Fadela Amara -Rama YadeLa diversité promise par Sarkozy est à l'œuvre dans le gouvernement Fillon II qui contient son lot de surprises avec la nomination de deux nouvelles femmes issues de l'immigration. Même encore sous le choc de la perte d'un poids lourd du gouvernement, Alain Juppé, sur les terres bordelaises, Nicolas Sarkozy poursuit son entreprise novatrice de faire bouger les lignes. La diversité tant promise par le candidat Sarkozy est à l'œuvre dans le gouvernement Fillon II qui contient son lot de surprises avec la nomination de deux nouvelles femmes issues de l'immigration : Fadela Amara au poste de secrétaire d'Etat à la Ville et Rama Yade, au poste de secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères chargée des Affaires étrangères et des Droits de l'Homme. Elles s'ajoutent à Rachida Dati, déjà ministre de la Justice. Fadela Amara, fille d'immigrés kabyles, née en France le 25 avril 1964, est un visage connu de la gauche française. Elle avait accédé à la notoriété en lançant en Mars 2003 son association «Ni putes ni soumises» suite à un fait-divers resté mémorable dans les annales quand une jeune fille de 19 ans prénommée Sohanne fut brûlée vive dans un local poubelle d'une cité de Vitry-sur-Seine. L'événement fut à l'origine d'une «Marche des femmes contre les ghettos et pour l'égalité». L'association, qui s'est donnée comme mot d'ordre de dénoncer les multiples violences qui visent les femmes, avait fait de la mixité, de la laïcité et de la lutte contre le voile islamique un programme de bataille. Fadela Amara, auteur avec le Marocain originaire d'Oujda Mohamed Abdi de « La racaille de la république » (aux éditions Le seuil) séduit par une timidité feinte et un verbe parfois haut, souvent tout en murmures. Anticipant les critiques qui l'accusent d'avoir trahi son camp, Fadela Amara rassure sur la posture à prendre : «Je crois que pour beaucoup, à droite comme à gauche, je suis vécue comme étant une sorte de poil à gratter». L'autre visage de cette diversité est une jeune Française d'origine sénégalaise d'à peine 30 ans. Elle s'appelle Rama Yade, arrivée en France en 1987, issue d'une famille de religion musulmane, le père diplomate, la mère professeur. Pendant les soirées électorales, elle s'est faite remarquer par des saillies fulgurantes que seules sa jeunesse et sa fraîcheur toute africaine excusaient. Issue d'un des réseaux d'influence de Nicolas Sarkozy qu'animait avec fougue et conviction le patron de la radio Europe 1 Jean-Pierre El Kabbach, Rama Yade avait attiré la lumière sur elle pour la première fois le 14 janvier dernier lors du congrès d'investiture du candidat de l'UMP par la violence de ses attaques contre le Parti socialiste. Elle date son engouement originel pour Nicolas Sarkozy de l'époque où ce dernier avait cassé tous les clichés en luttant contre la double peine et en prônant «la discrimination positive». En l'envoyant guerroyer sur les plateaux de télévision, les barons de la «Sarkozie» semblaient avoir saisi tout le potentiel politique qu'il y avait à retourner contre la gauche, traditionnellement plus tolérante et plus ouverte à la différence, les flèches empoisonnées des minorités dites visibles. Après avoir siphonné avec succès et gourmandise les idées du Front National en parvenant presque à le faire disparaître du paysage politique français, la stratégie de Nicolas Sarkozy s'attaque, au prétexte de l'ouverture, aux ressources humaines et idéologiques de la gauche. Le tout sur fond d'application réussi d'une théorie popularisée par le sondeur américain Dick Morris intitulée «La triangulation politique» et qui consiste à emprunter à ses adversaires les thématiques les plus porteuses et les mettre en pratique en y insufflant ses propres valeurs. La recette avait déjà fait la fortune politique de Bill Clinton et de Tony Blair. Sous fond d'ouverture, le débauchage et l'opération de charme envers les socialiste continuent comme l'illustre le cas du socialiste Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse qui se voit offrir le secrétariat d'Etat à la Coopération et à la Francophonie. Ce choix a provoqué l'ire des hiérarques du Parti socialiste qui craignent le début d'une hémorragie de leurs forces les plus vives au moment où ils sont astreints à opérer un grand travail de rénovation. Certains parmi eux se rassurent en disant que le couple Nicolas Sarkozy-François Fillon sera jugé à ses actes une fois que la magie communicative de ses nominations se sera évaporée.