Au lendemain de violentes manifestations contre la présence militaire éthiopienne, plusieurs centaines de soldats des forces gouvernementales somaliennes se sont déployés hier dans les rues de Mogadiscio. « Environ 500 soldats des forces gouvernementales ont été déployés dans les rues », a déclaré hier un habitant de Mogadiscio. De source proche des services de sécurité, on indique qu'il s'agit de prévenir tout nouveau débordement. « La ville est calme, il n'y a aucun problème », a-t-on assuré, précisant toutefois qu'un islamiste avait été tué dans la nuit. « Nous ignorons s'il s'agit d'un assassinat ciblé ou s'il a été tué par des voyous (...). Ce n'était pas une personnalité de premier plan », a-t-on ajouté. La situation des combattants islamistes somaliens qui tentent d'échapper à la traque des forces éthiopiennes et somaliennes dans l'extrême sud semblait hier de plus en plus désespérée après la perte de l'un de leurs derniers refuges, à Ras Kamboni. « Nos forces, accompagnées de nos amis éthiopiens, ont complètement battu les derniers islamistes présents dans la zone frontalière (de Ras Kamboni). Les islamistes ne contrôlent plus rien (...). Les forces gouvernementales ont pris le contrôle de tout le pays », a affirmé le colonel somalien Abdulrasq Afgebub, joint par téléphone de Mogadiscio à Kismayo (Sud). Ras Kamboni est frontalier du Kenya, qui a fermé mercredi sa frontière terrestre avec la Somalie pour empêcher l'entrée de combattants islamistes et qui a renforcé ses patrouilles terrestres et aériennes. Les États-Unis semblent aussi très impliqués dans cette traque des islamistes qu'ils n'avaient pu chasser de Mogadiscio lorsqu'ils avaient soutenu une alliance de chefs de guerre. Des navires américains croisent actuellement au large des côtes, pour empêcher la fuite par la mer des chefs islamistes somaliens. Selon des services de renseignements occidentaux, des personnes recherchées pour les attentats meurtriers de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie auraient trouvé refuge en Somalie. Une lourde incertitude pèse ainsi sur Mogadiscio, secouée par plusieurs incidents samedi. Un jeune de 13 ans a été tué lors d'une manifestation antiéthiopienne, un ancien membre des tribunaux islamiques a été abattu et trois jeunes femmes blessées par une grenade. Hier soir, un combattant islamiste somalien a attaqué dans le sud de la capitale un camp des forces somaliennes et éthiopiennes, qui ont répliqué par des tirs nourris, provoquant la panique des habitants du quartier. Le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a quitté hier Addis Abeba avec la promesse du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi d'aider à la formation de l'armée somalienne, pour l'instant à l'état embryonnaire. La Somalie est en guerre civile depuis 1991. Au cours d'une offensive éclair de 12 jours, l'armée éthiopienne et les forces somaliennes ont mis en déroute les islamistes.