* Venu à Agadir pour enterrer ses cinq enfants assassinés par leur mère, Bouchaïb Moqadem ne comprend pas, à ce jour, les motifs de son épouse, Geneviève Lhermitte. * Hors de danger après avoir tenté de se suicider et placée sous mandat darrêt, elle appelle son mari pour lui demander pardon. La voix étouffée par les larmes, cest un père en deuil qui répond à nos questions. Bouchaïb Moqadem nen revient toujours pas du drame qui a brisé sa famille. Sa femme, Geneviève Lhermitte a mis fin à la vie de ses cinq enfants, quatre filles et un garçon, âgés de 3 à 14 ans : Yasmine née en 1992, Nora en 1995, Myriam en 1997, Mina en 1999 et Medhi en 2003. La grande inconnue reste le motif de ce drame. «Je ne sais, je ne comprends pas ce qui a bien pu motiver son acte dégorger nos enfants», finit-il par lâcher. Il évoque par ailleurs lenfance douloureuse de Geneviève qui accusait un grand manque affectif, mais aussi un événement tragique qui a ponctué sa carrière dinstitutrice quand un de ses élèves sest pointé avec une arme à la main et a assassiné un de ses camarades. «Elle avait subi ce choc et a été suivie par un psychologue», explique Bouchaïb Moqadem. Pour lui, la naissance de ses enfants avait comblé Geneviève sur le plan affectif. «Elle les adorait et sest consacrée à leur éducation. Dailleurs, mes enfants étaient de brillants élèves et des enfants très éduqués dont Geneviève ne se plaignait jamais. Je me demande ce qui a pu lui passer par la tête», sinterroge-t-il. Meurtri par ce quintuple infanticide, Bouchaïb plaint sa mère. «Elle a été atterrée quand elle a appris la nouvelle !». Questionné sur déventuels problèmes de couple, il rejette entièrement cette hypothèse. «Geneviève ne sest jamais plainte ni a laissé entrevoir aucun indice de fatigue ou de lassitude», souligne Bouchaïb qui a, par ailleurs, une situation professionnelle confortable en tant que salarié chez un médecin belge. Ce qui exclut la piste matérielle. Par ailleurs, un mandat d'arrêt a été confirmé pour un mois à son encontre. Le mandat d'arrêt est pour l'instant exécuté à l'hôpital de Jolimont, à La Louvière, où elle est placée sous garde policière. Deux psychiatres ont déjà été désignés par le juge d'instruction. Ses avocats ont confirmé que la mère souffre d'une grave dépression et parle d'un «acte d'exaspération» dont l'instruction en cours devra expliquer les circonstances. La mère avait laissé une lettre à une voisine avant de commettre son crime. Son contenu n'a pas encore été révélé. Geneviève, qui a tenté de mettre fin à sa vie après son forfait, a appelé Bouchaïb pour lui demander pardon, sans pour autant évoquer les motifs de son acte. «Je nai rien appris de sa bouche, elle semblait encore sous le choc et sest contentée de me demander pardon. Je ne lai pas encore rencontrée», explique Bouchaïb qui, après lenterrement de ses enfants, veille à leur construire des sépultures avant de regagner la Belgique. Un retour quil appréhende. Venu depuis fin janvier au Maroc où il avait raccompagné sa propre mère venue pour les fêtes en Belgique, Bouchaïb Moqadem avait été pris en charge, mercredi 28 février, de retour du Maroc, dès son arrivée à l'aéroport de Zaventem. «Je souffre dun vide énorme. Quand je discutais avec ma défunte fille Yasmine, je croyais être face à une jeune femme intelligente, même Mehdi le tout dernier était très éveillé», lance-t-il entre deux sanglots. Il déplore ses enfants, mais se résigne à surmonter cette épreuve. «Jaccepte ce que Dieu ma infligé !», avant dajouter, «tous les ministres belges mont appelé personnellement pour me présenter leurs condoléances et là, je dois faire face à lenquête judiciaire et suivre avec mes avocats le cours que prendra cette affaire», conclut-il. Depuis Agadir où il demeure en famille, il s'est adjoint les services des avocats bruxellois Abdelhadi Amrani et Fernande Motte-de Raedt, auxquels il a donné instruction de se constituer partie civile «contre X», a-t-on appris de sources proches du dossier. Lenquête se poursuit !