Rendant hommage à l'esprit de tolérance de Fès Dans la foulée du succès du Festival des musiques sacrées de Fès, alors que le rideau s'apprêtait à tomber, voilà qu'à nouveau une certaine fébrilité s'est emparée de l'événement. A Bab al-Makina , le triomphe était au rendez-vous et le concert en duo avec Loutfi Bouchenaq, cet autre originaire du Maghreb , a illustré une véritable interpénétration culturelle où la Méditerranée a été célébrée avec émotion. Justement ce mercredi soir, au centre Maïmonide de Fès, l'émotion envahissait la salle où s'était réunie toute la communauté israélite de la ville spirituelle, avec à sa tête le Dr Armand Guigui, en présence de plusieurs personnalités dont le wali, Mohamed Gharrabi, venus pour rencontrer ce " messager de la paix " qu'est Enrico Macias. Il avait annoncé sa participation au Festival de Fès il y a plusieurs mois avec un bonheur inégalé. Il y a quelques semaines, lors de l'émission "Vivement dimanche ", animée par Michel Drucker sur Antenne 2, Enrico Macias avait exprimé sa joie de retrouver la terre marocaine et de rencontrer un peuple issu des mêmes origines culturelles que lui. Il avait rendu hommage au Maroc, terre d'accueil et de tolérance, conduit par S.M. le Roi Mohammed VI et cité comme un modèle de cohabitation et de progrès. Sa prestation devant les téléspectateurs de France 2, n'avait d'égale que sa conviction nostalgique de retrouver ses racines maghrébines. C'est le sens de sa participation au Festival des musiques sacrées de Fès , mais aussi de sa proclamation du haut de cette ville symbole qui a incarné la spiritualité, la tolérance au sens plein du mot et la fraternité. " Je me sens chez moi dans cette ville de Fès, où souffle l'esprit de tolérance " ! L'artiste emblématique, avec son accent chaleureux et profond, rend aussi hommage au Maroc de Sa Majesté Mohammed VI, au " Royaume qui a toujours su préserver l'harmonie entre les trois religions monothéistes ". Et d'affirmer encore avec plus de force et d'émotion que la cité de " Fès, c'est un peu l'Andalousie, où régnait la tolérance et le dialogue interreligieux ". Il dira aussi qu'elle perpétue l'héritage commun, méditerranéen des siècles passés où cohabitaient les hommes de différentes confessions mais attachés tous à un idéal commun : le progrès de l'humanité et l'unité des peuples. De cette exigence irénique, la population de la capitale spirituelle, toutes tendances et croyances confondues, en a donné de nouveau la preuve : à la fin de la cérémonie, un présent d'exception, œuvre d'art s'il en est, a été offert à Enrico Macias. Il s'agit d'un nécessaire de prière en velours bleu, brodé de fils d'or sur lequel est inscrit en hébraïque le nom du chanteur. Une véritable pièce d'art, qui plus est – et c'est la spécificité de l'harmonie de Fès – ce bel ouvrage a été réalisé par des artisans musulmans de la médina. Donc tout un symbole, une profession de foi renouvelée. Visiblement très ému par ce présent dont la réalisation collective met en relief tout un patrimonial historique et culturel du Maroc, Enrico Macias a annoncé qu'il l'offrirait à son petit fils Simon dont la Bar Mitzvah est prévue dans quelques semaines. L'émotion n'avait pas de limites, les âmes étaient prises et les gorges serrées. La soirée était vouée au culte des retrouvailles sur une terre d'accueil qu'est le Maroc, devenue celle du chanteur de Mâalouf, né à Constantine la proche, parti en France au cœur du drame de la guerre d'Algérie en 1961, devenu célèbre, ensuite chantre de la paix et enfin le représentant de la musique judéo-arabo-andalouse.