Les Italiens ont commencé hier à voter pour les élections législatives opposant principalement la Maison des libertés (centre droit) du président du Conseil sortant, Silvio Berlusconi, à l'Unione, coalition de centre gauche conduite par Romano Prodi. «Berlusconi ou Prodi, l'Italie choisit,» a titré hier le quotidien de Turin "La Stampa". Le journal modéré a ainsi résumé l'enjeu de ce scrutin, considéré comme «historique» par le quotidien économique "Il Sole 24 Ore". Donné perdant, mais de peu, dans les sondages, Silvio Berlusconi s'est lâché dans une campagne agressive pour tenter de remonter la pente, profitant de sa mainmise sur les médias pour démarrer avant l'heure et occuper la scène. De Venise à Palerme, plus de 47 millions d'Italiens ont commencé à voter dimanche après une campagne au vitriol pour élire leur nouveau Parlement lors d'un scrutin sur deux jours transformé en plébiscite par le chef du gouvernement sortant Silvio Berlusconi. Ce scrutin met un terme à une virulente campagne électorale qui a divisé le pays et au cours de laquelle se sont mélangées les insultes, les accusations et les promesses mirobolantes, mais sans qu'aucune des deux coalitions en lice n'explique comment elle les financera alors que le pays est économiquement exsangue, a souligné le politologue Stefano Folli. En effet, la campagne a été virulente, les insultes ont fusé de part et d'autre, à tel point que le président de la République, Carlo Azeglio Ciampi, s'est senti obligé d'intervenir le mois dernier pour calmer les esprits. Le président du Conseil sortant et s'est présenté comme un martyr, s'est même comparé à Jésus-Christ, accusant pêle-mêle la presse, les magistrats et le patronat de vouloir sa perte. Il a traité les électeurs de centre gauche de "couillons", son adversaire Prodi, ancien président de la Commission européenne, d'"idiot utile" au service des communistes, et a prédit l'apocalypse en cas de victoire de l'"Unione". Rappelons aussi que Silvio Berlusconi a changé les règles six mois avant la consultation en réintroduisant la proportionnelle, supprimée par référendum en 1993, avec des listes bloquées. La participation sera une des clefs de ce scrutin. M.Berlusconi s'est dit «convaincu de l'emporter si elle est supérieure à 80%,» comme lors des précédents scrutins de 1996 et 2001. «Votez, votez, votez !,» a appelé dimanche matin sur toute sa Une "Il Giornale", le quotidien dirigé par son frère Paolo. Les dernières enquêtes d'opinion, interdites depuis la fin mars, donnaient à l'"Unione", l'alliance de centre gauche de Romano Prodi, une avance de trois points et demi à cinq points sur la "Maison de la liberté", la coalition conduite par Berlusconi. «Outre la défaite de Berlusconi, ces élections pourraient entraîner sa disparition de la scène politique,» a estimé, pour sa part, le politologue Franco Pavoncello. Berlusconi, qui avait triomphé en 2001 en promettant aux Italiens un miracle économique, s'appuie aujourd'hui sur un bilan contesté par ses adversaires. Effectivement, les impôts directs ont baissé, mais moins que prévu, et cette baisse a été pratiquement neutralisée par l'augmentation des taxes indirectes. En 2005, pour la deuxième fois en trois ans, la croissance n'a pas été au rendez-vous. Sur cinq ans, elle a été en moyenne de 0,6% par an, en queue de peloton des douze pays de la zone euro. En cas de défaite de Berlusconi, la politique économique et la politique étrangère seront les deux domaines où il faut s'attendre à des changements. Connue pour ses tendances atlantiste, l'Italie ne coupera certainement pas les ponts avec Washington si M.Prodi est élu. Cependant, elle retrouverait une ligne plus nuancée, notamment à l'égard du monde arabe et du conflit israélo-palestinien. Le premier signal fort devrait être l'annonce d'un retrait rapide du contingent italien en Irak.