Les deux hebdomadaires du groupe Presse Directe, dirigés par Ahmed Benchemsi ont subi un blackout surprise de la part des autorités. Après un week-end animé pour le directeur des deux publications, une nouvelle convocation par la police vient de tomber. L'affaire Nichane+Telquel promet encore des rebondissements. Récit Affaire TelQuel et Nichane : le point de la mi-journéeSamedi le premier ministre annonce par voix de communiqué de presse la saisie de l'hebdomadaire arabophone Nichane pour manquement au respect dû au roi et pour « des expressions contraires à la morale ». Il est notamment reproché à Ahmed Benchemsi, son edito critiquant le dernier discours royal ainsi qu'un dossier de couverture traitant de la sexualité dans l'islam. Une dépêche de l'agence MAP parle à ce propos d' « articles mettant en cause le Prophète et portant atteinte à la moralité publique et aux bonne moeurs ». Des deux raisons qui ont conduit à la saisie, on ne saura qu'elle est la plus grave. Mais il ne faudra pas attendre longtemps pour avoir d'autres éléments d'analyse puisque le Ministère de l'intérieur annonce à son tour que TelQuel, le titre francophone du même groupe est saisi. Cette fois seul « le non respect du roi » est invoqué. Le directeur de publication Ahmed Benchemsi aura passé de longues heures à s'expliquer devant la police pour ses deux éditos. Il repartira du poste dans la nuit du samedi à dimanche à 2h du matin, pour retourner pointer à 9h. Dimanche c'est à 22h00 qu'il pourra enfin retourner chez lui. Entre temps des journalistes de la rédaction nous ont informé que la police a procédé à la destruction du numéro de telquel chez l'imprimeur. « Pourtant aucune décision de justice n'a été prise dans ce sens ! » précise notre source. Contrairement à la saisie du journal Al Watan Al An il y a quelques semaines, cette fois les autorités ont fait preuve de célérité. En moins d'une journée les deux titres ont disparu des kiosques... et de l'imprimerie. D'ailleurs les militants de la liberté de la presse s'inquiètent de la succession de censures, saisies, et inculpations de journalistes. Toujours est-il que Ahmed Benchemsi ne voit pas encore le bout du tunnel en ce début de semaine, puisque la police l'a de nouveau convoqué aujourd'hui à midi (heure marocaine). Les journalistes de la rédaction semble cette fois s'organiser afin de manifester devant les bureaux de la police judiciaire de Casablanca. Des sympathisants des deux hebdomadaires, des militants des droits de la presse seront également au rendez-vous. Les médias internationaux se sont très vite emparé de l'affaire puisque plusieurs journalistes ont contacté Ahmed Benchemsi durant le week-end et ce lundi matin. Un écho international qui, une fois de plus, ternira l'image d'un Maroc qui tente de converger vers la démocratie. Comble de l'ironie, l'agence de presse marocaine MAP, publie ce matin une dépêche citant un article d'Afrique Magazine : « Le Maroc est un pays où les progrès de la liberté de presse et d'expression sont réels, où la démocratisation est une réalité, (...) ».