L'Afrique accueille pour la première fois à partir de samedi le Forum social mondial (FSM), au cours duquel des dizaines de milliers de participants, parmi lesquels les lauréats du prix Nobel de la paix Desmond Tutu et Wangari Maathai, devraient dénoncer la libéralisation mondiale de l'économie et ses conséquences pour les pays pauvres. Les organisateurs de ce septième Forum social mondial, étalé sur six jours, attendent plus de 80.000 personnes à Nairobi, la capitale du Kenya, pour discuter du commerce, de la pauvreté, de la guerre et d'environnement. Ce rassemblement altermondialiste annuel est organisé depuis 2001 en contrepoint du Forum économique mondial, qui réunit chaque année dans la station suisse de Davos les principaux décideurs politiques et économiques du monde. Les problèmes affectant l'Afrique, continent le plus pauvre, devraient dominer le programme vaste et chargé des débats à Nairobi. Cette réunion débutera samedi par une marche contre la pauvreté au départ du quartier populaire de Kibera, l'un des plus importants bidonvilles d'Afrique avec 800.000 habitants, jusqu'au parc Uhuru, terme swahili pour "liberté", ainsi baptisé lors de l'indépendance acquise par le Kenya de la Grande-Bretagne. RENFORCER LA CONTESTATION Certains participants doivent arriver à Nairobi au sein d'une imposante caravane d'autocars, de camionnettes et de voitures partis d'endroits aussi éloignés que Le Cap, en Afrique du Sud, ou Lusaka, en Zambie. Les débats auront essentiellement lieu autour du complexe sportif de Kasarani, dans la périphérie de Nairobi, également appelé "Centre sportif international Moi", du nom de l'ancien président Daniel Arap Moi, dont les 24 années de pouvoir ont pris fin en 2002. Edward Oyugi, membre du comité d'organisation, a déclaré que l'objectif de ce FSM était de renforcer la contestation de l'ordre capitaliste mondial. "A l'issue du forum, davantage de personnes s'interrogeront sur les raisons pour lesquelles nous avons adopté une économie de marché, sur les raisons pour lesquelles nous ne remettons pas en cause la dette et pourquoi nous disons qu'elle devrait être annulée", a-t-il dit à Reuters. Né à Porto Alegre au Brésil en 2001, le Forum social mondial est organisé cette année quelques jours avant le forum de Davos, qui débute le 27 janvier. Aucun chef d'Etat ou de gouvernement n'est attendu à Nairobi, contrairement à l'édition précédente au Venezuela lors de laquelle était intervenu le président Hugo Chavez. Seront tout de même présents deux lauréats du prix Nobel de la paix: Desmond Tutu, figure de proue de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, et la Kenyane Wangari Maathai. Principale puissance économique d'Afrique de l'Est et pôle de stabilité dans la région, le Kenya n'en est pas moins affecté par les problèmes qui rongent l'Afrique et qui seront au coeur des débats à Nairobi. Le sida a fait des ravages au sein de sa population et plus de la moitié de ses 35 millions d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour. Les organisateurs du FSM sont pour leur part confrontés à un casse-tête logistique pour loger l'ensemble des participants.