· Ils gèlent tout investissement dans le secteur · Et décident de boycotter le dialogue social LE ras le bol est à son comble dans le milieu des producteurs de fruits et légumes de la région du Souss. Après une marche sur un trajet de deux kilomètres et le sit-in observé jeudi dernier devant la wilaya d'Agadir (voir notre édition datée du 22 au 24 mai), le collectif d'associations professionnelles a publié un communiqué clarifiant leur position. Tout d'abord, les producteurs «interpellent le Premier ministre et les membres du gouvernement concernés pour qu'ils se penchent d'urgence sur la situation alarmante que vit le secteur des fruits et légumes». Ceci en concertation étroite avec les associations du secteur. «L'objectif est d'assainir la situation et de mettre en place des solutions durables et appropriées», souligne le communiqué. En attendant, les professionnels «décident de suspendre leur participation au dialogue social et toute forme de partenariat avec les pouvoirs publics tant que cette situation perdure». En clair, il s'agirait de surseoir à l'application du contrat-programme que la filière des fruits et légumes a signé en avril dernier avec le gouvernement. Dans le même ordre d'idées, ils menacent de «geler tout investissement dans le secteur tant qu'une meilleure visibilité n'est pas permise». L'allusion est faite ici à la passivité observée par les autorités locales, face aux actes de violence et de dévastation qui ont marqué les derniers mouvements de grève. Passivité que les agriculteurs de la région du Souss considèrent «comme un soutien non voilé aux mouvements de grève sauvages et anarchiques». Pour s'en prémunir, «ils s'engagent unanimement à assurer de manière collective leur propre sécurité face à tout mouvement irrespectueux de la loi». Mais d'ores et déjà, les producteurs qui ont participé au meeting ont demandé à leurs associations de se constituer partie civile contre le gouvernement marocain pour réclamer une indemnisation des dégâts et pertes occasionnés par les grèves sauvages». Au final, les producteurs et exportateurs de fruits et légumes n'écartent pas l'éventualité de faire de la prochaine campagne une saison blanche. Autrement dit, d'observer eux-même une grève de longue durée, si des solutions adéquates et durables ne sont pas mises en place par les pouvoirs publics. C'est dans cette perspective qu'ils réaffirment «leur détermination à intensifier les actions de protestation». La Primature saisie UNE lettre réitérant la position et décisions du collectif d'associations professionnelles, dont L'Economiste détient copie, a été adressée vendredi dernier au Premier ministre. Tout en rappelant «le préjudice subi du fait de grèves non fondées et portant atteintes à la liberté du travail, le courrier dénonce le mutisme et l'indifférence observés par les autorités territoriales et les départements ministériels concernés». Vu la gravité de la situation, il est demandé au Premier ministre «d'accorder d'urgence une audience au collectif d'associations en présence des ministres concernés. L'objectif étant de trouver des issues permettant un meilleur climat de travail».