La droite espagnole a remporté d'une courte tête les élections municipales de dimanche, s'imposant en suffrages mais pas en nombre d'élus. Ce scrutin constitue une défaite personnelle pour le chef du gouvernement José Luis Rodriguez Zapatero. Lors de ce scrutin présenté en Espagne comme le «premier tour» des législatives de 2008, le Parti socialiste espagnol (PSOE) a subi sa première défaite électorale depuis que M. Zapatero a pris en 2000 la tête du parti. Les conservateurs du Parti Populaire (PP) ont devancé le PSOE de 155'991 voix, soit 0,7 point de pourcentage, grâce notamment à une victoire écrasante à Madrid - où le maire Alberto Ruiz-Gallardon et la présidente de la région Esperanza Aguirre ont été triomphalement réélus - et à une poussée d'environ quatre points de l'abstention. Question basque Zapatero s'était totalement investi dans la campagne, tout comme son grand rival conservateur, le président du PP Mariano Rajoy. Il n'est toutefois pas parvenu à susciter un sursaut de mobilisation de l'électorat socialiste qui lui avait offert sa victoire surprise aux législatives de 2004, trois jours après les sanglants attentats islamistes du 11 mars 2004 à Madrid. Bien que surfant sur une conjoncture économique exceptionnelle, il est sans cesse apparu sur la défensive face aux conservateurs qui ont centré toute leur campagne sur sa supposée politique de «concessions» vis-à-vis de l'organisation indépendantiste basque armée ETA. L'ETA a brutalement rompu son «cessez-le-feu permanent» de mars 2006 par un attentat qui a fait deux morts à l'aéroport de Madrid le 30 décembre, scellant l'échec de la tentative de règlement négocié de la question basque dont Zapatero avait fait le grand chantier de son mandat. Pas de vote sanction Malgré ce revers sur la question basque, le PSOE a évité un lourd vote sanction dimanche et a fait mieux que limiter la casse. Sa courte défaite en suffrages exprimés est compensée par le fait qu'il a obtenu plus de conseillers municipaux que la droite et qu'il semble en mesure de ravir aux conservateurs une dizaine de capitales de province par le biais d'alliances. Les socialistes ont également obtenu de solides résultats aux régionales partielles qui se tenaient dans 13 des 17 communautés autonomes, représentant environ la moitié des quelque 35 millions d'électeurs. Ils se maintiennent dans les cinq fiefs qu'ils gouvernaient et semblent en mesure de co-diriger trois nouvelles régions: les Baléares, la Navarre, où la droite a perdu sa majorité absolue et où les nationalistes de la coalition Nafarroa Bai ont fortement progressé, et les Canaries, où ils sont devenus la première force politique devant les nationalistes régionaux.