Le Hamas a lancé un appel de dernière minute au président palestinien Mahmoud Abbas pour qu'il renonce à organiser un référendum sur les grandes lignes d'un règlement de paix impliquant la reconnaissance d'Israël. Abbas a fait savoir que, faute d'accord du mouvement islamiste sur ce document mis au point par des personnalités palestiniennes détenues en Israël, il prendrait samedi un décret en vue de tenir la consultation le 31 juillet. "Frère président, j'en appelle à vous au nom de l'islam pour que vous fassiez passer le dialogue avant le référendum", écrit le Premier ministre du Hamas, Ismaïl Haniyeh, dans une lettre de 40 pages adressée à Abbas. "Nous devons affronter un danger imminent et nous unir face au siège injuste", dit-il, faisant allusion à la liquidation la veille d'un activiste chargé par le Hamas de superviser les services de sécurité et au blocus financier occidental frappant le gouvernement mis sur pied en mars par le mouvement islamiste. Haniyeh fait encore valoir que le référendum n'aurait "aucune base constitutionnelle ou légale" et réclame la poursuite du dialogue avec le Fatah d'Abbas en vue de mettre sur pied un gouvernement d'union nationale, comme le recommande le "plan des détenus". Les députes du Hamas ont réclamé de leur côté la réunion d'une session extraordinaire du Conseil législatif palestinien, où ils sont majoritaires, pour débattre du droit du président de l'Autorité autonome à organiser une référendum. Le Hamas lui en nie le droit alors qu'Abbas le revendique. "CANDIDATS AU MARTYRE" L'appel de Haniyeh a été rejeté comme "illogique" par le négociateur palestinien Saëb Erekat, un des principaux collaborateurs d'Abbas. "Quand il y a conflit, les décideurs demandent leur avis au peuple", souligne-t-il. "Nous espérons que M. Haniyeh nous laissera aller au référendum et acceptera l'initiative des prisonniers", a-t-il ajouté, faisant apparemment allusion aux incidents qui se multiplient entre partisans du Hamas et du Fatah. Des dizaines de milliers de Palestiniens sont descendus vendredi dans les rues pour rendre un dernier hommage dans un stade de Gaza à Djamal Abou Samhadana, tué la veille par un missile israélien dans le camp de réfugiés de Khan Younès. Bien qu'issu des rangs du Fatah, cet activiste responsable des Comités de résistance populaire avait été chargé en avril par le ministre de l'Intérieur du Hamas, Saïd Seyam, de superviser les services de sécurité officiels, une nomination jugée illégale par Abbas. Samhadana, qui avait échappé à de précédentes tentatives d'assassinat israéliennes, est le responsable le plus en vue liquidé par Israël depuis la mort d'Abadelaziz Rantissi, chef du Hamas à Gaza, tué il y a deux ans par un missile israélien. "Nos candidats au martyre vont se faire exploser dans les profondeurs de l'entité sioniste", ont scandé dans le stade les partisans de Samhadana en tirant des coups de feu en l'air. Vendredi, trois Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par un tir de l'aviation israélienne visant un véhicule, a-t-on appris de sources proches des services de sécurité palestiniens.