Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a accordé mardi un délai supplémentaire de trois jours au Hamas pour accepter un plan de sortie de crise prévoyant une reconnaissance implicite d'Israël. C'est une crise de légitimité à laquelle sont confrontées les deux fractions de l'Autorité palestinienne. D'un côté, le parti du Hamas, grand vainqueur des élections de janvier dernier, qui refuse de reconnaître l'existence d'Israël et les accords de paix. De l'autre, le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui tente de relancer le processus de paix, mais surtout de sortir l'Autorité palestinienne de sa plus grave crise financière tout en agissant en parfait diplomate. Pour mettre fin au bras de fer qui risque de virer à la guerre civile, le président Abou Mazen a renforcé sa légitimité avec un "document d'entente nationale" élaboré par des cadres de différents groupes palestiniens détenus par Israël. Le document, prévoyant la fin des attentats en Israël et une reconnaissance implicite de l'Etat juif, pèse beaucoup. Ce sont des détenus, qui bénéficient d'une grande notoriété en Palestine, qui l'ont réalisé. Plus encore, il s'agit de hauts responsables emprisonnés qui appartiennent à plusieurs fractions, y compris le Hamas. C'est ce texte que le président palestinien veut soumettre à un référendum. Le dernier mot donc sera celui du peuple palestinien. Après l'échec du dialogue national, le président Abbas ne s'est pas pressé d'annoncer la date du référendum. Mais il a accordé un sursis au mouvement radical pour s'adoucir. S'il ne cède pas, l'Autorité palestinienne annoncera en fin de semaine la date de la tenue du référendum, 40 jours plus tard. Le président palestinien veut ainsi épuiser tous les recours. Le Hamas, lui, voit le référendum comme un moyen pour Mahmoud Abbas de court-circuiter le gouvernement islamiste. Ce n'est pas nouveau. Hamas n'a pas cessé d'accuser le parti présidentiel de vouloir provoquer l'échec du gouvernement fraîchement constitué. Les amis d'Ismaïl Haniyeh semblent oublier une chose. C'est leur conduite qui a provoqué la banqueroute de l'Autorité palestinienne. Une faillite aux conséquences désastreuses. Plusieurs associations humanitaires ont déjà tiré la sonnette d'alarme. Dans les territoires palestiniens, la situation économique et surtout humanitaire s'aggrave de jour en jour. Alors que l'OLP était réunie à Ramallah, la violence ne connaissait pas de répit à Gaza. Cinq employés de la sécurité préventive ont été blessés par trois roquettes tirées contre le quartier général de cette force fidèle au Fatah. Pour un bilan d'à peine quelques mois, on peut dire que le Hamas détient un record en matière de déboires. Les barbus avaient promis de servir les intérêts du peuple palestinien, de combattre la corruption…etc. Mais depuis leur élection, ils n'ont fait aucune action qui puisse servir le peuple palestinien. Au contraire, ils ne pensaient qu'à leur ego. Pour eux, reconnaître Israël serait une faiblesse. Donc pas question de se montrer faible, même si cela risque de causer préjudice aux Palestiniens. Il s'agit là du raisonnement type des islamistes radicaux partout dans le monde. Lorsque les Taliban ont refusé de livrer Ben Laden, ils n'ont pas pensé au peuple afghan et aux résultats d'une invasion américaine. Même chose pour la branche irakienne d'Al-Qaïda qui se soucie peu du sort des civils irakiens. Aujourd'hui, le Hamas se sent plus que jamais menacé. Car si le référendum est organisé, les palestiniens vont certainement voter pour le "document d'entente nationale". Cherchant à gagner plus de temps, le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, a déclaré après l'annonce de l'échec des négociations : « Nous avons toujours une chance de faire de ce dialogue un succès ». « Dès lors, nous réclamons plus de rencontres et plus de dialogue », a-t-il ajouté, refusant toute date limite. Gagner du temps, oui. Mais pourquoi faire ?