Otis Redding.Malgré une brève carrière, Otis Redding continue à envoûter les amoureux de la soul avec sa voix profonde. Il chantait la douleur et incarnait la vie. Malgré la brièveté de sa carrière, Otis Redding est l'un des artistes les plus influents de la soul music et l'un des plus populaires auprès du public rock. Auteur d'une poignée de standards et interprète unique, capable de rendre profonds les textes les plus mièvres, il est, peut-être, l'artiste qui incarne le plus parfaitement le son Stax, les cuivres et la puissance émotionnelle de la soul de Memphis. Otis, né en 1941 dans la ville de Dawson (Géorgie), a fait ses débuts en chantant dans les groupes gospel du dimanche matin. Le reste de la semaine, il faisait des petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. Si, selon les témoignages, ses premiers pas sont inspirés par le rythm'n blues de Little Richard, dès ses premiers enregistrements chez Stax, en 1964, il montre un style très personnel. Inspiré de Sam Cooke, à qui il emprunte «You Send Me», il se montre déjà un auteur accompli avec «These Arms Of Mine» ou «Security». Parfaitement à l'aise dans les ballades dans lesquelles son exhibition de la souffrance rejoint l'esthétique rock'n roll «Pain In My Heart», il est capable également de sérieusement chauffer, grâce à l'appui des extraordinaires Bar-Kays, son orchestre. Le grand public met, cependant, un peu de temps à le suivre. Il faut attendre 1965 et 1966 pour que le marché soul soit conquis, grâce à des titres aussi célèbres que «Mr. Pitiful» (premier morceau d'une longue série co-écrite avec le guitariste Steve Cropper), «I've Been Loving You Too Long» (que les Rolling Stones reprennent), «Respect» (qui fera plus tard un carton par Aretha Franklin ) et «Satisfaction», des mêmes Stones, qu'il s'approprie à son tour. Sur son album «Dictionnary Of Soul» (1966), il livre une de ses plus belles reprises, «Try A Little Tenderness», une longue suite au démarrage abstrait et jazzy, s'achevant par un de ses plus puissants déferlements d'énergie. L'année suivante, il connaît un nouveau hit soul avec «Tramp», en duo avec Carla Thomas , et rencontre le public pop au Festival de Monterey, où sa performance en éclipse bien d'autres. Malheureusement, cet homme, qui chantait la douleur et incarnait la vie, meurt, à l'âge de 26 ans, dans un stupide accident d'avion avec quatre membres des Bar-Keys, le 10 décembre 1967. L'année suivante, sa chanson «The Dock Of The Bay» est, de façon posthume, son plus grand triomphe : ballade mélancolique construite sur une mélodie pop, elle suggère, ironiquement, d'éternels regrets. Parmi les artistes qui ont le mieux fait vivre l'héritage d'Otis Redding, on citera sans hésitation Janis Joplin. Comme lui, elle avait cette faculté rare de vivre dans ses moindres pores les chansons qu'elle interprétait. Et comme lui, malheureusement, elle eut une fin prématurée.