Réunis en conférence à Paris, les responsables de 18 pays sont convenus de soutenir les efforts internationaux engagés au Darfour et de coordonner des initiatives futures pour stabiliser cette région soudanaise où "le silence tue", selon les mots du président français. Les délégations ont réaffirmé leur soutien à l'action commune de l'Union africaine et de l'Onu, qui doivent déployer une force "hybride" de plus de 20.000 hommes au Darfour, et à un accord politique plus large entre Khartoum et les factions rebelles, a dit le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, lors d'une conférence de presse clôturant la réunion. Pour la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice, la réunion a permis aux délégués des principaux pays donateurs - le Groupe des Huit (G8) et la Chine, alliée clé du Soudan - de faire un bilan de la situation et de planifier des solutions. "Nous devons vraiment redoubler d'efforts, je crois que c'était là l'esprit de la conférence qui s'est tenue aujourd'hui", a-t-elle déclaré aux journalistes. "L'idée était de prendre acte du point où nous en sommes et de veiller à faire tout ce qui est en notre pouvoir." Ministres des Affaires étrangères des pays du G8, d'Etats européens et africains, représentants d'organisations internationales et le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, s'étaient réunis à Paris pour relancer les efforts visant à mettre fin à la crise meurtrière où est plongée cette région. Le Darfour, région semi-désertique de l'Ouest soudanais limitrophe du Tchad, est en proie à une guerre civile et à des exactions à grande échelle. Le conflit oppose des groupes rebelles à des milices arabes appuyées militairement par le gouvernement de Khartoum. Lundi matin, le président Nicolas Sarkozy avait invité les représentants du groupe de contact élargi sur le Darfour, réunis en conférence autour de lui à l'Elysée, à agir rapidement. "En tant qu'êtres humains et en tant que responsables politiques, nous avons le devoir de régler la crise au Darfour", avait-il dit. "Le silence tue, ajoutait-il. Nous voulons mobiliser la communauté internationale pour dire 'ça suffit'." ISSUE POLITIQUE Le chef de l'Etat français a invité à être ferme envers les belligérants dans ce conflit qui a fait 200.000 morts et plus de deux millions de déplacés depuis 2003. "Je crois que la fermeté de la communauté internationale, c'est la seule façon d'amener tout le monde à la discussion", a-t-il dit. Estimant que la seule issue au conflit du Darfour "est politique", Nicolas Sarkozy a lancé un avertissement aux autorités de Khartoum, qui n'étaient pas représentées à Paris: "Le Soudan doit savoir que s'il coopère, nous l'aiderons puissamment, et s'il refuse de coopérer, il faudra être ferme." Khartoum a donné son accord le 12 juin à une force "hybride" Onu-Union africaine d'environ 20.000 hommes décidée il y a plus de dix mois par le Conseil de sécurité de l'Onu. Mais nombre de diplomates doutent que les dirigeants soudanais tiennent parole. Les soldats de la Mission d'observation du cessez-le-feu de l'Union africaine actuellement sur le terrain au Darfour avec le soutien, notamment, de l'Union européenne, n'ont pas été payés depuis plusieurs mois. La France "est prête y contribuer à hauteur de dix millions d'euros" pour remédier à cette situation, a indiqué Nicolas Sarkozy. Il a dit son souhait d'agir efficacement, sachant que "rien ne peut se faire au Darfour sans les Africains". Depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence, la France montre un intérêt marqué pour la situation au Darfour et a proposé l'envoi d'une force internationale au Tchad voisin pour y assurer la sécurité des camps de réfugiés où sont rassemblés des dizaines de milliers de Darfouris déplacés. Les rebelles du Darfour, divisés en une dizaine de groupes depuis la signature en 2006 d'un accord entre Khartoum et l'un d'eux, se sont vu imputer dernièrement une série d'attaques contre des civils, notamment des travailleurs humanitaires. L'UA et de l'Onu espèrent réunir début août l'ensemble des parties en conflit. Selon la Chine, le gouvernement soudanais est prêt à participer à ces discussions. Participaient à la réunion sur le Darfour, outre la France, les pays suivants: Afrique du Sud, Allemagne, Belgique, Canada, Chine - principal allié de Khartoum dans cette crise -, Danemark, Egypte, Espagne, Etats-Unis, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Russie et Suède.