Des milliers de rescapés épuisés fouillaient dimanche les décombres de leurs habitations, à la recherche de vêtements, de vivres et d'objets de valeur au lendemain du violent séisme qui a fait 3.875 morts sur l'île de Java dans le centre de l'Indonésie, selon un nouveau bilan officiel. A l'annonce de cette catastrophe qui endeuille l'Indonésie moins d'un an et demi après le tsunami de décembre 2004 (plus de 131.000 morts et plus de 25.000 disparus), nombre de pays et d'organisations internationales ont proposé de l'aide à Djakarta, envoyant sauveteurs, médecins et équipements humanitaires de première nécessité. Car outre le bilan humain (3.875 morts, des milliers de blessés et selon la Croix-Rouge, environ 200.000 sans-abri), l'ampleur des dégâts provoqués par le tremblement de terre de magnitude 6,3 survenu samedi matin est considérable. Aux bâtiments effondrés, aux routes et aux ponts coupés, s'ajoutent les graves dommages subis par l'ensemble des temples hindous de Prambanan, datant du IXe siècle et classés au patrimoine mondial de l'UNESCO. Avec le temple bouddhiste de Borobodur construit au VIIe siècle -et qui lui ne semble pas avoir subi de dégâts-, l'ensemble reçoit chaque année la visite de plus d'un million de touriste. Prambanan sera fermé au public jusqu'à ce que les archéologues puissent déterminer si le séisme a endommagé les fondations. La région où s'est produit le séisme s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres carrés dans la province de Yogyakarta. La ville de Bantul, où plus de 2.400 personnes ont été tuées et 80% des maisons rayées de la carte, a été la plus touchée. "Je dois repartir de zéro", confie Poniran, dont la fille de cinq ans, Ellie, est morte dans le séisme. S'il a pu dégager l'enfant qui respirait encore des décombres de sa chambre, la petite fille est morte à l'hôpital, dans l'attente de soins aux côtés de centaines d'autres victimes. Des dizaines de milliers de personnes ont passé la nuit de samedi à dimanche dehors, dormant dans des rues, des champs de manioc et même sur d'étroits chemins entre des rizières. L'électricité et les communications étaient coupées dans la majeure partie de la zone. Quelque 450 répliques du séisme ont été ressenties dans le centre de l'Indonésie, selon un bilan établi dimanche à la mi-journée par l'Agence nationale de météorologie et de géophysique. La plus importante était de magnitude de 5,2. Au lever du jour, des rescapés sont venus fouiller les décombres de leurs habitations, à la recherche de tout ce qui pourrait encore leur être utile, se plaignant de n'avoir reçu aucune aide. "Nous manquons de tout. Vêtements, nourriture, eau: tout est parti", expliquait Budi Wiyana, une femme de 63 ans dont la maison a été détruite. De leur côté, les médecins tentaient de dispenser des soins aux blessés, dont des centaines étaient allongés sur des bâches en plastique, de la paille et même des journaux devant des hôpitaux bondés. "Nous sommes à court de chirurgiens", déplorait un médecin d'un hôpital de Yogyakarta. "Il y a encore tant de personnes grièvement blessées ici". Si des corps ont été retirés des décombres dimanche matin, des habitants de villages ont déclaré qu'il y avait peu de personnes ou de cadavres prisonniers des ruines. Mais à Peni, dans les faubourgs de Bantul, une vingtaine d'habitants poursuivaient les recherches. La majeure partie des personnes décédées ont été inhumées dans les heures qui ont suivi le sinistre, conformément à la tradition musulmane. Samedi, le président Susilo Bambang Yudhoyono avait ordonné à l'armée d'évacuer les victimes et était arrivé en compagnie de plusieurs ministres pour superviser les opérations de secours. L'épicentre du séisme, qui n'a pas provoqué de tsunami, était localisé à quelque 80km au sud du Mont Merapi, dont l'activité volcanique s'est intensifiée peu après la secousse. Cependant, aucun blessé n'a été déploré, car les habitants vivant alentour avaient déjà été évacués. Bambang Dwiyanto, du ministère de l'Energie, a mis en garde contre une éruption plus importante du volcan, parmi les plus actifs au monde. L'Indonésie, le plus grand archipel de planète, est localisé sur le "Cercle de feu du Pacifique", un arc de volcans et de lignes de faille encerclant le bassin pacifique.