"Il y aura beaucoup d'autres Darfour", prévient l'association Christian Aid, en évaluant les effets à long terme du réchauffement climatique. Son rapport est publié alors que les maires des grandes métropoles mondiales se réunissent à New York pour examiner les moyens de combattre le réchauffement. Nombre d'experts ont déjà mis en garde sur les conséquences du réchauffement climatique en matière de mouvements de population. Une organisation humanitaire britannique, Christian Aid, créée pour aider les réfugiés de la Seconde guerre mondiale, risque une évaluation - catastrophique : d'ici 2050, selon elle, au moins un milliard de personnes devraient migrer. Dans son rapport intitulé "Marée humaine : la véritable crise migratoire", Christian Aid émet un "avertissement sans ambages sur le rythme d'accélération des déplacements de population au 21e siècle". L'association souligne que d'ores et déjà, "le nombre de personnes qui ont quitté leurs foyers à cause des conflits, des catastrophes naturelles et des grands projets de développement (mines, barrages, ndlr) est étonnamment élevé (163 millions selon les estimations de l'ONG)". Une tendance qui n'ira qu'en s'amplifiant : "A l'avenir, les changements climatiques vont le faire grimper encore plus", écrit l'ONG, qui demande une "action urgente" de la communauté internationale afin de prendre de "fortes mesures de prévention". Pays pauvres : "la migration forcée, menace la plus pressante" Christian Aid détaille le milliard de migrants annoncé : 645 millions de déplacés pour cause de grands projets (15 millions par an actuellement), 250 millions à cause de phénomènes liés directement aux changements climatiques (inondations, sécheresses, famines) et 50 millions à cause de conflits et atteintes aux droits de l'Homme. "Nous pensons que la migration forcée est désormais la menace la plus pressante contre les populations pauvres dans les pays en voie de développement", alerte John Davison, un des auteurs du rapport. "L'impact du changement climatique est la grande, l'effrayante inconnue de cette équation", s'inquiète l'ONG car de l'envergure de ce changement découleront des catastrophes d'ampleurs différentes. En effet, les vastes déplacements de population "vont alimenter les conflits existants et en générer de nouveaux dans des régions du monde - les plus pauvres - où les ressources sont les plus rares. Un monde avec beaucoup d'autres Darfour est le scénario cauchemar de plus en plus probable", ajoute l'ONG, insistant sur les déplacements à l'intérieur d'un pays qui ne sont pas considérés comme des migrations par le droit international. Le rapport met en exergue trois pays qui seront particulièrement concernés par ces déplacements internes : la Colombie, le Mali et la Birmanie. Par ailleurs, l'ONG entend "beaucoup parler des personnes qui essaient de venir en Europe et dans d'autres pays riches. La crise réelle est en train de se préparer sur le long terme mais elle reste largement ignorée".