Accueil largement hostile pour le ministre de l'Intérieur au Mali • Le pays ne comprend pas le durcissement de la loi sur l'immigration votée à l'Assemblée nationale «Sarkozy raciste !, Sarkozy raciste ! » La visite du ministre de l'Intérieur au Mali s'est déroulé, jeudi, dans un lourd climat d'hostilité suscité par sa loi durcissant les conditions de l'immigration votée mercredi à l'Assemblée nationale. « Colère à Bamako », titrait «le Républicain», un journal très populaire au Mali. Dans la rue, partout où il s'est rendu jeudi, des Maliens, plus ou moins nombreux ont attendu de pied ferme le numéro 2 du gouvernement. A neuf heures du matin, à quelques mètres du consulat français, ils étaient environ 200 à invectiver, sur fond de reggae « Sarko, un pur produit de l'immigration qui s'insurge contre les immigrés ». « Sarkozy, xénophobe, raciste, n'est pas le bienvenue au Mali », proclamait une autre banderole. Un des manifestants a expliqué au micro qu'avec « l'immigration choisie on va choisir les meilleurs africains pour les mettre au service de la France ». 46.000 Maliens résident actuellement dans l'Hexagone, selon le ministère de l'Intérieur qui estime à autant le nombre de clandestins. Avec les 100.000 binationaux, la communauté malienne représenterait quelques 200.000 personnes. A côté de ce chiffre, les 150 cas d'expulsés « heureux » dont Paris a contribué à financer le retour au pays dans le cadre de l'aide au retour, paraissent anecdotiques. Nicolas Sarkozy a tout de même tenu à se faire photographier dans une crèche et un salon de coiffure tenus par d'anciens émigrés. Devant la crèche, une femme, seule, tenait une vieille une du «Point» : « Sarkozy, les épreuves.» Devant le salon de coiffure, c'est un homme qui scandait: « Vive la France, à bas Sarkozy !» Les dirigeants maliens se sont fait l'écho de ces inquiétudes et ont relayé les mécontentements. Le président de la République, Amadou Toumani Toure a ironisé sur RFI en parlant du Mali comme d'« un pays d'hospitalité non choisie ». Le futur candidat à la présidentielle s'attendait à un voyage difficile. « Je viens pour déminer, pour faire de la pédagogie », avait-il prévenu dans l'avion qui le conduisait à Bamako pendant que 200 à 300 personnes manifestaient déjà contre sa venue dans les rues de la capitale malienne. «Il y a beaucoup de polémiques organisées mais qui prennent peu », a-t-il préféré croire. Et d'ajouter : « Je ne pense pas que le Président du Mali m'inviterait à déjeuner s'il pensait que ce que je fais est contraire aux bonnes relations entre l'Afrique et la France. »