Selon le baromètre TNS-Sofres-Unilog pour Le Figaro-RTL-LCI, Nicolas Sarkozy perd trois points au premier tour, mais accentue son avance sur Royal au second. CINQ POINTS perdus en un mois : la note est salée pour Ségolène Royal. La candidate socialiste passe de 31 % à 26 % des intentions de vote au premier tour. Et au second tour, l'écart se creuse avec Nicolas Sarkozy : la présidente de Poitou-Charentes obtiendrait 47 % contre 53 % au candidat de l'UMP. Ségolène Royal paie pour ses gaffes de janvier, mais subit aussi les premiers effets de la concurrence de José Bové. Notre enquête a été réalisée la veille de l'officialisation de sa candidature, c'est-à-dire au plus fort du « bruit médiatique » autour du leader altermondialiste. Son score d'entrée dans la compétition n'est pourtant pas à la hauteur du battage qui l'a précédée, ni de la notoriété du personnage. Avec seulement 4 % des intentions de vote, il fait certes autant que Marie-George Buffet et Dominique Voynet réunies, mais nettement moins que les 8 à 10 % de suffrages potentiels dont était crédité Nicolas Hulot avant de sacrifier son ambition aux intérêts supérieurs de la cause écologique. Reste que quatre points, ça compte dans une course où les deux favoris sont restés aussi longtemps au coude-à-coude. La comparaison des intentions de vote entre le scénario le plus probable en décembre (Bové pas candidat) et celui qui s'est réalisé (Bové candidat) confirme ce que la logique politique permettait d'anticiper : le PS est la première victime du héraut de l'altermondialisme. Si Ségolène Royal réussit la présentation de son projet, le 11 février, la situation peut être bouleversée. En « sanctuarisant » cette date, elle a pris un risque qui peut lui rapporter gros, mais aussi lui coûter très cher en cas d'échec. « Vote protestataire républicain » Mais les chiffres de TNS-Sofres-Unilog, groupe Logica CMG, prouvent aussi que Nicolas Sarkozy aurait tort de s'en réjouir trop vite. Le candidat de l'UMP, à 32 %, perd trois points par rapport au mois dernier. Inquiétants pour l'une, pas tout à fait rassurants pour l'autre - même si le score de Sarkozy reste très élevé -, les résultats de notre baromètre doivent également être lus à la lumière de ce que notre enquête Opinion Way a révélé vendredi (Le Figaro du 2 février) : la campagne ne répond pas aux attentes des Français. Certes, ils sont 69 % à s'y intéresser, mais 84 % des personnes interrogées déplorent que « les critiques personnelles y prennent trop de place », et 57 % jugent qu'on n'y aborde pas « les vrais problèmes des Français ». Quand une pièce est mauvaise, la responsabilité en incombe souvent aux premiers rôles. François Bayrou, qui s'est dévolu celui de critique du duel Sarkozy-Royal, est le principal bénéficiaire de la lassitude du public. Le candidat centriste progresse de quatre points, passant de 9 à 13 % des intentions de vote. Un score qu'il n'avait encore jamais atteint dans notre baromètre. Jusqu'à présent, il profitait surtout du scepticisme éprouvé par certains électeurs de gauche à l'endroit de la candidate socialiste. Il commence aujourd'hui à engranger des voix de droite. La performance est d'autant plus significative que Jean-Marie Le Pen, lui, régresse de 13 à 12,5 %. En chassant le « vote protestataire républicain », François Bayrou semble donc avoir visé juste. Sa stratégie en a fait un « troisième homme » crédible.