Le gel de l'aide américaine pour certains programmes clés de santé en Afrique du Sud a plongé plusieurs organisations sud-africaines dans la sidération. Et pour cause : les programmes de santé de la nation Arc-en-ciel comptent parmi les principaux bénéficiaires de l'aide internationale américaine fournie à travers l'Agence américaine pour le développement international (USAID). En effet, le Plan d'urgence du Président américain pour la lutte contre le sida (Pepfar), un programme de santé mondial lancé en 2003, a indiqué avoir fourni à l'Afrique du Sud environ 8 milliards de dollars (environ 145 milliards de rands), dont 440 millions de dollars pour l'exercice financier américain en cours. En Afrique du Sud, qui dépense environ 2,56 milliards de dollars par an pour la lutte contre le VIH, le financement du Pepfar s'est concentré sur les «lacunes difficiles à atteindre», telles que le soutien aux enfants et aux femmes enceintes. Environ la moitié des programmes de santé en Afrique du Sud reçoivent un financement de l'USAID, précise-t-on. Après que le Président américain, Donald Trump, a signé un décret imposant un gel de 90 jours de toute aide étrangère au développement en attendant un examen, l'Agence américaine a émis des avis de cessation de financement de programmes de santé clés en Afrique du Sud. Plusieurs organisations locales qui s'activent dans la lutte contre le sida ont déclaré avoir reçu des courriers électroniques annonçant la fin de leur financement. Lire aussi : Droits de douane américains: L'UE lance un dialogue stratégique sur l'acier Le gel des aides américaines a provoqué la consternation parmi les travailleurs de la santé, qui ont vivement critiqué le laxisme du gouvernement sud-africain. Certaines organisations comme l'Anova Health Institute, qui aidait le système de santé publique sud-africain à soigner la tuberculose et le VIH, ont perdu tout leur financement. «Le couperet est tombé et nous sommes passés des avis de suspension avec cessation de travail à un véritable licenciement», s'est indigné Mark Heywood, un militant pour la santé et les droits de l'homme. Pour sa part, Lynne Wilkinson, spécialiste de la santé publique, a déclaré : C'est l'ensemble du programme de lutte contre le VIH et la tuberculose qui risque de s'effondrer dans les établissements du secteur public en Afrique du Sud». Elle a expliqué qu'il avait fallu des décennies d'investissement pour mettre en place les systèmes qui ont permis aux partenaires de combler les lacunes de la stratégie de lutte contre le sida dans le pays. «Ces programmes sont en train d'être détruits. Des plans étaient prévus pour que les programmes des partenaires deviennent de plus en plus durables, afin que le ministère sud-africain de la Santé puisse en prendre la responsabilité au cours des cinq prochaines années», a déclaré Mme Wilkinson. L'aide américaine a également joué un rôle important dans les services de soutien aux survivantes de la violence basée sur le genre, comme en attestent certains experts. Linda-Gail Bekker, directrice opérationnelle de la Fondation Desmond Tutu, a déclaré que plus de 80 établissements qui fournissaient des soins post-violence à des dizaines de milliers de victimes vont ainsi disparaître. «Plus de 500.000 personnes supplémentaires pourraient mourir en dix ans à cause de l'arrêt des financements américains», a-t-elle mis en garde, identifiant plusieurs projets de recherche qui seraient affectés par la fin du financement de l'USAID. En effet, l'Afrique du Sud est l'un des pays les plus touchés par l'épidémie de VIH avec 7,4 millions d'adultes vivant avec la pandémie en 2023. Arriver à maintenir le financement de la prévention et des soins, notamment des traitements antiviraux, est un véritable défi pour la société sud-africaine. Sauf que les organisations sud-africaines ne sont pas les seules à être touchées par la réduction de leurs financements. L'Administration Trump a déclaré que l'USAID avait pris la décision finale d'annuler près de 5 800 subventions.