L'Académie du Royaume du Maroc a revisité la pensée, les écrits et le parcours d'Ibn Khaldoun (1331-1406), l'un des premiers théoriciens de l'histoire des civilisations, dans le cadre d'un colloque, dont les travaux ont été ouverts mercredi à Fès sous le thème "Le Maroc dans la pensée d'Ibn Khaldoun". Ce colloque de deux jours auquel participe un panel d'éminences grises, membres de cette prestigieuse institution, ainsi que des universitaires et historiens marocains et étrangers, vient commémorer le 600e anniversaire du décès du grand érudit arabe. Il a pour objectif de rendre un hommage posthume à cette illustre personnalité, dont les écrits demeurent une référence et restent d'actualité et de revisiter une grande mémoire plurielle et un parcours pluridisciplinaire d'un penseur qui a marqué l'histoire des idées politiques et de la philosophie de l'histoire, ainsi que de la sociologie notamment. A l'ouverture de ce colloque, le Pr Abdelhadi Tazi, membre de l'Académie du Royaume a rappelé qu'Ibn Khaldoun, qui a passé sa jeunesse à Fès, avait un "impact mesuré sur la culture et la pensée arabes en général". L'académicien Mohamed Benchrifa a, pour sa part, évoqué l'expérience politique acquise par Ibn Khaldoun durant les années passées au service de la dynastie Mérinide, précisant qu'il est arrivé très jeune à Fès et a fréquenté des grands oulémas membres du Conseil du Sultan Abi Marine. M. Benchrifa a, également, rappelé les bases de la sociologie chez Ibn Khaldoun, ainsi que de son travail relatif au mode de vie urbain, faisant remarquer que ce penseur avait conçu et formulé une philosophie de l'Histoire qui serait la plus grande recherche jamais réalisée. Il a, de même, souligné l'importance de la manière avec laquelle Ibn Khaldoun traitait de l'histoire, de la culture et des traditions et us de la société islamique, notamment au Maroc, en Algérie, en Tunisie et en Egypte. Il a, en outre, donné un aperçu sur la vie mouvementée du penseur, ponctuée d'incidents et de conflits politiques, ajoutant qu'en tant qu'intellectuel, Ibn Khaldoun avait forgé une connaissance particulière en raison des expériences cumulées à travers ses multiples visites à des sociétés diverses. Les travaux de ce colloque auquel prennent part des penseurs représentant notamment la Tunisie, l'Algérie et l'Espagne seront marqués jeudi par des débats axés sur "Ibn Khaldoun et les relations internationales", "Les cités maghrébines dans les publications d'Ibn Khaldoun", "Les visions d'Ibn Khaldoun dans les sciences de la linguistique et la propagation de la langue arabe au Maroc". La séance d'ouverture de ce colloque s'est déroulée en présence notamment du wali de la région et gouverneur de la préfecture de Fès, Mohamed Rherrabi, des présidents de la commune urbaine et de la région, des membres de l'Académie du Royaume et plusieurs personnalités.