Les corps des cinq enfants Moqadem, victimes du quintuple infanticide de Nivelles, ont quitté en fin de matinée du lundi les pompes funèbres islamiques de Belgique, à Fleurus, où ils reposaient depuis vendredi. Des membres de la famille et quelques badauds ont assisté à la levée des corps. Une cérémonie devait avoir lieu à la grande Mosquée de Bruxelles à 13h00. Les cercueils devraient ensuite être déposés au funérarium Lesseigne à Nivelles où la population pourra se recueillir de 15h00 à 18h30. Ils devraient être transférés par la suite en soirée à la morgue de l'aéroport de Bruxelles National. Les dépouilles des enfants Moqadem devaient être acheminées par voie aérienne pour être inhumées aujourd¹hui à Agadir. Une cérémonie multiconfessionnelle devait être aussi organisée hier soir à 19h00 à l'église des Récollets de Nivelles. Ce moment de recueillement devait regrouper les cultes catholique, musulman et protestant. Geneviève Lhermitte, la mère de 40 ans qui a tué ses enfants à coups de couteau mercredi à Nivelles, a été inculpée d'assassinat et placée sous mandat d'arrêt après son audition par la juge d'instruction, jeudi en milieu hospitalier. Si l'enquête a permis d'établir la chronologie des faits tels qu'ils se sont déroulés dans l'habitation familiale, avenue Général Jacques, les raisons exactes du geste de la mère restent inconnues. «Le projet criminel a été formé de manière brusque, mercredi en fin de matinée ou début d'après-midi, au retour des enfants de l'école», a indiqué le 1er substitut du procureur du Roi de Nivelles, Bernard Goethals. Vers 13h00, Geneviève Lhermitte a d'abord déposé une lettre chez une amie habitant non loin, où elle expliquait être dans «une situation sans issue» et qu'un drame se préparait mais sans donner de détails. Pour le parquet, la démarche était méthodique. Elle a placé ses enfants, âgés de 3 à 14 ans, devant la télévision pour ensuite les appeler un à un dans une pièce différente. Elle les égorgera alors à tour de rôle avec un couteau de boucher. Tous seront ensuite placés dans leur lit. Seule l'aînée, Yasmine, née en 1992, semble s'être rendue compte de quelque chose et pourrait s'être défendue comme le laissent croire certaines lésions relevées sur son corps. La mère a ensuite voulu mettre fin à ses jours en se frappant avec l'arme blanche dans la région du c¦ur. Elle a enfin prévenu elle-même les secours et laissé un double message manuscrit «Appelez la police» sur la porte d'entrée. L'ensemble des faits s'est déroulé entre 13h00 et 14h30. Geneviève Lhermitte, opérée dès mercredi soir, n'a pu donner que de minces indications, qualifiées de «discours incohérent» par le parquet. L'enquête montre toutefois qu'elle se sentait isolée dans son milieu familial. Elle était aussi suivie pour des problèmes d'ordre psychologique. Mariée à Bouchaïb Moqadem, absent au moment des faits, elle ne semblait pas, selon le parquet, rencontrer de problèmes conjugaux. Il s'agissait d'un couple mixte belgo-marocain, Geneviève ayant adopté la culture de son mari sans pour autant être convertie à l'Islam. Enseignante de formation, elle était mère au foyer. Son mari et père des cinq enfants, était employé par un médecin qui sous-louait leur habitation familiale. Parti depuis fin janvier au Maroc où il avait raccompagné sa propre mère venue pour les fêtes en Belgique, Bouchaïb avait été pris en charge, mercredi, de retour du Maroc, dès son arrivée à l'aéroport de Bruxelles. L'enquête s'orientera désormais vers des investigations complémentaires au sujet de la situation «sans issue» dont a fait part Geneviève Lhermitte. Un expert psychiatre va également être désigné par la juge d'instruction.