Après la « Sportiva 2012 », une voiture de sport créée par des étudiants marocains de l'Ecole polytechnique d'Agadir et dévoilée en février dernier (cf article), voici Abchir1. C'est le nom d'une autre voiture, cette fois-ci électrique, conçue par un groupe de 20 étudiants ingénieurs, passionnés d'automobile, de l'Ecole Nationale des Sciences Appliquées à Agadir. Elle a d'ailleurs été présentée hier soir, mardi 23 avril aux médias à l'ENSA. Il a fallu près d'un an à ces jeunes étudiants de l'ENSA d'Agadir, réunis sous le nom d'Ensacar, pour concevoir et fabriquer Abchir1, de A à Z. « C'est une voiture qui ne dépasse pas les 50 kilomètres à l'heure. Mais notre objectif dans ce projet n'était pas de créer un bolide rapide mais un véhicule qui ne consomme pas d'énergie. Faire 100 kilomètres avec la voiture revient à payer 3,5 dirhams d'électricité», explique Aniss Addebbous, l'un des étudiants qui a travaillé sur le projet, joint par Yabiladi. Ce n'est pas leur première création automobile. Ils ont déjà fabriqué deux autres modèles de voiture avec des moteurs à combustion. La particularité de ce véhicule électrique est qu'il n'a pas un seul moteur central placé sous le capot mais deux moteurs installés dans deux des quatre roues de la voiture. Ainsi en roulant, la voiture crée et recycle son énergie. « Mais ce n'est pas nous qui avons créé cette technologie, c'est Michelin ! », précise le jeune homme. A quand la commercialisation d'une voiture 100% marocaine ? Au total, la voiture a couté seulement 50 000 dirhams dans sa fabrication. De l'argent que les étudiants n'ont pas sorti de leur poche mais qu'ils ont pu obtenir grâce à des sponsors privés. Etant actuellement un simple prototype, la voiture appartient à l'établissement scolaire. Elle n'est pas à vendre. Néanmoins, les étudiants rêvent d'une chose : créer une voiture électrique de marque 100% marocaine pour être commercialisée au Maroc. « En créant cette voiture, nous avons voulu lancer un signe à l'état pour lui dire que si des étudiants ont réussi à fabriquer une voiture électrique, il le peut aussi », lance-t-il. « Le Maroc peut avoir sa marque de voiture électrique. Ce secteur a explosé ces dernières années et c'est dommage pour le pays de ne pas surfer sur cette vague pour lui aussi montrer ce qu'il sait faire », poursuit Aniss Addebbous. En 2012, Lahcen Daoudi, le ministre de l'Enseignement supérieur déclarait à l'Economiste qu'il souhaitait que les pays arabes unissent leurs efforts pour créer ensemble la première voiture électrique arabe, d'ici à 2017. « Le Maroc est même prêt à faire l'effort tout seul s'il n'a pas l'appui des autres pays arabes. (…) Nous aurons donc notre voiture électrique marocaine (…) dans 5 ans », disait-il. Un an après ses déclarations, où en est ce projet ? Mystère. Il a atterri certainement aux oubliettes. Compétition internationale: En attendant une volonté de l'état pour que ce projet se concrétise, les étudiants de l'ENSA ne sont pas prêts, hélas, à jouer dans la cour des grands, aux côtés des grandes marques automobiles internationales. Néanmoins, ils présenteront leur voiture Abchir1 au Shell Eco-Marathon, à Rotterdam du 13 au 19 mai prochain. Il s'agit d'une compétition internationale annuelle qui oppose les étudiants des plus grandes écoles d'ingénieur dans le monde ayant conçu une voiture originale et écologique. Abchir1 n'est pas la première voiture électrique créée par des jeunes marocains. En 2010, six étudiants de l'Ecole Nationale des Sciences Appliquées de Tétouan avait présenté leur voiture au public, avant de la présenter au Shell Eco-Marathon.