Forte de son expérience Layali Charq, revient à la charge et annonce une nouvelle soirée commémorative. Au programme de cette soirée qui va se tenir le 20 avril à Casablanca, deux chanteurs et une chorale confirmée vont rendre un hommage à l'inoubliable Abdel Halim Hafed. Le premier est Khaled Selim, ce jeune Egyptien natif de Koweït City qui porte une double casquette, celle de chanteur, mais aussi d'acteur de cinéma. Khaled Selim avait sorti en 2000 son premier album intitulé "Aalam tani". En 2003, il lance son "Wala Lilah wala youm". Le deuxième est Youssef Jrifi, un Marocain né en 1982 et qui a déjà remporté grâce à son talent prometteur le premier prix de « Noujoum wa noujoum » 2003 et celui de la 9ème édition du « Printemps de la chanson marocaine », Marrakech 2005. Il réaffirme son talent au Festival Bougarnine en Tunisie 2005 et reçoit une fois de plus le premier prix de la chanson arabe au Festival international d'Alexandrie 2006. Les deux chanteurs, aussi talentueux l'un que l'autre, seront accompagnés de la troupe marocaine de la musique arabe sous la direction du maestro Salah El Morsli Cherkaoui. Considérée comme l'une des grandes formations musicales sur la scène du Maroc et du Moyen-Orient, la troupe est composée de musiciens de grande maîtrise du solfège et d'une chorale bien sélectionnée et rodée en chant arabe. Elle a participé à diverses manifestations artistiques, entre autres, l'Opéra du Caire, le Festival de la ville de Tunis, le Festival de Carthage, celui de Rabat, de Salé et cinq fois au Festival des musiques sacrées de Fès. Cette soirée dédiée exclusivement au répertoire de Abdelhalim Hafed qui a fait vibrer le monde arabe en imposant sur la scène musicale un style différent de ses aînés, marquant de son sceau plusieurs générations. C'est à l'école primaire, que le jeune Abdelhalim Chabna, plus connu sous le nom de Abdelhalim Hafez, né en 1929 dans le village des Halwat, attire l'attention de son professeur de musique, Mahmoud Hanafi. Ce dernier voit en lui une graine d'artiste, et l'encourage à continuer dans ce sens. Six ans plus tard, en 1946, il obtient son diplôme de fin d'études et fait la connaissance de Kamal Ettaouil. Leur rencontre donnera lieu à un des duos "chanteur/compositeur" des plus talentueux de la musique arabe. Fraîchement diplômé, Abdelhalim est nommé professeur de musique mais l'enseignement ne s'avère pas sa prédilection. Il accumule les absences et s'adonne de plus en plus au chant. Et puis ce qui devait arriver, arriva. Il est licencié par le ministère de l'Education en 1951. Sa carrière d'artiste prend alors son envol vers 1952. Grâce à son ami et compositeur Kamal Ettaouil, alors responsable de la programmation radiophonique égyptienne, il rejoint les services de la Radiodiffusion. C'est à cette époque qu'il rencontre le grand Mohammed Abdelwahab. Convaincu du talent d'Abdelhalim Hafez, les deux hommes entament une collaboration musicale qui ne cessera jamais. En revanche, les prestations vocales d'Abdelhalim Hafez ne lui confèrent pas l'aval de la commission d'évaluation des talents de la Radio. Déterminé à se faire entendre, il décide de se produire sur scène, dans des circuits indépendants. Sollicité lors d'un concert pour remplacer une chanteuse absente, Abdelhalim Hafez interprète un titre composé par Kamal Ettaouil. C'est la révélation ! Personne n'avait jusqu'alors compris que sa voix s'adaptait mieux aux compositions initialement prévues pour des interprètes féminines. « Le rossignol brun » est né ! Mais là encore, l'artiste doit se battre pour imposer sa voix, et rentrer dans le cercle fermé des chanteurs égyptiens, dominé par des ténors comme Abdelouaheb, Oum Keltoum, Farid Al Atrach et bien d'autres. Le dernier grand hommage rendu au "rossignol" fut celui de Mohamed Abdelouaheb. La chanson "Min ghir lih" spécialement composée pour le chanteur égyptien, et qu'il ne cessera d'ailleurs de fredonner sur son lit de mort, sera finalement interprétée par Abdelouaheb en personne, à l'âge de 90 ans ! Surgi au moment des luttes anticolonialistes, des multiples tentatives avortées d'union arabe, de la nationalisation du canal de Suez et de l'émergence de nouveaux talents littéraires (Ihsan Abdel Qodous) ou cinématographiques (Youssef Chahine), Abdelhalim représente un modèle de réussite auquel ses origines modestes ne le destinaient pas. Les tenants de la jeel music lui doivent une certaine vivacité rythmique, les vedettes du moderne soudanais et maghrébin se sont inspirés de ses mélodies. Khaled, le roi du raï, n'hésite pas à entonner, en privé, un air de Hafez et Natasha Atlas, la prêtresse de la techno orientale a carrément intitulé un de ses albums Halim. Il nous reste de lui des documents télévisés, seize longs métrages et un grand répertoire, souvent décliné sur le mode kourdi, dont Wael Sami, la nouvelle coqueluche du chant asri (moderne) égyptien, nous fera entendre quelques morceaux délicatement choisis.