant même le luxe de recueillir la majorité des voix à l'échelle nationale. "Nous avons largement gagné, tant par le nombre des voix que des régions", s'est réjoui Romano Prodi, le leader de l'alliance de gauche, appelé à défier Silvio Berlusconi l'année prochaine: "Avec ce vote, les Italiens nous demandent de nous préparer à gouverner." Dans le camp de la coalition, qui avait préparé l'opinion à une défaite, on tentait de relativiser cette débâcle de la droite, assurant qu'elle n'aurait pas de conséquences pour la stabilité gouvernementale. Ces derniers jours, alors que l'état de santé du pape s'aggravait, la plupart des personnalités politiques avaient annulé leurs derniers meetings de campagne. Mais les appels au report du vote par respect pour Jean Paul II avaient été rejetés par le gouvernement.