Une vingtaine de pèlerins chiites se rendant de tous les coins d'Irak à la ville sainte de Kerbala pour la fête marquant la fin du mois de deuil de l'Achoura ont été tués mercredi dans divers attentats et fusillades. Les fidèles chiites avaient déjà été la veille la cible d'un nombre inhabituel d'attaques qui avaient fait près de 145 morts, notamment à Hilla, au sud de Bagad, où 115 morts ont été dénombrés après un double attentat suicide. Mercredi, une voiture piégée a explosé dans le quartier de Saïdiya, à Bagdad, tuant sept pèlerins qui se rendait à Kerbala à l'occasion de l'Arbaïn, ainsi qu'un policier. Huit autres fidèles chiites avaient été tués et 23 autres blessés peu auparavant dans une embuscade, également dans le sud de la capitale, tandis qu'une bombe tuait un pèlerin et en blessait trois autres dans le centre-ville. Malgré ces violences, plus d'un million de chiites ont afflué mercredi à Kerbala, à 110 km au sud de Bagdad, pour célébrer la fin des 40 jours de deuil en mémoire de la mort en 680 de l'imam Ali, petit-fils du prophète Mahomet. "Ces actions ne nous arrêteront pas", déclare Djabar Ali, un pèlerin parti il y a huit jours de Bassorah, dans le sud, pour rallier Kerbala. "LE PEUR AU VENTRE" Mais Mohamed Nasra, un de ses coreligionnaires qui a mis quatre jours pour se rendre de Bagdad à Kerbala, estime que le clergé chiite aurait dû publier une fatwah imposant aux fidèles de rester prier chez eux au vu de l'insécurité ambiante. "Les chiites sont pris pour cibles et l'occasion est trop belle pour en tuer un grand nombre", ajoute ce pèlerin qui reconnaît pourtant avoir fait le voeu de venir, quoi qu'il arrive. C'est un attentat à la bombe meurtrier qui a dévasté en février 2006 la mosquée d'or de Samarra, autre haut lieu du chiisme, qui est à l'origine du déchaînement de violences intercommunautaires constatées depuis un peu plus d'un an. Un million et demi de fidèles se sont malgré tout rassemblés à Kerbala pour le pèlerinage annuel, a déclaré le général Mohamed Abou al Walid, chef de la police locale. Des mesures de sécurité extrêmement strictes ont été prises dans et autour de Kerbala, où 10.000 policiers et soldats étaient déployés et la circulation automobile interdite. "Nous avons la peur au ventre. Mais quand je vois les gens marcher avec la foi qui les habite, je tente de surmonter ma crainte", confie Mohamed al Haïdari, un pèlerin de la ville sainte de Nadjaf.