· Pêche à la ligne et surf · Le port financé par les Japonais · Une priorité: préserver l'environnement Quand le visiteur arrive à Imsouane, il n'a plus envie de repartir. C'est une baie abritée, disposant d'une langue de terre avançant dans l'océan Atlantique avec des températures clémentes même en hiver, explique d'emblée un touriste français. Nichée au pied du Haut Atlas, la baie d'Imsouane est un petit port de pêche artisanale que l'on découvre agréablement au tournant d'une route secondaire, étroite et sinueuse longeant parfois abruptement la falaise. Pour les prudents, une deuxième route très praticable bien qu'en pente vient d'être ouverte en arrivant d'Agadir. Géographiquement, Imsouane (ou Imesouane) se situe sur une côte sauvage en équidistance entre Essaouira (près de 90 km) et Agadir (un peu plus de 80 km). Les randonneurs inconditionnels seront servis avec des sentiers sauvages très touristiques, des vues imprenables sur des criques surplombées par des rochers aux formes étonnantes. La pêche est la principale activité des habitants d'Imsouane. La coopérative des pêcheurs d'Imsouane s'est constituée depuis 1995 et compte 200 adhérents. L'activité pêche offre de l'emploi à près de 600 pêcheurs. Cette coopérative a été créée afin de développer la pêche maritime traditionnelle et d'améliorer les conditions de vie et de travail du pêcheur, indique son président Houcine Boussanane. La construction du village des pêcheurs s'est réalisée grâce à des investissements de près de 50 millions de DH avec l'aide de la Jica (Agence japonaise de coopération internationale) en 1998. Le village compte 80 magasins de stockage pour les pêcheurs, une halle aux poissons, un dépôt de carburant et des bâtiments administratifs. Actuellement, les aménagements de la première tranche d'un atelier pour la fabrication et la réparation des barques sont en cours dans le cadre de l'INDH. La coopérative a également aménagé un café employant 4 personnes, un économat avec 6 postes de travail permanents et même un salon de coiffure (2 coiffeurs). Un centre de santé est opérationnel pour dispenser les premiers soins. Des hommes venus du pays du soleil levant sont très engagés dans le site. Un Japonais volontaire (Wada Takanobu) est resté pendant 2 ans à Imsouane avec pour objectif l'identification des variétés de poissons se trouvant dans cette région, dit le président. Ainsi, le site compterait une soixantaine d'espèces de poisson et de crustacés: langouste, homard, poulpe, sar, congre, sole, calamars… Par ailleurs, les artisans pêcheurs de cette région ont bénéficié du projet «flouka» grâce à des organisations italiennes. C'est une action de proximité visant l'appui au développement de la pêche artisanale dans le village. Une valeur ajoutée qui a permis l'équipement de la coopérative locale en matériels permettant d'améliorer les conditions de travail et de vie des artisans pêcheurs. La coopérative a aussi été équipée en matériels de sécurité et de navigation. Des équipements de conditionnement et de transport de poisson ont été de plus fournis en vue d'une commercialisation valorisante de la production. En plus des techniques de pêche, les pêcheurs ont appris la grande utilité des GPS, dit Boussanane. D'autre part, et de juillet 2002 à janvier 2003, 80 artisans pêcheurs membres de la coopérative ont bénéficié d'un programme de formation générale se rapportant aux aspects liés à l'activité de pêche artisanale. Les modules de ce programme ont été élaborés et animés par des experts de l'ISTPM d'Agadir (Institut spécialisé de technologie des pêches maritimes). Actuellement, la commercialisation de la production locale, estimée à 750 tonnes par an, s'effectue vers Casablanca, Marrakech et un peu partout au Maroc grâce aux mareyeurs, déclare le président. Mais cette année, les recettes des pêcheurs ont baissé. Les initiés qui ont découvert le site sont devenus très accrochés à Imsouane. C'est qu'entre océan, pêche et surf, la vie est belle à Imsouane. Ce n'est pas le luxe, la vie se déroule dans la simplicité d'un tagine ou d'un barbecue de poissons. Imsouane fait aussi le bonheur des inconditionnels des joies de la baignade dans la crique abritée, appelée la cathédrale, aux eaux toujours tempérées. C'est aussi un des meilleurs spots de surf au Maroc, selon les témoignages des férus, nationaux et étrangers, de ce sport. Sur les lieux, une école de surf permet la location de matériels (planches et combinaisons). Des cours à la carte en pension complète sont d'ailleurs proposés. Les visiteurs affluent de tous les coins du monde. Des Casablancais sont devenus des habitués de la station. En matière d'hébergement, 4 petites auberges sont opérationnelles avec possibilité d'une pension complète à des prix très abordables. La réservation au préalable avant le départ est fortement conseillée puisque ces structures d'accueil encore très limitées en places affichent souvent complet. Possibilité également de loger chez l'habitant (400 DH par nuit en moyenne durant la haute saison). Les lotissements encore embryonnaires sont en cours de développement. Des espaces sont aménagés dans les normes dans l'unique camping caravaning d'Imsouane. Une structure d'accueil qui est la bienvenue pour ce mode de vie permettant le contact continu avec la nature. L'eau potable n'est pas encore disponible dans le village. Mais les travaux sont très avancés pour effectuer les raccordements. Des conditions nouvelles qui feront augmenter la fréquentation de cette station balnéaire. Imsouane est aussi une destination privilégiée des amoureux de la pêche à la ligne. Des sites très poissonneux et très accessibles sont connus par les amateurs de ce sport. Ces derniers sont généralement des fonctionnaires en vacances qui viennent ainsi se ressourcer. Certains d'entre eux vendent même leurs captures pour se faire de l'argent. Environnement LA protection de l'environnement est une donne qui commence à se faire sentir. Comme revers de la médaille, des estivants inconscients ou insoucieux jettent leurs détritus n'importe où, regrette le président Houcine Boussanane. La coopérative des pêches s'est engagée de manière permanente dans le ramassage des ordures. La commune d'Imsouane a délégué pour ce travail trois ouvriers avec un camion de ramassage en plus de deux autres personnes affectées par l'ONP. «L'on cherche encore un site pour l'aménagement d'une décharge publique. C'est actuellement un des problèmes majeurs auquel nous sommes confrontés», dit le président. L'envasement de l'entrée du port est un autre grand problème. Des investissements importants seront nécessaires pour dégager la vase qui se cumule annuellement à cause de la houle. Et les femmes? UNE coopérative de femmes a été créée pour la commercialisation des coquillages (des moules essentiellement). L'objectif visé est l'augmentation du revenu familial des adhérentes. Des zones ont été délimitées dans l'océan et du matériel leur a été fourni par le département des Pêches maritimes et CMSR, une ONG italienne. Malheureusement, les analyses de l'INRH ont classé les eaux zone B. Le projet est actuellement en cessation d'activité. «Il nous faudrait des bassins de traitement comme ceux utilisés pour les huîtres de Oualidia pour relancer le projet», dit Boussanane.