Des rebelles ont attaqué les forces gouvernementales somaliennes et leurs alliés éthiopiens à Mogadiscio, peu après le bombardement au mortier de l'avant-garde de la force africaine de maintien de la paix, tout juste débarquée dans la capitale somalienne. Une centaine d'insurgés s'est lancée à l'assaut d'une base gouvernementale située dans l'ancien QG de la Défense dans la zone industrielle de Mogadiscio, a rapporté un journaliste somalien. Les combats entre forces gouvernementales et rebelles ont duré près d'une heure. Au moins deux civils sont morts. "Il se battent à l'aide de lance-grenades et de mitrailleuses", a déclaré Anab Mohammed, pris entre deux feux dans un hôpital situé dans la zone des combats. Peu auparavant, plus d'une dizaine d'explosions ont retenti à l'aéroport international de Mogadiscio. On ignore si cette attaque a fait des victimes et si les bâtiments où s'étaient regroupés les quelque 350 soldats de l'armée ougandaise arrivés dans la journée ont été touchés. "La partie militaire de l'aéroport a été touchée. Mais nous ne pouvons pas franchir la ligne pour nous y rendre. Nous ignorons s'il y a des blessés", a précisé un journaliste travaillant pour un média somalien qui a vu les obus tomber. Un kilomètre sépare l'enceinte militaire de l'aéroport de Mogadiscio de son aile civile. MANQUE DE MOYENS Les soldats ougandais ont été transportés pour la plupart d'entre eux par l'armée de l'air algérienne. La semaine dernière, un premier détachement de 35 soldats ougandais était arrivé à Baïdoa, où siègent les institutions fédérales provisoires de Somalie. Ils sont les premiers membres d'une force internationale de maintien de la paix à se déployer dans Mogadiscio depuis l'échec des missions menées par l'Onu et les Etats-Unis dans les années 1990. "Nous sommes prêts à nous déployer et à défendre le peuple somalien", a déclaré le capitaine ougandais Paddy Ankunda, qui est l'un des porte-parole de la mission de l'UA. Les Ougandais forment l'avant-garde de la force africaine de maintien de la paix qui doit aider le gouvernement intérimaire de Somalie à rétablir l'ordre et la sécurité dans le pays. Le Nigeria, le Ghana, le Malawi et le Burundi ont également signalé leur intention d'y participer. Cette force, qui pourrait compter au final quelque 8.000 soldats, dont 1.600 Ougandais, doit remplacer les troupes éthiopiennes qui ont participé en décembre dernier avec les forces gouvernementales somaliennes à l'offensive victorieuse contre les milices islamiques qui tenaient Mogadiscio et l'essentiel du Sud somalien depuis juin. Mais comme au Darfour soudanais, l'UA est confrontée à un manque de moyens financiers et humains. "J'espère que nos partenaires nous aideront à surmonter les problèmes de financement et de logistique auxquels l'UA est confrontée", a déclaré Said Dijinit, commissaire africain chargé de la paix et de la sécurité. La situation reste très fragile en Somalie, et Mogadiscio est le théâtre d'attaques quotidiennes contre les forces gouvernementales et éthiopiennes. Les Ougandais se sont vu assigner la tâche particulièrement délicate de tenter de ramener le calme dans Mogadiscio, l'une des villes les plus dangereuses de la planète. "Notre mission n'est pas de nous battre, mais si la vie de nos troupes est mise en danger, elles auront le droit de riposter", a précisé Djinnit.